Un pont, une langue, une injure

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Pour une rare fois, nous sommes d'accord

Vous voulez savoir ce que je pense du pont Maurice-Richard et du discours tout en anglais de Philippe Couillard en Islande ?
Je vais vous arranger ça. J’offre même un spécial «deux pour un» aujourd’hui. Facile, car j’en pense la même chose:
Ça n’a pas la moindre allure. C’est tout aussi injustifiable qu’inacceptable.
Pourquoi changer ?
Comment peut-on accepter qu’un ministre fédéral, membre d’un gouvernement rejeté par la majorité des Québécois et à la lumière de préférences glanées lors de focus groups, décide de changer le nom d’un ouvrage emblématique de Montréal, du Québec, que dis-je de l’histoire du Canada au grand complet ? Ce n’est rien de moins que scandaleux.
Au nom de quelle démagogie ou de vision tordue de l’histoire a-t-on décidé que Champlain, le fondateur de la Nouvelle-France, le père de la nation, ne mérite plus que la voie royale entre la rive sud et l’île de Montréal rappelle son oeuvre ?
C’est le pont qui a atteint sa fin de vie utile. Pas son nom.
Pour justifier ce changement toponymique, le ministre Denis Lebel a dit que le nom Maurice Richard évoquait «travail et efficacité», de si belles valeurs conservatrices. C’est un peu court tant pour le Rocket, le héros de tout un peuple, que pour Champlain.
Traverser l’Atlantique nord plus de 30 fois, à bord de l’équivalent d’une grosse chaloupe d’aujourd’hui, pour fonder un pays neuf au 17e siècle, cela évoque quoi ? Une journée au spa ? Un cours de yoga ?
Nier la mémoire, c’est nier l’histoire.
Maurice Richard et Ahuntsic

Je n’ai rien contre Maurice Richard, bien au contraire. Il mérite plus que l’aréna miteux qui porte son nom.
Lui qui a vécu à Ahuntsic pendant plus de 30 ans, rien dans ce quartier, ni même la rue où il a habité – la rue Péloquin – n’évoque son plus célèbre et prestigieux citoyen. Et si on rebaptisait le pont Viau, le pont qui relie Ahuntsic à Laval, le pont Maurice-Richard ? Il y aurait au moins une concordance géographique et patrimoniale.
Non seulement le pont Champlain doit-il continuer de s’appeler le pont Champlain, il devrait porter le nom de pont Samuel-de-Champlain.
In English only
La performance in English only de Philippe Couillard en Islande est une tache sur la réputation d’un homme qui aspire à être reconnu comme un homme d’État québécois. (On est élu premier ministre mais sacré homme d’État. Peu y parviennent. Le dernier en titre au Québec, c’est Lucien Bouchard).
Même Stephen Harper commence tous ses discours à l’étranger en français, mais pas le premier ministre du Québec ? Et la raison qu’a donné monsieur Couillard ne tient pas la route. J’ai assez voyagé dans ma vie pour savoir que des tas de gens dans le monde ignorent que le Québec est francophone. En commençant par une bonne partie des Américains, nos voisins immédiats.
Prenez un taxi à Tulsa en Oklahoma, ou allez prendre le petit déjeuner dans un diner à Bismarck, la capitale du Dakota du nord, et les sceptiques seront confondus.
Doit-on, enfin, s’étonner que Philippe Couillard, député de Roberval, un être cultivé et féru d’histoire semble prêt à laisser au rustre ministre Denis Lebel, l’autre député de Roberval, la décision de débaptiser le pont Champlain au profit de Maurice Richard ? Lui dont l’ancêtre Guillaume Couillard est arrivé en Nouvelle-France avec Samuel de Champlain en 1613 ?
Nier l’histoire, c’est nier la mémoire.
Coudonc’, quelqu’un a-t-il mis un hallucinogène dans l’eau potable ? Est-ce que j’hallucine ou rien de tout cela ne tient debout ?


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