Louise Mailloux: Qui veut faire taire qui ?

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Lise Ravary rides again !

Il y a quelque chose de très dérangeant quand un grand parti politique, encore au pouvoir il y a quelques semaines, met tout son poids pour contrer la poursuite en diffamation d’une jeune femme de 25 ans, qui s’estime lésée par les propos d’une candidate défaite aux élections provinciales, par un blogueur et par un site souverainiste qui n’hésitent pas à patauger dans la fange de l’intolérance.
Je parle de la poursuite lancée par Dalila Awada contre Louise Mailloux, le blogueur Philippe Magnan de Poste de Veille et Vigile.net qui auraient colporté des faussetés au sujet de la jeune femme, l’accusant d’être à la solde de réseaux islamistes. Ce qu’elle nie.
Au nom de quelle lecture fantasmagorique du droit un individu n’aurait pas le droit de chercher à rétablir sa réputation et obtenir compensation pour le tort qu’il estime lui a été fait ? Surtout que dans ce cas précis, si elle gagne, et après le paiement de ses frais d’avocats, Dalila Awada a promis de verser toutes sommes reçues à la Fondation Paroles de femmes qui défend la liberté d’expression. On ne peut donc parler de gain personnel.
Des frais qui seront minimes car la firme Goldwater Dubé a accepté de défendre Mlle Awada pro bono.
Stupide et farfelu
Poursuite-bâillon allègue-t-on au Parti Québécois. Foutaise. Une poursuite-baillon c’est quand un grand organisme ou entreprise aux coffres bien garnis tentent d’écraser un mouvement de contestation en faisant taire des militants sans ressources. Genre Pétrolière X c. Militant pour l’écologie Y.
Tout récemment, le tribunal québécois a tranché que la poursuite d’Eddy Savoie des Résidences Soleil, un monsieur très riche, contre la fille d’une résidente qui se plaignait de mauvais traitements reçus par sa mère, constituait une poursuite bâillon. Avec raison. M. Savoie a perdu.
Que Dalila Awada, qu’on l’aime ou non, cherche à laver sa réputation, n’est pas une poursuite bâillon.
Certains vont même plus loin : Dans un communiqué de presse, le regroupement Les amis de Louise Mailloux a qualifié la poursuite en diffamation de «djihad juridique» visant à faire taire des citoyens en faveur de la laïcité.
J’ai rarement lu quelque chose d’aussi farfelu et stupide de ma vie.
Il est tout à fait exact que des groupes musulmans radicaux ont tenté dans le passé, par la voie des tribunaux, de museler des auteurs, chroniqueurs et médias d’information. La cause la plus célèbre a opposé le magazine Maclean’s et son journaliste Mark Steyn à la Canadian Islamic Congress qui avait déposé une plainte au tribunal des droits de la personne de la Colombie-britannique en 2008 pour islamophobie. Le CIC a perdu.
Rien, mais alors rien à voir avec la poursuite de Dalila Awada pour diffamation. Et non pas pour islamophie. Dalila veut laver sa réputation, pas empêcher la critique de l’Islam. Rien dans la poursuite n’indique que sa démarche comporte un volet idéologique. Quel univers alternatif Les amis de Louise Mailloux habitent-ils ?
La vérité doit émerger
Ce n’est pas un combat pour la liberté d’expression mais un combat pour la vérité au sujet de Dalila Awada. Et que cesse l’intimidation à son égard. Un de ses amis, Me Frédéric Bérard, auteur de l’essai La Fin de l’État de droit, me racontait quelqu’un a déjà demandé la jeune étudiante pendant un cocktail: «Toi, c’est ton père ou ton frère qui te bat ?»
Mais au-delà des injures auxquelles Dalila Awada est exposée sur une base quasi quotidienne, le soutien du PQ à Louise Mailloux soulève un questionnement sur la compréhension qu’a le parti du rôle du politique dans le juridique. Me Anne-France Goldwater, avocate de Dalila Awada, l’a souligné hier dans un communiqué incisif : «Il est déplacé pour des instances politiques de se mêler d’une cause privée. Dans une démocratie constitutionnelle, il y a une séparation des pouvoirs et le législateur ne peut interférer avec la justice.» En effet.
Quand le Conseil national des présidentes et présidents du Parti Québécois vote une motion de soutien envers l’ex-candidate Louise Mailloux poursuivie pour diffamation, on peut se poser la question : Qui essaie de bâillonner qui dans cette histoire ?


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