Tétrault, fiction sur une étrange candidature

21a12e3f8d59294ddb41dab958580bc0

La réalité dépasse souvent la fiction





Après une décision étrange prise par une entreprise, un organisme, un parti politique, etc., je m’amuse souvent à imaginer la réunion où elle a été présentée et où on en a discuté.


Tentons l’exercice pour le cas de la candidature d’Éric Tétrault dans Louis-Hébert pour le Parti libéral du Québec.


Voici donc un peu de fiction à propos de ce moment où, dans les officines libérales, un représentant du bureau du premier ministre a annoncé le choix de Tétrault à l’exécutif de comté.


Éric qui ?


— Pour remplacer Sam [Hamad], on va présenter Éric Tétrault.


Réaction d’un membre de l’exécutif : « C’est qui déjà ? »


Le représentant du PM répond : « Président de Manufacturiers et Exportateurs du Québec. »


Les membres de l’exécutif s’exclament en chœur : « Oh, une candidature économique, formidable ! » L’un d’entre eux demande : « Et, qu’a-t-il fait dans le passé ?


— Journaliste.


— Oh ! on peut lui faire confiance ? Ça peut être des électrons libres...


— Moins que les anciennes polices ! Et Tétrault, lui, est devenu un bon libéral. Tant à Ottawa qu’à Québec.


— Il a travaillé avec qui ?


— Alfonso Gagliano.


— Hein ? Le ministre libéral scandale des commandites ! Ça nous fera pas mal, ça ?


— Les commandites, ça commence à être bien loin. Et si la question est soulevée, Éric va expliquer qu’il n’était que porte-parole.


— Ah oui, parfait. À part ça ?


— Il a de l’expérience au municipal, a travaillé à Terrebonne.


— Quand ?


— Dans l’administration Robitaille.


— Connais pas. Attendez, je google. Voilà... Journal de Montréal, octobre 2016 : « Pots-de-vin... en échange de contrats, voyages de luxe... aux frais des entrepreneurs... le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille et sa garde rapprochée ont baigné dans la corruption pendant plus d’une décennie, allègue la police. » Heye, ça nous fera pas mal, ça ?


— Non, on a déjà écrit la réponse d’Éric : « J’ai travaillé aux relations institutionnelles à la Ville de Terrebonne. Si, aux yeux des autorités, il y a des gens qui ont pu commettre des gestes qui devraient être sanctionnés, les autorités auront à agir et feront leur travail. »


— Excellent ! D’autres expériences ?


— Oui, Éric a été directeur de cabinet de Jacques Dupuis, grand ami de Pierre Moreau. Il a été directeur des « com » de Charest de 2008 à 2010.


— Heye, depuis 2014, notre chef fait tout pour ne pas être associé à cette époque. Il dénonce toujours ceux qui veulent le ramener « dans le passé ». Il a viré Sam pour ses liaisons dangereuses.


— Le chef a une bonne réponse pour ça : il ne faut pas faire de la culpabilité par association. Et il y avait du bon monde à l’ère Charest. Lui par exemple.


L’Économie d’abord


— C’est bien vrai. Ton gars, quand même, on dirait qu’il était toujours au mauvais endroit au mauvais moment ! À part ça, pour son remaniement, le chef voulait pas des femmes et des jeunes ?


— Bof, est-ce que tout ça préoccupe vraiment le monde ? La vraie question, c’est : est-ce que l’économie va bien ? Oui ! Et les gens veulent que ça continue. Tétrault, c’est une candidature é-co-no-mi-que, je te le répète.


— Absolument, et en plus, c’est pas grave s’il n’a jamais vraiment créé d’emploi. Tout ça me donne l’idée d’un slogan : « L’Économie d’abord, OUI. »


— Déjà utilisé, non ? Charest, en 2008.


— Un peu comme ton gars, au fond.


— Vu de même... Mais c’est pas très grave.


La citation de la semaine


« C’est mon devoir de légiférer [...] sur le vivre-ensemble. [...] On ne peut pas faire en sorte que la plus grande ville du Québec ne fasse pas partie du même paysage »


– Philippe Couillard, répliquant au maire Coderre au sujet de la loi sur la neutralité religieuse.


Le carnet de la semaine


Chanson préférée


À propos de sa présence en 2008, dans la loge de Lino Zambito, lors d’un spectacle de Céline Dion, le candidat libéral Éric Tétrault a eu des versions évolutives. A-t-il payé ses billets ? À la radio, il a répondu peut-être. À l’UPAC, auparavant, il avait soutenu que le cabinet Normandeau l’avait invité. Finalement, ces derniers jours, il a dit ne plus s’en souvenir. Combien de temps y est-il resté, dans la loge ? Deux minutes ? Jusqu’à ce qu’il aperçoive Zambito, a-t-il certifié en conférence de presse. Jusqu’à l’entracte, lorsqu’il a aperçu Gilles Vaillancourt, avait-il pourtant raconté à l’UPAC. La chanson de Céline que M. Tétrault préfère ? Incognito, assurément.


Néologisme barrettien


Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a soutenu que François Legault et la CAQ font du « girouettisme politique » puisqu’ils ont attaqué la crédibilité du candidat Éric Tétrault, alors qu’ils avaient tenté de le recruter, semble-t-il, à plusieurs reprises. Ce que la CAQ a admis. Le néologisme est doublement comique dans la bouche de M. Barrette, lui-même candidat de la CAQ en 2012. Début 2014, il avait nié fermement, sur Twitter, qu’il ferait un retour en politique... pour enfin se présenter pour le PLQ et devenir ministre de la Santé.


L’experte des bourdes


La ministre responsable de l’Accès à l’Information Rita de Santis s’est une fois de plus assurée qu’elle sera « remaniée » lorsque M. Couillard rebrassera les cartes de son cabinet. Dans une entrevue au Devoir, jeudi, Jean Chartier, le président de la Commission d’accès à l’information a admis qu’il y avait une supervision politique dans les demandes d’accès à l’information. Mme De Santis a soutenu que le président « avait été mal cité ». M. Chartier a manifestement été contraint de s’expliquer dans un communiqué. Un enregistrement prouvait qu’il avait été bien cité et Le Journal s’est fait un plaisir de le diffuser.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé