Surveillez vos dentiers!

Québec 400e - imposture canadian

Au rythme où Ottawa et ses thuriféraires pratiquent le nation building canadian en faisant main basse sur notre passé, en trafiquant notre histoire pour qu’elle serve leurs intérêts, en jonglant avec les dates et les lieux pour leur faire dire le contraire de ce qui fut et de ce qui est, je conseillerais à celles et à ceux qui ont un dentier de se méfier et d’être prudents : les choses étant ce qu’elles sont, rien ne garantit qu’ils ne partiront pas avec, s’ils pensent que cela pourrait leur être utile !
Les récentes festivités soulignant le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec ont été le théâtre de ce qui a ressemblé par moments à un immense opéra bouffe, mieux encore à une farce, ces petites comédies toutes simples qu’on jouait sur les parvis des cathédrales et des églises au Moyen Âge.
Le ridicule tuait, c’est de mort violente que serait décédé Stephen Harper quand il a placé Son Excellence Michaëlle Jean à la fin d’une trajectoire commencée le 3 juillet 1608 par Samuel de Champlain. La représentante officielle de la Reine d’Angleterre consacrée héritière de Champlain, c’est faire l’impasse sur la Conquête, qu’on a voulu occulter des livres de la nouvelle histoire du Québec, même si les maisons québécoises, de la côte de Beaupré à Kamouraska, se souviennent du feu anglais ; sur la rébellion des Patriotes, en 1837-1838, que les Anglais n’auraient pas écrasée dans le sang, peut-être ? sur le rapport Durham ; sur l’Acte d’Union de 1840 ; sur la Confédération de 1867, à laquelle le peuple québécois n’a jamais eu l’occasion de donner son adhésion ; sur la conscription ; sur la Constitution de Trudeau, jamais signée par le Québec.
C’est dans des situations comme celle-là qu’on se rend compte qu’il n’est pas donné à tout le monde de pousser égal…
Le mot Canada d’abord
Le premier à l’utiliser fut Jacques Cartier en 1535. Pendant des siècles, c’est ici qu’on les trouvait, les Canadiens, mieux connus comme les Canayens. De l’autre côté de l’Outaouais, c’est des Anglais qu’on trouvait. C’est finalement pour demeurer ce que nous sommes qu’il nous a fallu se rebaptiser en Québécois, le terme canadien ayant été vidé de notre substance et servant dorénavant à identifier ceux qui à l’époque nous ont conquis et qui ne voulaient rien savoir de ces Canadiens que nous étions, souhaitant même notre disparition par assimilation, comme le proposait Lord Durham. Et aujourd’hui, bon an mal an, c’est au Québec, là où on se trouve pas mal moins canadiens que dans le reste du Canada, qu’Ottawa déverse plus du double des subventions consacrées à la promotion de la Fête du Canada ! En médecine, cela s’appelle de l’acharnement thérapeutique.
La feuille d'érable...
Ils nous ont aussi piqué la feuille d’érable pour en faire l’unifolié qui est devenu, sur le drapeau canadian, un concurrent de la fleur de lys québécoise. Or, il est utile aujourd’hui de se souvenir que c’est en 1834 que la Société Saint-Jean-Baptiste faisait de la feuille d’érable l’emblème officiel du Québec. D’autant plus ridicule, la chose, que l’érable en question, acer saccharum, est absent de la moitié du territoire canadien puisqu’il ne va pas au-delà de l’Ontatio, vers l’Ouest .
L'hymne...
Faut-il rappeler que l’hymne Ô Canada a été composé par Calixa Lavallée et Basile Routhier pour un Congrès national des Canadiens-français tenu à Québec en 1880 et qu’il fut joué pour la première fois à la Saint-Jean-Baptiste ? Ainsi, quand on hue le Ô Canada, comme il m’est arrivé de le faire au Forum de Montréal, se rend-on suffisamment compte, ab absurdo, qu’on salue de la sorte une immense victoire des canadian builders, qui nous ont dépossédé de notre butin ?
Comme j’écris ces lignes, on fait la promotion au poste de radio 99,5 de la ligne 1-800 Ô-Canada pour nous en faire connaître davantage sur la fondation de Québec et l’histoire du Canada… De quoi devenir parano, ma foi… ! Surveillez vos dentiers, l’affaire est vraiment sérieuse.
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