Gabriel Nadeau-Dubois est sûrement le premier à savoir qu’il est grossièrement injuste d’accuser l’ensemble de la classe politique d’avoir trahi le Québec depuis 30 ans. Elle n’a ni mieux ni moins bien répondu aux attentes qu’il y a 50 ou 100 ans. La grande différence est qu’elle est surveillée de plus près et que son impuissance à tenir ses engagements est mieux documentée.
Cela dit, il existe bel et bien un sentiment de trahison dans une bonne partie de la population, ici comme ailleurs. Il a certainement contribué de façon significative à l’élection de Donald Trump, comme à la montée des partis populistes en Europe. Ce n’est manifestement pas à la même clientèle que s’adresse M. Nadeau-Dubois, mais la frustration n’est pas une affaire de gauche ou de droite.
On peut penser que les « carrés rouges » de 2012 ont conservé une dent contre le « système », même si la hausse des droits de scolarité prévue par le gouvernement Charest a été annulée. Que le « printemps érable » soit devenu une simple note en bas de page de l’histoire récente a certainement constitué une cruelle désillusion.
Le monopole électoral que les baby-boomers détiennent depuis des décennies tire maintenant à sa fin. Ce sont les idéaux, mais aussi les frustrations des générations suivantes qui vont modeler la société québécoise de demain. Et ce sont elles qui vont élire les prochains gouvernements. M. Nadeau-Dubois le sait aussi bien que n’importe quel politicien. C’est sans doute pourquoi il commence déjà à afficher les mêmes travers.
Avant même que l’ancien leader étudiant ne vienne jouer les trouble-fête en se lançant officiellement en politique sous la bannière de Québec solidaire, le PQ avait recruté l’ancien avocat de ces mêmes « carrés rouges ». Paul St-Pierre Plamondon ne verse peut-être pas dans le même romantisme révolutionnaire, mais il s’emploie depuis plusieurs mois à rapatrier au PQ la même génération que celle que vise GND.
Le vocabulaire utilisé dans son récent rapport était moins incendiaire, mais le constat était de même nature. Il évoquait « l’impression bien fondée que les démocraties ne font pas le poids vis-à-vis le pouvoir des acteurs de Davos », de même que « les scandales et les mensonges répétés de plusieurs acteurs politiques ». Il reste à voir dans quelle mesure le PQ sera en mesure de concurrencer GND pour séduire une génération qui réclame une nouvelle donne.
Déjà, la « proposition principale » qui sera soumise au congrès de septembre prochain se veut nettement plus progressiste que le programme adopté en avril 2011. Se déplacer davantage vers la gauche ou mettre la pédale encore plus douce sur les questions identitaires signifierait laisser plus d’espace à la CAQ, qui ne demande certainement pas mieux que de l’occuper.
Il est clair depuis la fondation de QS que son expansion, essentiellement dans la région de Montréal, ne peut se faire qu’aux dépens du PQ ou avec sa collaboration. Depuis quelque temps, la frontière entre les deux partis tendait à se stabiliser, mais l’arrivée de GND, qui semble déjà en mener large dans son nouveau parti, introduit une nouvelle inconnue dans l’équation.
Il a enfoncé une porte ouverte en déclarant qu’une éventuelle alliance avec le PQ ne pourrait être que ponctuelle. Personne n’a jamais envisagé sérieusement la possibilité d’une véritable coalition, encore moins d’une fusion.
En annonçant qu’il quittait son poste de co-porte-parole de QS pour mieux se concentrer sur la prochaine élection dans Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla vient toutefois de signifier qu’une des conditions d’une éventuelle entente serait que cette circonscription soit réservée à QS.
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