Un bon gouvernement et un... référendum

Québec 2007 - Parti Québécois


par Tommy Chouinard - Malgré l'obligation contenue dans son programme politique de présenter un «projet de pays» à l'occasion des élections générales, le chef du Parti québécois, André Boisclair, a dévoilé hier une plateforme électorale dont les engagements peuvent se réaliser même si le Québec demeure une province.
Le leader péquiste s'est défait de quelques obligations contraignantes au sujet de la souveraineté prévues dans le programme de son parti, adopté il y a moins de deux ans. Plutôt que de dessiner comme prévu les contours de ce que serait un Québec souverain, André Boisclair a décidé d'inscrire dans sa plateforme les promesses d'un gouvernement provincial.
Malgré tout, le chef péquiste l'a dit et même répété : il entend «tenir un référendum».
S'il est élu, le PQ compte réinvestir 400 millions de dollars dans les cégeps et les universités, et 450 millions supplémentaires dans les soins à domicile.
«Nous proposons un gouvernement qui sera responsable, a lancé André Boisclair à ses militants réunis en conseil général à Laval. Il faut reconstruire la confiance des Québécois après quatre ans de promesses rompues. Ce que nous proposons en campagne, on va le réaliser après notre élection.»
Selon les termes de sa plateforme, le PQ «est résolu à tenir une consultation populaire sur la souveraineté le plus tôt possible durant son premier mandat». Le mot «référendum» ne figure pas dans la plateforme - ce qui a outré Jean Charest - mais l'expression «agenda référendaire» s'y trouve.
Dans son discours, André Boisclair a utilisé le mot «référendum», insistant sur sa détermination à en tenir un. «Est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec qui doute de notre désir de faire un référendum sur la souveraineté?» a-t-il demandé en conférence de presse. Le changement de langage dans la plateforme est justifiable selon lui par le fait que la loi qui encadre les référendums s'intitule Loi sur les consultations populaires.
Le chef du PQ a assuré que les engagements prévus dans la plateforme peuvent être réalisés si le Québec demeure une province, donc «à même les moyens dont on dispose». Or, le programme politique du PQ prévoit que la plateforme doit proposer beaucoup plus d'engagements relatifs à la souveraineté afin d'en faire «l'enjeu» de la campagne électorale.
Il exige par exemple d'inclure des politiques nationales sur la santé, l'éducation et la culture qui seraient en vigueur dans un Québec souverain, le tout afin de définir plus précisément ce que serait le pays. «La formulation de politiques nationales pour le pays, dépassant la seule gouverne provinciale, s'avère essentielle pour rendre concret le projet de pays et permettre d'énoncer des engagements électoraux pour le pays. Ce projet de pays sera l'enjeu de la prochaine élection», souligne le document, précisant que les politiques en question doivent être diffusées avant le scrutin.
André Boisclair a abandonné cette idée. «Quand je vois l'appui unanime qui a été donné à notre conseil national spécial, je comprends que les militants sont satisfaits de la démarche», a-t-il dit.
La plateforme, appelée «feuille de route», a été adoptée hier à l'unanimité, sans aucun débat. Quatre de ses 24 pages traitent de souveraineté. On y propose notamment la création de «forums» dans toutes les régions pour échanger sur le projet indépendantiste.
La «feuille de route» incarne la volonté du chef de «soulager le capital», car elle propose notamment l'abolition de la taxe sur le capital pour toutes les entreprises sauf celles du secteur financier. Mais le PQ fait aussi un clin d'oeil à son aile gauche en s'engageant à indexer pleinement les prestations des assistés sociaux aptes au travail.
Pour les familles, le PQ promet de créer 20 000 places additionnelles dans les CPE, tout en maintenant le tarif à 7 $ par jour. Mais il renonce à promettre la semaine de quatre jours comme il l'avait fait en 2003.
Un gouvernement péquiste ne baisserait pas les impôts, à moins qu'il y ait une forte croissance économique (croissance réelle du PIB plus élevée que 2,5 %). S'il est élu, le PQ entend maintenir le gel des droits de scolarité, mais il n'encadrera pas les frais afférents, qui ont explosé dans les dernières années.
En santé, un gouvernement péquiste ferait porter à 300 le nombre de groupes de médecins de famille, en plus d'embaucher davantage d'infirmières. Le PQ entend garantir à tout Québécois «l'accès à une chirurgie à l'intérieur de délais vraiment acceptables sur le plan médical».
Au chapitre de l'environnement, le PQ propose l'instauration d'un crédit d'impôt remboursable pour les laissez-passer de transport en commun. Il promet de réduire de 10 % en cinq ans et de 20 % en 10 ans la consommation globale de produits pétroliers.
Les engagements du PQ s'élèvent au total à 3,5 milliards par année à terme. Le PLQ, lui, chiffre ses engagements à 4,5 milliards. «Jean Charest conduit les Québécois à de nouvelles promesses non tenues», a conclu André Boisclair.


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