Affirmons d'emblée : le naufrage des projets immobiliers de l'UQAM
n'est pas dû aux professeur-e-s, chargé-e-s de cours, employé-e-s et
étudiant-e-s. Le naufrage financier causé par les projets de l'îlot
voyageur et du complexe des sciences est le résultat direct d'un
sous-financement chronique de notre système d'éducation en général et du
réseau universitaire en particulier.
Loin de nous l'idée de justifier les projets téméraires et fautifs du
précédent recteur Roch Denis. À cet égard, il faut rappeler que les seuls
acteurs s'étant opposés à ces projets, sont ceux maintenant pourfendus par
la Ministre Courchesne.
Ce qui a conduit l'UQAM au naufrage est un conseil d'administration qui
n'a pas administré, un comité de vérification qui n'a pas vérifié. Ce qui a
conduit l'UQAM au naufrage ce sont les politiques de notre présent
gouvernement. Ce qui a conduit l'UQAM au naufrage est l'équipage du
capitaine Charest qui a gouverné, toutes voiles dehors, vers le « nirvana »
des partenariats publics-privés.
Ce qui a conduit l'UQAM au naufrage est
une Ministre qui au printemps dernier, après des mois d'inaction et de
chantage à l'égard de cette institution publique, bateau amiral des
institutions du savoir dont s'est doté le Québec contemporain, promet
d'agir pour la rentrée scolaire et laisse ensuite languir, une fois de
plus, notre communauté universitaire. Le cynisme de la ministre
Courchesne, dans les circonstances, est un scandale à la mesure du fiasco
qui l'inspire.
Rappelons que cette situation perdure maintenant depuis plus
d'un an. Rappelons également, que pendant ce temps, les mêmes contribuables
que la ministre Courchesne affirme prendre vertueusement la défense, payent
chaque jour, par leurs contributions fiscales, les intérêts des prêts
nécessaires pour compenser les deniers qu'elle retient. Rappelons
finalement que l'UQAM est l'université la moins financée du réseau
universitaire québécois.
Aujourd'hui, la Ministre Courchesne, dans un élan de révisionnisme
historique, veut faire porter à la communauté universitaire, la casquette
du capitaine qui a conduit l'UQAM vers les récifs. Elle prétend que pour
redresser le navire, il faut nous chasser du pont. À la cale les irritants
matelots qui ont osé pointer les dangers qui maintenant nous assaillent !
Voudriez-vous, par hasard, vous réserver pour vous seul un canot de
sauvetage afin de nous regarder couler bien confortablement assise sur la
plage ? Si vous comptez sur notre silence pour la réussite de votre vilaine
entreprise, vous serez bien déçue !
L'autonomie c'est la tutelle
Prenant pour prétexte une situation aussi déplorable que celle de l'UQAM,
la ministre prétend que nos institutions seraient mieux gérées entre les
mains de membres externes, peu informés des enjeux propres à chacune des
institutions. Cette affirmation nous semble renversante. S'appuyant sur le
« Rapport du groupe de travail sur la gouvernance des universités du Québec
» énonçant douze principes de gouvernance, la ministre veut imposer les
préjugés qu'elle entretient à propos de la saine gestion, et cela, au nom
de l'autonomie.
Soulignons, à cet égard, quatre idées présentes dans le
projet de réforme de la ministre :
• Formation de conseils d'administration composés majoritairement de
membres indépendants (principe 5).
Ces membres provenant de l'entreprise privée seraient, selon elle, par
essence, plus responsable. Ces membres externes seraient plus aptes à
prendre des décisions respectant les intérêts de l'ensemble de la
collectivité. La ministre semble oublier plusieurs scandales financiers,
citons quelques exemples pour lui rafraichir la mémoire : Enron, Norbourg,
Nortel, etc. Si ces exemples sont insuffisants, la crise financière chez
nos voisins du sud saurait peut-être la convaincre…
• Mise en place de trois comités du conseil, soit le comité de
vérification, le comité de ressources humaines et le comité de gouvernance
et d'éthique (principe 8).
Bonnes idées ! Ces comités existent déjà dans la plupart des institutions.
Ils devront cependant, à l'avenir, faire leur travail et cela, n'est
nullement garantit par la présence mensuelle de membres externes.
La transparence c'est le huit clos
• Reddition de comptes complète et transparente (principe 12).
Pour atteindre la transparence, les observateurs de la communauté
universitaire devraient être exclus du conseil d'administration ! Rappelons
encore une fois à la ministre que ce sont ces mêmes observateurs qui ont
sonné, les premiers, l'alarme à propos des projets servant maintenant de
prétexte à la ministre pour arrimer les universités au modèle privé de
gestion.
La démocratie c'est la désignation
• La sélection d'un recteur perçu comme légitime et crédible
(principe 11).
Contrairement au modèle en place à l'UQAM, la ministre suggère qu'un
recteur nommé par le conseil d'administration serait plus légitime qu'un
recteur élu par la communauté universitaire. La ministre laisse entendre
que le processus électoral décourage les meilleures candidatures. Cette
affirmation nous semble particulièrement ironique provenant d'une élue !
De fait, plusieurs intervenants provenant de divers milieux ont exprimé
leurs réticences ou leur franche opposition au projet de la ministre.
Malgré les apparences, soulignons que, pour notre part, nous sommes ouverts
à des solutions novatrices. Après mûr réflexion et houleux débats, nous
convenons que cette saugrenue réforme semble, à certains égards, plutôt
intéressante. C'est ainsi que nous vous proposons le marché suivant :
• Compte tenu de votre incapacité de mettre fin au sous-financement
des institutions universitaires ;
• Compte tenu des nombreux problèmes liés à la construction du CHUM
;
• Compte tenu de votre incapacité à juguler les nombreux
dépassements de coûts, observés au cours des dernières années, dans les
projets émanant du gouvernement ;
• Compte tenu de votre désir d'améliorer la gestion des finances
publiques ;
• Compte tenu que vous croyez au modèle de l'entreprise privée pour
la gestion des affaires publiques ;
Nous vous suggérons le coup de barre suivant :
Nous vous suggérons la nomination d'un c.a. pour gérer les affaires du
MELS. Ce conseil serait composé majoritairement de membres externes, soit :
des professeur-e-s, des chargé-e-s de cours, des employé-e-, des
étudiant-e-s et des citoyen-ne-s. Prenant, comme vous, la question de la
légitimité au sérieux, ce conseil d'administration nommerait, suite à un
processus d'appel de candidature rigoureux, un ou une nouvelle ministre de
l'éducation du loisir et du sport. Comme la transparence est un autre des
dossiers qui vous préoccupe, nous vous ferons parvenir les procès-verbaux
de ce conseil ainsi que les nouvelles directives qui devront être ensuite
appliquée. Nous sommes désolés, comme vous probablement, d'être obligés
d'opter pour cette nomination pour un ou une député-e élue, mais ce sont
malheureusement les aléas, « manquant de légitimité et inefficaces », de la
démocratie. Jusqu'à une prochaine réforme ou un prochain bâillon nous
présumons…
***
Eric Demers
Président par intérim
Syndicat des Étudiant-e-s Employé-e-s de l'UQAM (SÉtuE)
Le naufrage des projets immobiliers de l'UQAM
Un C.A. pour le MELS
Tribune libre 2008
Éric Demers2 articles
Président par intérim
Syndicat des Étudiant-e-s Employé-e-s de l'UQAM (SÉtuE) :
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