TQS: la solution du «Q»

Quand on veut tuer son chien...


La décision des futurs propriétaires du réseau TQS de «scrapper», le mot est approprié, les salles de rédaction pour réduire les coûts a provoqué une véritable onde de choc, surtout en région, où le Mouton noir joue un rôle essentiel.

L'Assemblée nationale a donc adopté une motion unanime pour que le gouvernement du Québec enjoigne au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications, le CRTC, de forcer TQS à maintenir ses salles de rédaction. Mais la chef du PQ, Pauline Marois, a choisi une autre bataille. Entourée de tous ses députés, elle a réclamé que le Québec rapatrie les pleins pouvoirs en matière de communications et crée un organisme réglementaire québécois, le CRTQ.
Le PQ envoie un très mauvais message, celui d'un parti qui reprend sans cesse les mêmes disques usés, au point de sombrer dans le radotage. Un peu comme l'Église catholique qui ne parle que de sexe et de reproduction, le PQ ramène tout à la Constitution et aux relations fédérales-provinciales. Cela donne l'impression que le PQ est plus intéressé par sa croisade que par la recherche de solutions concrètes, qu'il veut toujours éduquer les Québécois, au lieu de les aider.
En soi, il y a une logique à ce que le Québec contrôle la radio et la télé, parce que la culture, sur le plan constitutionnel, relève des provinces, et qu'elle a une importance stratégique dans le cas du Québec. Mais la création d'un CRTQ, ce qui pourrait prendre des années, n'aiderait en rien à résoudre le problème immédiat, celui de salles de rédaction qui vont fermer très bientôt.
Ce qui est encore plus agaçant, c'est la pensée magique. L'idée qu'en remplaçant un C par un Q, on règlerait plus facilement les problèmes. Rien n'est moins évident. Un éventuel CRTQ serait sans doute, lui aussi, un organisme quasi judiciaire, indépendant du pouvoir, qui ne serait pas une courroie de transmission de l'Assemblée nationale. Il prendrait des décisions en tenant compte des mêmes paramètres et avec les mêmes contraintes que le CRTC.
Le problème de TQS n'est pas unique au Québec. L'avenir de l'information locale se pose dans les mêmes termes aux États-Unis et ailleurs au Canada. La fragmentation des auditoires avec l'arrivée des chaînes spécialisées affecte les cotes d'écoute des chaînes généralistes, réduit leur rentabilité, et les pousse à couper. La cible classique, c'est l'information locale, avec des effets dramatiques pour les villes éloignées des grands centres, que ce soit Saskatoon ou Chicoutimi.
Que faut-il faire? Les voix qui s'élèvent semblent privilégier la coercition et la punition. Il est vrai qu'en abandonnant l'information, TQS cesse d'être une station généraliste pour devenir une espèce de chaîne spécialisée dans le divertissement grand public. TQS cesse aussi d'être un réseau. Il est alors logique de conclure que si elle suit cette voie, TQS ne devrait plus avoir droit aux privilèges d'une chaîne généraliste, comme l'accès à la publicité locale. Et que le CRTC devrait la forcer à maintenir ses salles de rédaction. C'est noble, c'est logique, mais c'est simpliste.
Parce qu'il est également vrai que TQS est en faillite. Et qu'elle ne peut pas survivre si ses nouveaux propriétaires font la même chose que leurs prédécesseurs. Il faut un virage majeur. Et si on tente d'imposer le maintien des salles de rédaction, il est possible que TQS ne soit pas viable, qu'il n'y ait pas de transaction, pas de relance, et plus de TQS. Il y aurait de toute façon fermeture des salles de rédaction et deux fois plus de mises à pied.
C'est avec ça que doit jongler l'organisme réglementaire, avec un C ou avec un Q. Et la solution n'est pas constitutionnelle. Elle passe sans doute par une nouvelle forme le financement des chaînes généralistes, pour tenir compte de leurs obligations en information. Cela ouvre le dossier des redevances des câblodistributeurs, pour que les chaînes généralistes aient aussi accès, comme les chaînes spécialisées, à un pourcentage de ce que versent les abonnés du câble. Mais ce n'est pas un dossier simple.
Quant à la création d'un CRTQ, c'est une vieille revendication québécoise. Mais la question ne peut plus se poser dans les mêmes termes qu'avant. Il y a eu une explosion des communications. Les organismes réglementaires ont moins de pouvoirs et moins de pertinence. Et même si on peut comprendre que le Québec veuille intervenir en culture, il est de plus en plus difficile de départager les aspects culturels, technologiques et économiques. Il serait maintenant aberrant de fragmenter les juridictions en télécommunications. Bref, avant de se lancer dans la bataille, il faudra refaire ses devoirs.


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