Refonder le Bloc québécois sans le dénaturer

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La priorité : mettre fin à la péréquation et récupérer l'impôt direct

La refondation du Bloc québécois se fera autour d’une fondation déjà clairement définie : même si le parti dit que « tout est sur la table », la mission première de la formation ne changera pas avec ce chantier, a-t-on réaffirmé lundi.


« Tout est ouvert », a soutenu lundi le chef intérimaire du parti, Mario Beaulieu, en lançant officiellement le chantier de refondation du Bloc québécois. Vraiment ? M. Beaulieu a rapidement précisé qu’il y aurait des limites à la remise en question souhaitée. « L’ADN du Bloc est la défense des intérêts du Québec comme nation et, naturellement, la promotion de l’indépendance », a soutenu le député.


Souvent présenté comme une occasion de « faire table rase » du vieux Bloc pour en bâtir un nouveau, le chantier de refondation s’appuie en réalité sur une déclaration de principes adoptée en conseil général à la mi-août. Celle-ci établit notamment que le Bloc est indépendantiste et voué à la défense des intérêts du Québec.


« On a des convictions, a expliqué Mario Beaulieu lundi. Notre raison d’être, c’est l’indépendance du Québec. On est le seul parti qui défend sans compromis les consensus de l’Assemblée nationale. […] On a présenté un projet de loi pour que le Québec puisse être exclu du multiculturalisme. En termes d’économie, sur les paradis fiscaux ou sur l’environnement, on a toujours eu des positions très fermes et progressistes. »


Mais à quoi sert donc le processus actuel si le parti se définit dès le départ comme étant souverainiste, environnementaliste, progressiste, anti-multiculturalisme, etc. ? À cela, M. Beaulieu répond qu’il dit « où le Bloc en est présentement. Mais tout le monde peut aller sur le site Internet pour amener des propositions, sur l’environnement, la culture, l’économie. On ne peut pas prévoir tout ce qui va être amené ».


La présidente du Forum Jeunesse, Camille Goyette-Gingras, fait valoir que « la déclaration de principes est elle-même amendable. C’est comme un point de départ pour dire c’est quoi notre offre. Les gens peuvent aller sur le chantier en ligne, proposer des amendements, voter en faveur ou en défaveur… »


Le président du parti, Yves Perron, se disait lui aussi bien à l’aise avec l’idée d’entreprendre la réflexion en fixant des limites à celle-ci. « On offre [aux gens] de venir définir le programme, de nous dire ce qu’on devrait faire… mais sachez qui on est. Moi, si je ne milite pas dans un parti indépendantiste, je vais aller chez nous. Et pour l’ensemble des militants du Bloc, c’est ça. »


Changer de nom ?


Le site Internet associé à cette refondation dit que ce sera « le plus grand chantier de consultation […] pour un parti politique majeur » au Québec. On évoque un « renouvellement complet du programme et des statuts et règlements du Bloc ». « Tout est à revoir, tout est modifiable », assure-t-on. Le nom du parti pourrait notamment être changé — le Forum jeunesse envisage de faire une recommandation à cet égard, disait Mme Goyette-Gingras lundi.



 On est le seul parti qui défend sans compromis les consensus de l’Assemblée nationale


— Mario Beaulieu



Des assemblées publiques se tiendront à travers le Québec, et les propositions adoptées à ce moment auront un « bonus de votes » par rapport à celles soumises en ligne. Le congrès de refondation se tiendra à la fin février : on y adoptera le programme final du parti.


Quelque 18 000 militants sont appelés à participer à l’exercice — les autres peuvent acheter une « carte de refondation » qui coûte 5 $. M. Beaulieu a lancé lundi matin un appel pour que tous les souverainistes y participent, peu importe qu’ils aient voté Parti québécois ou Québec solidaire lors des élections provinciales.


Le Bloc s’était d’ailleurs lui-même divisé sur cette question. Quand une association de circonscription de Québec avait donné son appui à Québec solidaire vers la fin de la campagne, le quartier général du Bloc avait répliqué en rappelant que « l’ensemble des députés du Bloc appuie et travaille activement pour les candidats du Parti québécois ».


Démission


Un membre du bureau national a démissionné dans la foulée de cet affrontement indirect, alors que le vice-président du parti (Gilbert Paquette, un proche de l’ex-chef Martine Ouellet) s’était désolé dans une lettre que l’appui au PQ « ravive les divisions résultant de la récente crise interne dans [le] parti ». Selon M. Paquette, cela a « nui aux efforts de réunification » du Bloc.


Mario Beaulieu a soutenu lundi que « le Bloc n’a pas pris position comme tel » : c’était plutôt un simple avis des députés. Et peu importe, dit-il : « C’est difficile dans une campagne où il y a deux partis indépendantistes qu’il n’y ait pas de tension. Mais, au fédéral, il n’y a qu’un seul parti et c’est le Bloc. »


C’est le Forum jeunesse du Bloc québécois qui avait lancé l’idée de refonder le parti dans la foulée des déchirements vécus autour du leadership de Martine Ouellet. Les sept députés (sur dix) qui avaient claqué la porte en février sont tous rentrés au bercail bloquiste récemment.


> La suite sur Le Devoir.




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