Il y a des testaments politiques plus troublants que d’autres. Il en va ainsi d’un texte rédigé par l’ex-ministre libéral de l’Économie, Jacques Daoust, rédigé avant son décès, l’an dernier. Obtenu par notre Bureau d’enquête, on y lit le récit d’un homme persuadé que le bureau de Philippe Couillard l’aurait sacrifié sur l’autel de la vente de Rona au géant américain Lowe’s, en 2016.
Opposé à la perte de ce fleuron québécois, M. Daoust y avance qu’il aurait refusé de mentir en prétendant qu’il approuvait la vente. Devenu alors un « problème » pour le premier ministre, il dit avoir été mis de côté jusqu’à son ultime démission.
Plan humain
Sur le plan humain, ce texte de M. Daoust témoigne du fort prix payé par ceux et celles qui ont le malheur de se trouver au centre de jeux de pouvoir qu’ils ne contrôlent pas. Sur le plan politique, cela semble avoir été sa manière de documenter son opposition à la vente de Rona. Mais aussi, sa version des jeux de coulisses derrière une vente somme toute irresponsable au point qu’on ne se l’explique toujours pas.
Le bureau du premier ministre a-t-il ou non tiré les ficelles menant à la perte d’une entreprise majeure pour l’économie québécoise ? Pourquoi Investissement Québec s’est-il départi de ses actions dans Rona alors qu’elles auraient pu empêcher une prise de contrôle étrangère ?
Mystère
Et la Caisse de dépôt et placement du Québec ? Aurait-elle joué un rôle de « facilitateur » en rendant aussi possible cette transaction ? Ces questions ne sont pas banales. Primo, parce qu’elles n’ont toujours pas eu de réponses claires.
Deuxio, parce qu’elles soulèvent une inquiétude sérieuse quant au laisser-faire, voire même parfois à la participation active des grands décideurs politiques et économiques actuels du Québec dans la perte de certains fleurons québécois comme Rona.
Y a-t-il un premier ministre dans la salle ?