Ce n’est pas nouveau, mais en Outaouais, difficile de s’afficher pour autre parti que le Parti libéral du Québec. Certains en subissent même quelques représailles...
Le 9 juillet dernier, des membres du NPD-Québec ont fait publier une lettre ouverte afin de dénoncer une situation qui n’est pourtant pas inédite, une candidate potentielle pour ce parti s’est fait avertir par son employeur que ce n’était pas une bonne idée de se porter candidate contre le député libéral. Extrait de la lettre :
«Il y a quelques semaines, une jeune femme envisageait de se porter candidate pour le NPDQ dans une circonscription de l’Outaouais. Or, quand elle a mis son employeur – une propriétaire de PME – au courant de la possibilité qu’elle soit candidate aux prochaines élections, elle s’est fait menacer d’être rétrogradée et même de perdre son emploi.
La raison donnée par l’employeur? Que ce n’était pas acceptable que l’employée occupe un poste de gérante dans son entreprise tout en se présentant contre un député libéral. En Outaouais, apparemment, ça ne se fait pas. Face à la pression et à l’injustice de la situation, elle a quitté cet emploi et a renoncé, pour l’instant, à se porter candidate.»
J’ai reçu le communiqué de deux personnes différentes, dont l’une ayant déjà subi ce genre de représailles en Outaouais après s’être porté candidat, dans le passé, pour le Parti québécois. Nous avons discuté de ça ensemble. Roulement des yeux et haussement des épaules. Rien de nouveau, mais enrageant quand même.
Ne pas nuire au député libéral
C’est un secret de polichinelle que dans bien des domaines, en Outaouais, s’opposer à un député libéral peut être un désavantage. Le candidat du Parti québécois dans le comté de Papineau, M. Yves Destroismaisons, en sait quelque chose. En pleine campagne, bien que citoyen connu et apprécié dans sa région – il a été organisateur communautaire longtemps au CLSC de Papineau – ce dernier rencontre des réticences de certains citoyens quand vient le temps de confirmer, publiquement, des appuis en sa faveur.
«Encore en fin de semaine, on me disait que c’était difficile pour certains, de m’appuyer publiquement, de prendre position et de partager, par exemple, sur les réseaux sociaux, mes opinions et notre programme. Dans le monde municipal, notamment, où, un tel appui public pourrait nuire dans le futur aux demandes de subventions si ce n’était pas moi qui étais élu.»
Bien sûr, les principaux intéressés nieront. On dira que ce n’est pas vrai, que cela n’existe pas. Foutaise. Et je l’ai constaté de visu moi-même à plus d’une reprise.
En 2014, à la fois au Huff Post Québec et sur les ondes de Radio-Canada régional en Outaouais, nous avions rapporté l’intention de plusieurs médecins de démissionner de l’urgence du CLSC local suite en raison d’un climat de travail délétère, toxique et des pressions de l’employeur à la suite de l’imposition de la réforme Barrette. Pour ce reportage j’avais parlé à plusieurs intervenants du CLSC à tous les niveaux et de différentes professions, dont des médecins. Nous avions aussi confirmé le tout auprès du CISSSO (l’agence de santé) alors que la relationniste de presse avait précisé qu’il s’agissait «d’avis d’intention de démission» avant de se rétracter quelques minutes plus tard. Apparemment, sachant que le tout serait diffusé dans l’heure suivante, la version changeait, rien de cela n’existait.
Ayant enregistré toutes mes entrevues, pas question de ne pas diffuser. Mon dossier était béton. Toutefois, une véritable chasse aux sorcières – et aux langues déliées – s’est engagée. On voulait savoir QUI avait parlé. Et laissez-moi vous dire que quelques intervenants du CLSC dont on soupçonnait que ce pouvait être eux, ont passé un mauvais quart d’heure. S’est-on attardé aux causes des doléances de tous ces intervenants? Bien sûr que non. Fallait colmater la fuite, point.
Sauf que de plus en plus de témoignages ont commencé à filtrer sur ce qui se passait au CLSC. J’assistais justement à une réunion du conseil municipal d’un village où des citoyens voulaient former un comité de vigilance afin de veiller à ce que les services offerts à leur urgence régionale ne soient pas diminués par des relocalisations ou des délocalisations.
Une cinquantaine de citoyens se trouvaient à cette réunion du conseil. Je me souviens encore de la surprise d’un citoyen tout près de moi qui avait fait répéter l’affirmation de la personne qui occupait la position de maire quand celle-ci avait décliné tout appui à la formation dudit comité. La raison? Cela serait interprété comme une prise de position contre le député libéral, ce qui pourrait nuire aux demandes de subventions.
Ils diront que ça n’existe pas. Mais chez nous, tout le monde sait très bien que dans bien des cas, mieux vaut être du bon bord de la clôture politique...