En fin de semaine dernière avait lieu à Québec le Conseil général du Bloc Québécois. Par la même occasion, le parti lançait ses festivités soulignant le 20e anniversaire de fondation du Bloc, une formation née dans la foulée de l'échec des accords du Lac Meech.
Plusieurs commentateurs d'affaires publiques s'interrogent encore sur la pertinence de ce parti à Ottawa. Certains porte-parole de la radio poubelle de Québec en profitent pour dénigrer le travail des bloquistes.
Le Bloc a émergé d'une crise constitutionnelle qui n'avait pas de précédent au Canada. Tous se souviendront de cette soirée sublime où Robert Bourassa nous avait fait vibrer de sa déclaration sur le destin du peuple québécois et de son droit à l'autodétermination.
Puis, de cet état d'urgence est né Lucien Bouchard, comme leader spontané et ponctuel de la Nation. Sans prédire l'avenir, tous s'entendaient à l'époque pour donner au Bloc un rôle de premier répondant. Ce parti aux allures parfois hétéroclites était devenu le véhicule d'urgence, voire l'ambulance du Québec à la Chambre des Communes.
Puis, les accords de Charlottetown ont sombré dans l'oubli. Lucien Bouchard est parti à Québec, et l'instabilité politique s'est installée au gouvernement fédéral. C'est sous le leadership de Gilles Duceppe, premier élu bloquiste à Ottawa il y a 20 ans, qu'un nouveau leadership s'est dessiné.
Moins à fleur de peau que son prédécesseur, mais exceptionnellement efficace pour les intérêts du Québec. Et quand je dis «Québec», je ne veux pas dire «Parti québécois». Car sous la gouverne de Gilles Duceppe, le Bloc ne s'est pas institué en succursale du PQ. Il est tout simplement le porte-parole de ce que nous sommes. La preuve ? Les combats menés par le Bloc, peu importe le parti qui forme le gouvernement à Québec.
Grâce au Bloc Québécois, nous avons un peu moins honte d'être Canadiens -surtout sous un gouvernement aussi borné que celui de Harper.
Les succès législatifs et politiques du Bloc s'engrangent de façon exceptionnelle pour le Québec: loi anti-gang (crime organisé), bataille du déséquilibre fiscal, gain concernant les congés parentaux, transfert en matière de financement de la santé, débat sur l'euthanasie assistée, position en faveur du droit des Palestiniens à retrouver leur pays volé par Israël, débat sur la nécessité d'adopter une politique environnementale qui n'est plus à la solde des pétrolières, bataille en faveur de notre industrie forestière et de la reconnaissance de nos travailleurs âgés, aujourd'hui laissés pour compte dans la crise manufacturière, l'assainissement des moeurs électorales dans la tourmente du scandale des commandites, et la reconnaissance du Québec comme formant une Nation au sein du Canada.
La grande qualité d'un parti comme le Bloc, c'est de s'adapter aux revendications de la société québécoise et de les débattre à Ottawa, tout en récoltant des gains impressionnants pour notre collectivité. La souveraineté n'est plus la cause première des bloquistes. Le Bloc représente
aujourd'hui ce véhicule utilitaire essentiel afin de montrer à l'autre pays que nous
existons et d'exiger notre différence. Un député dans une opposition aussi forte intellectuellement et aussi ouverte que le Bloc, ça n'a pas de prix pour le Québec. Impossible de nous en passer.
Plusieurs voient Gilles Duceppe à la tête du Parti québécois. Moi aussi. Mais ce n'est pas le moment. Laissons ce parti s'entre-déchirer dans des débats identitaires puérils et stériles. Parti devenu sectaire, le PQ a encore des croûtes à manger.
De l'utilité du Bloc Québécois
La grande qualité d'un parti comme le Bloc, c'est de s'adapter aux revendications de la société québécoise et de les débattre à Ottawa
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