Signez la pétition

Chronique d'André Savard

Comme beaucoup de Québécois, j’ai signé la pétition exigeant la démission du premier ministre Jean Charest. Avant que ne soient mis au jour les oligopoles réunissant mafia, entrepreneurs, municipalités, regroupement d’intérêts souvent proches du parti Libéral, les interrogations fourmillaient. On ne comprend absolument pas comment il se fait que des infrastructures utilitaires dont l’architectonique est limitée coûtent de trois à quatre billions de dollars. On ne comprend pas cette majoration fréquente des coûts de 25% ni ne comprend-on qu’à partir de 500 millions, en raison paraît-il d’une règle exponentielle de la complexité, les contrats puissent faire l’objet d’atermoiements, de méandres inexplicables qui génèrent une explosion de la facture de 300 % sinon davantage.
Le balancier de l’histoire a penché d’abord contre la Fédération des Travailleurs du Québec. Même à cette époque, Charest répondait de façon convenue comme un écolier en cours préparatoire qui fonce sur les citations. Ce n’était jamais l’heure du rapport. Charest détournait, dansait autour du pot, répondant qu’il y avait eu des bévues auparavant, la Gaspésia, l’ilot Voyageur. Puis Charest s’empressait de crier au brigandage en pointant du poing l’opposition, ceci bien avant même que l’on dise que le « ton se durcit à l’assemblée nationale ». Charest se comporte comme cela par tempérament depuis les débuts, crise ou pas.
Le Montréalais ordinaire passe en effet devant l’îlot Voyageur chaque jour, une carcasse bétonnée de quelques paliers qui coûtent 400 millions alors que rien dans cette structure ne le justifie. C’est un peu comme si on payait pour une idée devenue folle alors qu’il s’agissait d’une bâtisse sans veine d’inspiration architecturale et sans vocation autre qu’utilitaire. On a entendu année après année Charest crier haro sur la clique des indépendantistes à ce sujet comme sur tous les autres, puis il nous disait qu’heureusement l’on avait renouvelé le personnel au gouvernement. On pouvait dormir tranquille. Malgré l’infamie indépendantiste, le progrès inexorable se poursuivait. Pas une journée ne s’est écoulée sans que Charest ne le redise en guise de réponse à tout ce qui se disait.
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Jean Charest, tout ce temps n’a pas cessé de sourire de toutes ses longues dents. Charest disait que ce ne sont que des allégations et qu’en aucun temps les points A ne doivent être reliés aux points B et C. Charest se faufile depuis plus de cinq ans, répliquant que le gouvernement québécois a hérité d’un désastre après le long règne du Parti Québécois et qu’il faudra un quart de siècle pour s’en relever. On allait s’occuper des vrais problèmes, appliquer la vraie science de la gestion grâce au partenariat avec des « intérêts ». Ce partenariat aux « intérêts » allait délivrer le Québec des petites idées qui avaient trop longtemps sévi et maintenu le Québec sous sa forme primitive.
Pour justifier ce style agressif, Charest alléguait qu’il est victime d’une campagne de salissage. Vint l’affaire Tomassi. Comme le parti frère fédéral aux temps des commandites, les libéraux prétendirent que si d’aventure il y a corruption systématique, celle-ci est le fait de parasites, d’agents corrupteurs qui font intrusion dans la grande famille libérale sans en être vraiment.
À force d’entendre le premier ministre décrier le salissage, on a l’impression de n’avoir que des cercles de mots comme si on franchissait des configurations toutes prêtes. À force d’entendre le premier ministre prétendre travailler à la résolution des vrais problèmes, on voit les problèmes changer quantitativement et qualitativement au point de prendre l’ampleur de problèmes nouveaux. Tout ce temps, toutes les réponses de Charest prennent la forme de réquisitoires contre l’opposition comme si elle était l’orchestratrice d’une mise en scène savante pour dévaloriser la classe politique.
Le Québec ne peut s’enliser plus longtemps dans les automatismes verbaux du premier ministre. Il y a des années que Charest répond aux accusations que ses opposants indépendantistes s’inscrivent dans le cercle des idées vilipendées. L’opposition est contre l’octroi des contrats selon des procédures plus décentrées, plus réfléchies, moins gauchistes, disait-il. L’opposition est raciste et veut traîner dans la boue une honnête communauté culturelle, disait-il.
Nous avons été confrontés à une échappatoire après l’autre.
Encore aujourd’hui, on tente d’esquiver. Le gouvernement n’est coupable que dans la même mesure que le reste de la nation québécoise. Tout ce temps, des journaux comme La Presse remplissent leur page des lecteurs de courriels sur la honte d’être Québécois et félicitent les magazines canadiens de nous traiter de corrompus.
Sans ces braves canadiens, nous n’aurions rien vu car nous somme unipolaires, technophobes, anticapitalistes, unanimistes, complaisants envers les séparatistes, trop rattachés à nos souches idiotes. La mafia règne et on se fait accuser d’être réfractaire aux démarches créatrices. Aujourd’hui, la défense du régime se fait au non de l’amour pour les démarches créatrices.
Dès que les Québécois se voient convaincus d’être des tarés, ils sont plus réceptifs à des discours prétendant qu’ils ont besoin d’être protégés d’eux-mêmes. Le magazine Maclean accusait carrément les espoirs coupables des indépendantistes comme cause probable de la corruption au Québec.
Quand les Québécois se sentent engloutis dans une réalité sordide, le terreau est fertile pour le conservatisme social. En période de stress, les milieux fédéralistes retombent dans leurs réflexes trudeauistes. Ils ont alors tendance à accuser la nation québécoise et d’attribuer l’état actuel des choses aux efforts passés du Québec de se dérober à la société pancanadienne.
Finalement, comme toujours, ils disent que si nous sommes dans cette situation, c’est parce qu’ils n’ont pas encore assez pris le pouvoir.
André Savard


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2010

    Vous avez sûrement vu cette organigramme (Flowchart) qui circule sur le web et qui démontre les affiliations directes ou indirectes entre la Mafia et différents organismes liés au Parti Libéral et Jean Charest.
    J'ai longuement étudié ce schéma et nulle part retrouve t-on Franco Fava et ses liens au PLQ et la CSST.
    Je vous cède le document et vous avez mon entiere encouragement à le publier sur Vigile ou ailleurs car rien n,est faussé.
    Merci
    Voici le document en question:
    http://ww2.quebec101.org:81/images/stories/diagrammenbuleusesabia.jpg