Du rien à ras-bord à Radio-Canada
Ce 4 avril, j'ai écouté une fois de plus «La Première à la carte» par baladodiffusion (extraits d'émissions du jour diffusées à la Première chaîne radio de Radio-Canada, disponibles en "concentré" après 19 hres).
Or je me rends compte de plus en plus que vous ne parvenez même pas à offrir un dérisoire trente minutes qui soit véritablement riche de substance. C'est souvent du potin, et quand c'est un peu plus relevé (dossiers sociaux, politiques, scientifiques...), les intervenants débitent les mots et les phrases pour exprimer, à la fin, fort peu de sens ou d'informations véritables. Sans cesse (ou enfin, la plupart du temps), on a droit à beaucoup de "sons" pour bien peu d'idées. Et au surplus, dans une langue pauvre, mais pauvre...
Par exemple :
Émission de Johanne Prince («C'est bien meilleur le matin») -
L'invitée de madame Prince nous a «pitché» du «chatt'», du «chattant», du «email», du «net» et du «addiction» à profusion. Or pourrions-nous parler français, svp...?
Émission de Jean-François Lépine («Maisonneuve à l'écoute») -
Le collaborateur Mario Masson nous entretenait de ses lectures de revues scientifiques (si tant est que «Science et Vie» puisse être qualifiée de revue scientifique...). Des généralités et du «remplissage verbal» qui, somme toute, n'ont pratiquement rien laissé ...sur la table qui soit susceptible d'emplir une dent creuse. Et en prime, des répétitions lexicales à décourager l'auditeur le plus disposé: donc, donc, donc, donc, finalement, finalement, finalement, finalement, on s'est rendu compte, on s'est rendu compte, on s'est rendu compte, on s'est rendu compte... C'est invraisemblable un placotage aussi indigent et truffé autant de béquilles langagières. M. Masson a toutefois, il est vrai, une élocution correcte. Mais encore faut-il des phrases à la fois irriguées de sens et riches d'une expression verbale structurée et nuancée.
Puis enfin, ce sont les potins de Grégory Charles sur tout et rien. Comme d'habitude. Il est sympathique notre Charles national, certes. Mais encore une fois, qu'est-ce cela sinon du remplissage de temps d'antenne...?
Alors voici. J'ai été très longtemps une auditrice fidèle de Radio-Canada. Mais c'est devenu tellement insipide depuis une bonne dizaine d'années (presque autant que nos «Rock Détente», qui aux cinq coins du Québec parviennent à tuer l'intelligence d'un milieu de vie en moins de six mois...), que je vous ai pour ainsi dire totalement abandonnée. Or par cette nouvelle technologie de baladodiffusion (les Français, France... Culture comprise, diront plutôt volontiers: Podcasting), je me suis dit que ce ne pourrait pas être mauvais, désormais, d'aller chercher les «meilleures» trente minutes du jour en condensé, par le biais de ces capsules précipitées dans ce «pot-pourri» nommé «La Première à la Carte». D'où un retour discret, du bout des pieds, de la soussignée vers Radio-Canada.
Erreur...!
Résultat : sauf exception (il y a des jours où c'est presque bien...), vous n'êtes pas en mesure de dénicher trente minutes de qualité par 24 heures de diffusion. Stupéfiant! Avec cette demi-heure "enrichie" (ce qui pourtant représente à peine 2% de la programmation globale), vous réussissez tout de même à me faire perdre mon temps. Vertigineux!
Je crois que tout ceci se révèle extrêmement symptomatique de ce qu'est devenue Radio-Canada de façon générale. Et ce n'est pas simplement triste. C'est douloureux. Voire, dramatique.
Or pendant ce temps les Robert Rabinovitch et les Sylvain Lafrance sont bien installés, vraisemblablement, de manière à «gérer avec professionnalisme cette formidable et puissante médiocrité systémique». Sans doute tout heureux, au surplus, d'avoir mis les Jean Larose et les Georges Leroux à la porte il y a quelques années...
Bref, je n'en peux plus de ces gouvernements et de ces instances publiques qui m'imposent et me taxent pour mieux me jeter ensuite à la figure des «chars» remplis à ras-bord d'insignifiance, de verbiage et de vide intellectuel.
Et je signe.
_ De toute mon exaspération.
Mathilde François,
_ Québec, 4 avril 2006
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