La chronique de Stéphane Gendron

Que 2010 nous soit pénible!

Ti-Coune Gendron et la haine de soi


Voilà mon souhait le plus sincère pour la société québécoise. Quand j'étais plus jeune, j'avais été marqué par les propos du démographe Jacques Henripin qui prédisait l'effondrement de la population québécoise à moyen terme. Le thème avait été repris dans le film culte Le Déclin de l'Empire américain d'Arcand. Personne n'y a prêté attention à l'époque. Nous étions tous occupés à débattre de l'avenir constitutionnel du Québec et à nous créer collectivement toutes sortes de programmes sociaux.
Et bien nous voilà rendus au bord du gouffre. Et c'est tant mieux ainsi. Pendant que l'Ontario misait sur l'immigration et sur son développement économique, et remettait en cause le modèle désuet d'interventionnisme social-démocrate, sa population ne cessait de grim-per. Et bien voilà que l'Ontario défonce les 14 millions en terme de population et le Québec, lui, dans sa petitesse médiocre, va commencer sa chute libre au cours des prochaines années. Baby-boom? Mon oeil. La faible hausse des naissances des deux dernières années ne pourra freiner la chute draconienne de la population québécoise qui devrait s'abaisser à environ quatre millions au cours de la prochaine décennie. Et c'est de voir certains Québécois réclamer le gel de leur représentation à la Chambre des Communes! Pauvres insensés! Nous récoltons ce que nous avons semé: l'affaiblissement de notre poids politique.
Voilà le résultat de notre aveuglement volontaire. Voici aussi les conséquences de notre manque de vision.
NIVELLEMENT PAR LE BAS
Le Québec des structures. Le Québec des programmes. Le Québec avec le coeur sur la main. Le Québec incapable de mettre ses culottes et de résister aux lobbys. Le Québec pacifiste et à gauche de la gauche. Le Québec des racistes et des repliés sur eux-mêmes. Le Québec de la peur. Le Québec du nivellement par le bas. Le Québec des faux diplômes sans valeur. Le Québec des abuseurs de système. Le Québec des droits sans aucune obligation -- sauf celle d'aller à Cuba ou en Floride six mois par année ! Le Québec de l'absence de culture politique. Bref, le Québec de rien du tout et de l'humour à temps plein.
Faut-il s'étonner de cette fuite en avant vers le mur? Quand j'entends Pauline Marois nous chanter l'indépendance et François Legault nous dire que la souveraineté sera rentable financièrement, j'ai le goût de vomir. Quand je vois ces Québécois racistes blâmer l'Anglais et l'Autre (immigrant) pour sa propre turpitude, j'ai le goût de m'en aller en courant de cette Terre de désolation.
Je ne suis pas un fan de Jean Charest, mais s'il fallait que l'idée de revoir le rôle de l'État soit de nouveau à l'ordre du jour de son programme politique, nous ne pourrions que l'appuyer. Ni le PQ ni l'ADQ, ou ce qui en reste, n'ont l'idéologie ou le courage pour cette opération délicate. Nous avons passé le stade des consultations publiques. D'ailleurs, consulter au Québec se limite généralement à entendre les lobbys défiler les uns après les autres avec leurs doléances habituelles. Il faut rapidement revoir chacune des missions de l'État et sabrer dans ce qui n'est pas essentiel. Il s'agit de critères de décision qui doivent faire mal à tous, sans exception. Si nous avons le courage de survivre comme entité en Amérique du Nord, nous devrons passer d'une société de droits à une société d'obligations. Autrement, continuons à survivre aux soins palliatifs et que l'on crève au plus vite!


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