Non à la Commission d'enquête

Faut-il maintenant s'agenouiller (salive à la bouche) quand on veut se faire élire?

Les médias et les analystes de diverses tendances nous cassent les oreilles depuis des semaines avec l'urgence de tenir une commission d'enquête concernant la corruption dans l'industrie de la construction, les liens avec le crime organisé et la classe politique à tous les niveaux.
Pour nous dire quoi? Que le milieu est corrompu, et que celui-ci s'étend à une majorité de municipalités et de politiciens? Qu'on soit conseiller municipal, simple député ou ministre, nous sommes tous -- un jour ou l'autre -- confrontés à la corruption. On a alors le choix d'embarquer ou pas.
Dans tout ce débat, Charest a raison. Il est totalement inutile de procéder à une commission d'enquête, alors que la police connaît déjà les criminels en question et les modalités de fonctionnement du crime organisé en semblable matière. Pensez-vous sincèrement que les chefs de la mafia vont venir nous expliquer candidement devant les caméras les us et coutumes de leurs fréquentations? De plus, cette commission ne serait qu'un vaste exercice d'exhibitionnisme comme nous l'avions constaté lors de la Commission d'enquête sur l'effondrement du viaduc de la Concorde ou lors du scandale des commandites au niveau fédéral. 20 ou 30 millions plus tard, après avoir engraissé les avocats et les médias en mal de sensations et de potins, on finira par prendre le rapport de la Commission et le mettre sur une tablette pour que les historiens puissent savoir à quel point nous étions corrompus en ce début de XXIe siècle.
RÉFLÉCHIR À DES SOLUTIONS
Ce que Charest devrait faire-- et il n'est pas trop tard -- c'est de nommer Renaud Lachance, Vérificateur général du Québec, et le juge à la retraite John Gomery, afin de suggérer un ensemble de dispositions légales et administratives qui permettraient au gouvernement et aux municipalités du Québec de verrouiller le plus possible l'accès à la corruption. Qu'il s'agisse tout simplement d'un mandat spécial donné à ces deux hommes -- les deux seules personnes les plus crédibles de notre société actuelle -- afin de nous indiquer la marche à suivre. Pourquoi ces deux hommes? Parce que le Vérificateur général a l'opportunité de faire plus d'une fois la tournée des Ministères et d'en identifier les points faibles et les solutions de rechange. Lachance est nommé par l'Assemblée nationale, et son équipe a les compétences et l'indépendance nécessaire. Quant au juge à la retraite Gomery, celui-ci a la crédibilité pour pousser plus loin les questions souvent grises liées à l'éthique, y réfléchir et suggérer des méthodes afin de forcer l'éducation de nos élus.
CHACUN SON RÔLE
Le reste? Ça relève de la police. Que l'on sache le rôle d'une personne ou d'une compagnie dans le cadre d'un processus d'appel d'offres tronqué ne devrait pas faire l'objet d'une seule autre manchette dans les médias. Tout comme la présente campagne de vaccination où l'on voudrait blâmer le gouvernement pour un travail bien fait, tout ce cirque des médias n'est qu'une foutaise digne d'une télé-réalité bas de gamme. Les fonds de l'État et des contribuables n'ont pas à être mis au service de quelques journalistes assoiffés de jaunisme. Même si plusieurs intervenants réclament la tenue d'une Commission d'enquête, cette situation n'a pas à forcer la main à Jean Charest. La majorité, même celle composée de soi-disant experts, ne devrait pas influencer le chef de l'Exécutif lorsque vient le temps de décider.


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