Si les jeunes savaient, si les…

Y a-t-il un avenir à-venir ? (Petit mot au concitoyen Morin)

Tribune libre

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«N’être pas né, rien que d’y songer, quel bonheur, quelle liberté, quel espace !»
Émil Cioran, De l’Inconvénient d’être né [1973]
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Re : Claude Morin, «Si les provinces avaient su, cela aurait changé l’Histoire…», Le Devoir du 13 avril 2013
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Merci, M. Morin, pour cette intervention tout à la fois judicieuse, perspicace et convaincante. Il s’agit là d’un texte d’une concision exemplaire.
Vous vous exprimez comme un «jeune homme» (informé, réfléchi aussi) préoccupé par l'avenir de la matrie dont il est l'un des fils. Car enfin, cet avenir, «il» le sait, c'est également le sien. En propre. Celui également de ses propres enfants. Et à qui il lui importera de laisser, par-devers lui, une ultériorité – ouverte et viable : un avenir qu’il aura collaboré, espère-t-il, à construire.
Hélas ! comme je l'ai déjà écrit ailleurs, au Québec les jeunes fougueux de la nation... ont le cheveu gris. Ou blanc.
Et c'est là un symptôme dramatique, tragique même, de la morbidité qui aura investi la collectivité québécoise depuis maintenant une génération complète ; laquelle collectivité comme par voie de conséquence, transie sur place par son mal intra-méta-physique tout en un, ne va désormais plus nulle part.
Il faut dire que le régime politique à la mode Jean Charest – dix ans durant (fiou ! fiou !) – aura pesé de tout son poids dans cette entreprise-de-volonté-du-rien-et-d’oubli-de-tout, couplée bien sûr à la gratification-immédiate-totalement-happée-par-le-néant-broyeur-du-présent-(dès-lors)-sans-futur.
Nous – Québécois/es – dormons depuis longtemps au gaz. Certes. Sauf que nous semblons maintenant espérer en mourir plus que d’en revenir.
Aussi n’en va-t-il plus en notre temps de la fatigue culturelle, dont nous entretenait Hubert Aquin il y a plus de cinquante ans.
Il en va résolument, désormais, de notre nolonté d’être.
Un No bien à l’anglaise.
Comme de bien entendu.
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Salut à vous, compatriote Morin.
Jean-Luc Gouin,
Capitale nationale, le 13 avril 2013

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Jean-Luc Gouin94 articles

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Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais également docteur en philosophie diplômé de l'Université Laval et spécialiste nord-américain du penseur allemand Hegel, JLG a publié ouvrages et maint article portant pour la plupart sur celui-ci.



Hegel. De la Logophonie comme chant du signe, son dernier opus, fruit de trente ans de recherche, a été publié simultanément, en 2018, et aux PUL, à Québec, et chez Hermann à Paris.

 

Textes « citoyens » choisis de Jean-Luc GOUIN ( 1995-2018 )

( parmi quelques centaines, qui hélas ne vieillissent pas )

 

•• Les Bilinguistes. Grands sorciers des langues phagocytaires

•• Débat sur la langue dans le quotidien Le Devoir (Été de 1998)

•• Qui sort, digne ! Franchir le miroir de notre schizophrénie collective

•• Le Franc Pays. Québécois ou Québec coi ? (+ de 20 ans plus tard, rien n’a changé...)

•• Le Lys dans le lisier (Ou pourquoi l’Indépendance du Québec, en quelques mots)

•• Aux larmes citoyens ! (anthropoème en hommage à Gaston Miron)

•• Philippe Couillard : Le Philippe Pétain de notre temps (Lettre à mon premier sous - ministre)

•• Autres espaces de réflexion (Société, Culture, Politique... dont : Ouvrez le Feu ! , Liquider pour argent liquide , Halloween. Plaie ou plaisir de l’enfance ? , Interdit de ne pas fumer ! ...) 

•• De l’humain travesti en divin (modeste contribution au projet d’une Charte de la laïcité)

•• Précis sur la malhonnêteté intellectuelle (aussi nommée mauvaise foi)

•• L’Homme Prométhée (une forme de « CQFD » irrésistible aux textes qui précèdent...?)

 

 





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2013

    La raison pour laquelle les Québécois se sont endormis va plus loin que les dix années de régime Charest.
    Depuis le début des années 2000, et en particulier depuis les nébuleux attentats du 11 septembre 2001, les Québécois, comme presque tous les citoyens des autres pays du monde, ont vu leurs psychologies s'affaiblir de plus en plus et être ainsi affectées de plus en plus par le Système.
    Les idées du Système se sont donc imposées de plus en plus: chacun pour soi, au plus fort la poche, sélection naturelle des plus aptes à répondre aux besoins du marché, cosmopolitisme etc...
    Ainsi, dans un tel contexte, un projet de pays, au même titre qu'un projet de société, deviennent impossibles.