Un changement compréhensible

Le "ni-ni" exigeait un équilibrage qui, depuis des années, ne correspond pas à l'image que la France veut projeter au Canada et à l'étranger

France-Québec : fin du "ni-ni"?


Le président Sarkozy a décidé de ne plus utiliser la formule concoctée par Alain Peyrefitte pour décrire la position du gouvernement français à l'égard du Québec et du Canada. Cette formule, "non-ingérence, non-indifférence", sera remplacée par une autre qu'on ne connaît pas encore. Il fallait s'y attendre. La vieille formule exigeait un équilibrage qui, depuis des années, ne correspond pas à l'image que la France veut projeter au Canada et à l'étranger.
Quelques ténors souverainistes expriment leur désaccord. Ils ne semblent pas vouloir accepter que les changements profonds qui se sont produits dans les relations de la France avec le reste du Canada, au cours des 30 dernières années, puissent nécessiter des expressions différentes pour les décrire. Ils voudraient, semble-t-il, que la France les aide dans leur démarche vers l'indépendance même si l'appui à la souveraineté diminue au Québec. Les intentions du président Sarkozy sont pourtant faciles à expliquer: elles ne font que refléter l'évolution de nos relations.
Durant une longue période, les investissements français étaient concentrés au Québec. Ils sont maintenant importants dans tout le Canada, principalement en Ontario et dans l'Ouest. Depuis que la compagnie française Alcatel a acheté Newbridge Networks pour environ 10 milliards de dollars canadiens, en l'an 2000, le principal investissement français au Canada se retrouve maintenant en Ontario, à Ottawa.
Sur la scène internationale, les relations Canada-France sont devenues très étroites. Nos deux pays ont refusé de participer à la guerre en Irak. La France enverra bientôt quelque 800 soldats en Afghanistan. Nous avons travaillé ensemble pour obtenir un statut privilégié pour les produits culturels. Nos pays sont presque toujours sur la même longueur d'onde aux Nations unies. ()
Une constante demeure: le Québec est la seule entité au monde en dehors de la France où la majorité de la population est d'origine française. Cela assure des liens privilégiés et amicaux. Quand on y ajoute les liens culturels, économiques, académiques et autres, il est évident que la France voudra continuer à avoir des relations étroites avec le Québec tout en désirant qu'elles soient en harmonie avec celles qu'elle a développées avec le Canada tout entier. ()
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Roy, Jacques
L'auteur est un ancien ambassadeur du Canada en France.

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Jacques Roy2 articles

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L’auteur est professeur au cégep de Sainte-Foy et membre-chercheur à l’Observatoire Jeunes et Société de l’INRS.





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