Quelle question?

Tolérance des Québécois / Sondage sur le racisme des Québécois

Bien qu'il en connaisse un sacré bout à propos de la stupidité humaine, un raciste s'est dit considérablement stupéfait d'apprendre, cette semaine, qu'une large portion de la population partage sa vision des choses.
«En tant que raciste, je me considère supérieur aux autres, et j'ai des raisons scientifiques de le faire. Mais si tout le monde se considère supérieur aux autres, ça ne marche plus. Je vais être supérieur à qui, moi là? Qui sont-ils, ceux-là, pour se dire racistes? Ont-ils déjà seulement réfléchi à la question? Savent-ils ce que c'est, du vrai racisme fondé sur des faits? Je suis sûr que non. Et vous savez pourquoi? Parce qu'ils se sont fait faire un lavage de cerveau par les races, voilà pourquoi», a déclaré le raciste sous le couvercle de l'anonymat parce que, s'il est fier d'être raciste, il sait qu'il y a deux ou trois personnes qui ne le sont pas parce qu'elles font partie des races.
Interrogé sur la définition exacte du mot «race», le raciste a déclaré qu'il savait parfaitement ce que le concept renferme. «Je pourrais vous l'expliquer, mais vous êtes trop inférieur pour comprendre. Oui, vous êtes inférieur même si vous n'êtes pas une race, parce que vous osez vous dire raciste alors que vous ne l'êtes pas. Tous les experts s'entendent là-dessus: les gens qui se sont dits racistes ne le sont pas vraiment, c'est juste qu'ils ont mal compris la question. Or, moi, quelqu'un qui ne comprend pas la question, je trouve ça ordinaire en ta. Ordinaire dans le sens d'inférieur, si vous me suivez, ce dont je serais franchement étonné», a déclaré le raciste.
Selon des sources, le racisme désignerait de fait plein d'affaires, trop compliquées pour être saisies par des niaiseux. La preuve, c'est qu'un grand nombre de gens prétendent être racistes alors qu'ils ne le sont pas, justement parce qu'ils sont trop niaiseux pour savoir ce qu'est le racisme.
«Prenons par exemple une personne qui mélange tout, a analysé un expert. Lorsque cette personne vous racontera n'importe quoi en ne comprenant pas la question, croirez-vous qu'elle est plutôt raciste ou plutôt niaiseuse? Je serais tenté de dire que poser la question, c'est y répondre, si je n'étais certain que la personne n'a pas compris ladite question et qu'elle n'est donc pas en mesure d'y répondre, et donc qu'elle est trop niaiseuse pour être raciste, cela même si le racisme en lui-même caractérise les personnes niaiseuses.»
Ce faisant, l'expert s'est défendu de faire du racisme à l'envers en méprisant toute une quantité de gens de même race qui seraient trop niaiseux pour comprendre une question simple. «Ce n'est pas du racisme parce que ce n'est pas parce que les personnes sont de la même race qu'elles sont niaiseuses. Il pourrait y avoir d'autres races là-dedans qui seraient aussi niaiseuses. Bon, en l'occurrence, y en a pas dans le cas qui nous occupe, mais ça ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas y en avoir. Car tout le monde a le potentiel d'être niaiseux. L'important du message que je veux livrer ici, c'est qu'il ne faut pas mépriser ou détester une race en particulier. Il faut les mépriser toutes. Ça ne nous avance pas du tout, mais au moins, ça permet de combattre ce cancer qu'est le racisme.»
«Je ne sais pas si c'est clair pour vous, mais si ça ne l'est pas, c'est que vous êtes pas mal niaiseux», a commenté l'expert, qui se dit «pleinement ouvert, dans un contexte d'égalité et de tolérance, à toutes les formes de niaiserie».
Pour sa part, le raciste a tenu à dénoncer l'attitude des races qui, alors même que la société d'accueil fait tout son possible pour les faire se sentir mal à l'aise en se déclarant majoritairement raciste, persistent à trouver la société d'accueil accueillante. «Ça prend tu des maudits hypocrites!, a-t-il déclaré. Savez-vous à quoi ça me fait penser? À de la visite qui débarque chez vous à l'improviste. Vous lui dites: "Ouais, heu, hum, grbl, c'est vraiment l'fun que vous soyez là, mais le ménage est pas fait, c'est pas mal à l'envers, la maison est pas regardable, j'ai honte, en fait vous vous apprêtez à entrer, à l'improviste et sans avertissement préalable, dans une véritable, une authentique, une totale soue à cochons." Et là, la visite répond: "Pas grave, on regardera pas." Et là, vous ajoutez: "Ouais, heu, hum, enfin, c'est que je suis très occupé. Des débarbouillettes à repasser, des châssis doubles à poser, des draps contours à plier, et le facteur qui va passer d'une minute à l'autre et ma boîte aux lettres est au garage." Et là, la visite répond: "Pas grave, fais tes affaires, on te dérangera pas, on va juste rester là tranquilles à siroter un verre de drink."»
«Bref, n'importe quoi pour coller chez vous», a fait savoir le raciste.
Selon un expert, mais un autre que celui qui a déjà été mentionné parce qu'un journaliste doit toujours diversifier ses sources pour donner une impression d'objectivité (comme si un échantillonnage de deux personnes plutôt qu'une était un gage de représentativité scientifique), il est dangereux de faire des sondages sur des questions controversées comme le racisme parce que lui seul, l'expert, sait de quoi on parle. «On devrait, comme société, s'en tenir à des consultations sur des choses sans intérêt, comme "avez-vous l'intention de dépenser de l'argent à l'avenir?", ou sur des thèmes dans lesquels la population est versée, comme les intentions de vote. Quand on fait des sondages sur les intentions de vote, on sait que les résultats sont fiables parce que tous les gens ont lu les programmes des partis politiques dans leur intégralité, suivent l'actualité de manière très rigoureuse, réfléchissent longuement aux enjeux dégagés par la res publica et ne changent pas d'idée à tout bout de champ juste parce qu'un politicien a pondu un beau slogan creux ou qu'il s'habille mieux que l'autre.»
En revanche, a poursuivi l'expert, les réponses «difficiles à contextualiser conjoncturellement pour quiconque n'a pas mon envergure intellectuelle, c'est-à-dire personne», risquent d'empêcher, «en raison de leur superficialité inhérente», la tenue d'«un vrai débat».
«Il nous faut un débat de toute urgence. Je ne sais pas de quoi on débattra au juste, mais ça prend un débat. Sinon, tout va être tout mélangé. Remarquez que comme la majorité de la population est niaiseuse, ça ne donnera pas grand-chose. Mais j'aurai fait ma job d'expert en appelant à un débat», a conclu l'expert.


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