PLC

L'absence de choix

Depuis cette nuit-là, le Parti Libéral du Canada n’aura plus la majorité des sièges au Québec

Élection fédérale du 2 mai 2011 - au Québec : une « insurrection électorale »

L'histoire débute dans la nuit du 4 novembre 1981 à l'Hôtel Château Laurier d'Ottawa. Cette nuit-là, le procureur général Jean Chrétien rencontre en secret dans la cuisine de l'hôtel neuf premiers ministres provinciaux. René Lévesque, le premier ministre du Québec est absent, puisqu'il loge dans un hôtel de Hull. Jean Chrétien met la touche finale du plan machiavélique de Pierre Trudeau en proposant une entente qui isolerait le Québec dans les négociations constitutionnelles. L'entente est conclue par tous, et au petit déjeuner elle est présenté à René Lévesque. Isolé, le premier ministre du Québec refuse de signer celle-ci et quitte l'hôtel. C'est ce que l'on appellera "la nuit des Longs Couteaux".
Le plan machiavélique de Trudeau avait pour but de briser "le Groupe des huit" premiers ministres (Ontario et Nouveau-Brunswick exclus) qui s'opposait à Trudeau sur l'inclusion d'une charte des droits dans la constitution et l'obtention d'un droit de veto sur les amendements constitutionnels. Pour y arriver, Trudeau proposa à René Lévesque, de rapatrier la Constitution, mais que celle-ci allait être modifiée selon les résultats d'un référendum national sur les points controversés. René Lévesque accepta la proposition de Trudeau. Trudeau fait une conférence de presse et annonce que le gouvernement fédéral s'était entendu avec le Québec pour rapatrier la Constitution. Les premiers ministres des autres provinces paniquent à l'idée que le Québec s'était négocié des avantages dans leurs dos. La coalition des huit premiers ministres venait de disparaître. Il ne restait plus qu'à offrir une entente qui isolerait le Québec. Jean Chrétien s'est chargé de la besogne en pleine nuit.
Le 25 novembre 1981, le gouvernement du Québec annonce qu'il utilisera son droit de veto que l'Acte de l'Amérique du Nord (Constitution de 1867) lui donne pour bloquer l'entente. Le 6 décembre suivant, la Cour suprême du Canada statue que le Québec n'a jamais eu ce droit. Depuis, aucun premier ministre québécois (René Lévesque, Robert Bourassa, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Jean Charest) n'a accepté de signer la Constitution de 1982. Une blessure profonde venait de naître dans l'opinion québécoise.
Depuis cette nuit-là, le Parti Libéral du Canada n'aura plus la majorité des sièges au Québec. Aux élections fédérales de 1984 et 1988, les Québécois ont optés pour "le beau risque" en donnant la majorité au Parti Conservateur. Mais suite à l'échec de l'Entente du Lac Meech, qui devait amener le Québec à signer dans l'honneur et l'enthousiasme la Constitution, les Québécois ont donné la majorité au Bloc Québécois depuis 1993. Mais sans projet souverainiste clair au Parti Québécois, se refusant de voter pour le PLC et le PC, les Québécois ont choisis cette fois le NPD. Car il n'y avait pas d'autre choix.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2011

    Si le fédéral se permet d'envahir progressivement les compétences provinciales, n'est-ce pas justement parce qu'il maîtrise la source de l'assiette fiscale même au Québec où on n'a jamais reconnu cette Constitution ?
    Puisque le Québec n'est toujours pas lié par cette Constitution il nous reste un choix justement et c'est celui-ci :
    - ou bien le gouvernement du Québec rapatrie la cueillette de tous les impôts des Québécois et inverse ainsi la source du partage de l'assiette fiscale,
    - ou bien les québécois refusent de payer l'impôt fédéral et acceptent de remonter jusqu'à la Cour Suprême pour faire valoir ce droit.