Le discours raisonnablement bon au Canada

Chronique d'André Savard

La sous-natalité est un problème mondial. Plus une société est dite “progressiste”, plus semble-t-il, elle s’éloigne du taux de remplacement de 2,1. Certaines nations, comme en France avec un taux de remplacement de 1,89, se débrouillent mieux que les autres mais un tiers des enfants qui naissent seront élevés à l’intérieur de la religion musulmane.
En fait, plus une nation est traditionaliste et patriarcale, mieux se porte sa fécondité. En Somalie et au Yemen, la fécondité est florissante. On dépasse parfois de trois le taux de remplacement dans des pays qui n’applique pas un régime de droits. Ce qu’il y a de particulier avec le Québec, c’est qu’il fut accusé de se dégonfler et d’être responsable de la diminution du poids politique, une accusation à laquelle vous n’aurez pas à faire face si vous faites partie d’une autre des nombreuses nations affectées par la sous-natalité.
La sous-natalité est certainement un problème concernant les régimes de retraite et on retrouve des chiffres effarants. Prenons l’exemple de l’Italie. On prévoit qu’en grande partie les enfants de ce pays seront dans l’avenir des enfants uniques. Adieu la familia.
La différence avec le Québec, c’est que l’Italie ne se voit pas accusée de négliger des décisions de vie ou de mort. Les pays voisins ont aussi le même problème et on se comprend. Ce n’est pas le cas au Canada où on préfère rendre responsable de tous les maux collectifs l’être collectif de la nation québécoise. N’importe quelle théorie est bonne du moment qu’elle tienne le régime canadien à l’abri.
Cette mise en accusation de l’être collectif est nécessaire car les activistes canadiens doivent relier A à B selon un rapport de causalité où le régime canadien est “angélisé” et la nation québécoise blâmée pour ce qui lui arrive. La corruption actuelle du Quebec contribue par contraste à “l’angélisation” du Canada. Le Québec est comme une posture dans un éclairage artificiel duquel le système canadien sort blanc comme neige.
Sous-natalité, corruption, peu importe le phénomène, l’essentiel est de le faire entrer de force dans un symbolisme coopératif en faveur du régime canadien. Devant la palissade de caméras, Jean Charest prêche les améliorations, le mouvement vers l’avant, la filière vers le Canada et, dans la pourriture appréhendée de la politique québécoise, le naïf se soulage avec ce premier ministre qui veut paraître nous faire échapper d’un Québec recouvert d’une mare d’eau verdâtre. Charest en rend responsable l’opposition.
En revanche, ce qui va bien au Québec, un taux de chômage relativement bas s'explique par l’appartenance au Canada. N’importe quoi, toutes leurs analyses doivent se soumettre à ce symbolisme coopératif envers le système canadien. On dit que c’est une politique de la paix canadienne car on se répète que ces analyses se tiennent dans un discours raisonnablement bon, bien reçu.
André Savard


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010

    Le premier paragraphe de la chronique appelle une correction et une remarque.
    La correction.
    En France, le taux de fécondité n'est pas de 1,89 mais frôle 2,0 , le taux de remplacement des générations. Il était de 1,98 en 2007, 1,9984 en 2008 et 1,98 en 2009.
    Sources : l'INSEE français et l'OCDE.
    La remarque.
    Ecrire que le tiers des naissances baignera dans la confession musulmane est osé. Il faut surtout le démontrer. La France est un pays qui ignore le dénombrement des appartenances religieuses ou non. Laïque, la République ne connaît ni celui qui croit et à qui et ni celui qui ne croit pas.
    Vouloir chiffrer reste un exercice délicat qui pourra apparaître fantaisiste au mieux ou manipulateur au pire.
    P.S. J'ai tenté un message privé à l'auteur mais ce fut un échec.