Accommodement raisonnable

Le débat n'est pas réservé aux Montréalais

Tolérance des Québécois / Sondage sur le racisme des Québécois



Selon la ministre québécoise de l'Immigration et des Communautés culturelles, madame Lise Thériault, les positions de l'Action démocratique du Québec sur l'accommodement raisonnable s'expliquent parce que «Mario Dumont n'a pas eu le loisir ou le plaisir d'être en contact régulièrement avec des immigrants».
En voulant ainsi attaquer le projet de l'ADQ de doter le Québec de sa propre constitution afin d'encadrer les accommodements jugés de plus en plus déraisonnables et de définir nos valeurs communes, la ministre commet d'abord une grave erreur de fait. Mario Dumont, par sa vie personnelle et professionnelle, connaît très bien la réalité multiethnique du Québec. Des membres de sa propre famille sont venus d'ailleurs dans le monde s'installer et s'intégrer à la société québécoise. Il a lui-même étudié à l'une des universités les plus diversifiées du pays, l'université Concordia pour ne pas la nommer.
Mais ce qui est encore plus inquiétant et méprisant dans les propos de la ministre libérale de l'Immigration est qu'elle semble penser qu'il faut être Montréalais ou en contact quotidien avec les communautés culturelles pour avoir une opinion sur ce sujet. Madame Thériault ouvre ainsi un débat qui risque de s'imposer comme l'un des thèmes de la prochaine campagne électorale: l'accommodement consenti à nos minorités est-il un débat réservé aux seuls Montréalais? Allons-nous laisser Montréal devenir une «société distincte» par rapport au reste du Québec? Les valeurs communes partagées par la majorité des Québécois doivent-elles se folkloriser et n'être réservées qu'aux régions éloignées?
Le nouveau clivage
Si, à une certaine époque, le débat sur la différence montréalaise portait sur la langue, il se déplace aujourd'hui clairement vers des clivages culturels et religieux. Certains Marocains ou Algériens maîtrisent aussi bien sinon mieux que nous la langue de Molière. Là n'est plus la question et l'objet du litige.
Il aurait été inacceptable d'affirmer à l'époque des débats sur les lois 22 ou 101 ou 122 que seuls ceux qui sont en «contact régulier» avec des anglophones peuvent émettre leurs opinions ou que celles-ci ont plus de valeur. La même logique s'applique aujourd'hui au sujet du délicat débat sur les accommodements raisonnables. Tous les Québécois sont interpellés et doivent participer aux débats. Montréal fait encore partie du Québec, Madame la ministre!
Finalement, en désespoir de cause, la ministre Thériault a aussi blâmé l'ADQ de ne pas avoir envoyé un parlementaire à la commission chargée de consulter la population sur cette question. Alors là, on ne tombe plus dans les erreurs de faits, ni le lancement d'un débat mais dans la pure mauvaise foi. Le Parti libéral du Québec et le Parti québécois ont quotidiennement, depuis près de quatre ans, tout fait pour empêcher l'ADQ d'être un groupe parlementaire reconnu. Dans un des gestes les plus antidémocratiques de notre histoire politique et malgré les précédents, libéraux et péquistes ont bâillonné les représentants de près d'un Québécois sur cinq à l'Assemblée nationale.
Par quelle logique peut-on aujourd'hui accuser les bâillonnés de ne pas s'être exprimés, sans même leur avoir consenti «d'accommodements raisonnables»?
Éric Duhaime, Consultant auprès de partis politiques marocains et mauritaniens et ex-conseiller politique de Mario Dumont


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