Trudeau a déjà été plus arrogant

B52ec1e67470a6aea45095ffeb8c0a55

Le PLC demeure un parti centralisateur qui méprise le Québec



L’élection fédérale à venir dans 10 mois a déjà un mérite : forcer Justin Trudeau à dissimuler son arrogance à l’égard du Québec.




Hier, au terme de son caucus, il esquivait systématiquement les questions sur les demandes de François Legault en se réfugiant derrière ses formules creuses préférées : « On va continuer de discuter », « on va continuer à travailler »...




En mai, après que tous les partis à l’Assemblée nationale s’entendirent pour adopter cette motion : « Que l’Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec et au gouvernement fédéral la mise en place d’un rapport d’impôt unique, transmis à Revenu Québec, pour tous les contribuables québécois »... M. Trudeau avait choisi de se moquer : « Il y a eu unanimité à l’Assemblée nationale ? Mon Dieu, ça n’arrive jamais, ça ! »




On imagine très mal M. Trudeau user d’une telle ironie grinçante envers l’expression unanime des représentants de quelque autre groupe, communauté, nation, que ce soit.




Mais pour la nation québécoise, il ne montrait que peu de retenue. De toute façon, ajoutait-il (toujours en mai 2018) : « Le Québec a déjà beaucoup de contrôle sur l’immigration, sur la langue, sur la culture ».




À Sherbrooke cette semaine, il n’a surtout pas répété cette fin de non-recevoir, lorsque le premier ministre Legault lui a réitéré la demande d’une déclaration de revenus unique.




C’est l’« effet élection », évidemment. M. Trudeau a absolument besoin de l’appui massif des électeurs québécois pour rester au pouvoir le 21 octobre 2019.




Souvenirs de 2015




Mais revenons un peu plus loin, en 2015. M. Trudeau s’était alors montré plutôt ouvert aux demandes formulées par le premier ministre d’alors, Philippe Couillard. Il alla jusqu’à lui écrire une missive, le 21 août, quelques semaines avant l’élection.




Le chef libéral fédéral était encore plus enthousiaste à l’égard de son homologue québécois puisque ce dernier avait fait preuve, insistait-il, d’un « engagement indéfectible à l’égard du Canada et du fédéralisme canadien ». (M. Trudeau n’en dirait sûrement pas autant de M. Legault aujourd’hui !)




Dans sa lettre de 2015, Justin Trudeau promettait, s’il accédait au pouvoir, d’établir « un vrai partenariat entre le gouvernement fédéral et les provinces, et une vision fédérale qui respecte les compétences du Québec ».




Naturel centralisateur




Quelque quatre ans plus tard, on peut pointer plusieurs sujets où le naturel du Parti libéral du Canada, soit la conception centralisatrice, est revenu au galop.




Même le gouvernement Couillard, qui a tout fait pendant son mandat pour éviter les chicanes avec Ottawa – au risque d’abandonner certains éléments clés de la défense des intérêts du Québec –, n’a pu, dans ses dernières années, s’empêcher de protester.




L’apôtre de la bonne entente absolue, Jean-Marc Fournier, ministre des Relations canadiennes à Québec, a dû se résigner à protester contre plusieurs décisions d’Ottawa.




Notamment : la création d’un organisme pancanadien de régulation des valeurs mobilières ; la redéfinition des processus d’évaluation environnementale donnant préséance à Ottawa ; l’achat d’un oléoduc afin de passer outre la volonté d’une province ; la volonté du gouvernement Trudeau d’empêcher les provinces d’interdire la culture du cannabis à la maison.




Cela sans compter le souverain mépris avec lequel Justin Trudeau a accueilli la timide et nuancée Politique d’affirmation Couillard-Fournier : il l’a rejetée d’emblée sans même la lire.




Début 2019, la donne a changé. Trudeau est en campagne préélectorale et fait face à des partis, les conservateurs et le NPD, prêts à faire des pas pour respecter la nation québécoise et concrétiser le fédéralisme asymétrique depuis longtemps promis aux Québécois.




Les demandes du nouveau premier ministre québécois, claires, concrètes, ne peuvent plus être rejetées de manière facile, comme jadis, en les désignant comme des simples revendications de séparatistes ne cherchant au fond qu’à mettre le « couteau sous la gorge » d’Ottawa et du ROC.




Vaut mieux éviter l’arrogance dans ce contexte.





Le carnet de la semaine




QUÉBEC-FRANCE « STRATÉGIQUE »








François Legault effectuera sa première mission en France la semaine prochaine. Qui dit nouveau gouvernement dit évidemment nouveau vocabulaire. Jadis — depuis la déclaration du général de Gaulle au moins —, on disait que la relation était « directe et privilégiée ». Or, dans un communiqué émis vendredi, le gouvernement Legault parle du « caractère unique et stratégique de la relation franco-québécoise ». Comment interpréter cette évolution ?




TALK SHOW À L’ASSNAT ?









La carrière télévisuelle passée du président de l’Assemblée nationale François Paradis fait beaucoup jaser. Lui-même s’en est amusé dès ses premières minutes sur le trône. Une rumeur inquiète toutefois certains élus : M. Paradis songerait à imposer au canal parlementaire une formule « talk show » ! D’accord pour moderniser la télédiffusion, dit-on, mais non à une émission du type « Bleu salon », nous a-t-on confié discrètement. Avez-vous des suggestions ? antoine.robitaille@quebecormedia.com




ANGLADE.CA








On savait Dominique Anglade très intéressée par la chefferie du Parti libéral. Ça n’a jamais autant paru que dans le site web dominiqueanglade.ca. On y trouve un bouton « Je m’implique » et, quand on clique dessus, un autre apparaît : « J’appuie Dominique » ! Dans son entourage, on jure (avec un sourire) que ce n’est pas un site de campagne à la chefferie. Tout en admettant que ça puisse facilement le devenir, en temps voulu...





La citation de la semaine





« Il est maintenant temps de passer à l’action »




– François Legault, premier ministre du Québec, impatient que le gouvernement fédéral réponde à ses demandes