Québec: le mystère est jeune

Que l'ADQ mène dans la région de Québec, c'est une chose. Mais la donnée la plus intéressante de ce sondage est que le groupe qui appuie le plus fortement l'ADQ à Québec est celui des jeunes de 18 à 34 ans.

Québec 2007 - ADQ



Que l'ADQ mène dans la région de Québec, c'est une chose. Mais la donnée la plus intéressante de ce sondage est que le groupe qui appuie le plus fortement l'ADQ à Québec est celui des jeunes de 18 à 34 ans.
Alors que dans l'ensemble du Québec, les jeunes appuient en premier le Parti québécois, dans la région de la capitale, le PQ est nettement à la traîne dans ce groupe d'âge.
En fait, l'appui au parti de Mario Dumont décroît avec l'âge. Les plus de 55 ans sont les moins susceptibles de voter pour l'Action démocratique (25 %), tandis que les 18 à 34 appuient l'ADQ à 49 %. Suivent, chez les jeunes, le PQ (28 %) et les libéraux (11 %).
Dans un sondage CROP effectué dans l'ensemble du Québec au début du mois de mars, le PQ obtenait 35 % chez les 18 à 34, le PLQ 24 % et l'ADQ 24 %. L'ADQ a monté depuis, mais un fait demeure : l'appui des jeunes de Québec à Mario Dumont est un phénomène tout à fait particulier.
Depuis que les conservateurs ont fait élire une dizaine de députés dans la région, l'an dernier, on se penche sur le mystère de Québec. Ce mystère a un âge.
Alors qu'en règle générale, les partis plus conservateurs séduisent davantage les plus vieux, à Québec, c'est le contraire... à première vue.
À première vue, car c'est sans doute une mauvaise façon de lire le phénomène de l'ADQ à Québec. Ce qui caractérise l'ADQ, aux yeux de bien des gens, c'est moins qu'il soit «à droite», que le fait qu'il se distingue nettement des deux autres principaux partis.
L'ADQ remet en question les idées politiques reçues. Ses solutions sont généralement sur la droite (moins d'État, moins de réglementation, ouverture au privé, etc.). Mais fondamentalement, c'est un parti qui conteste, qui proteste, qui prétend casser le vieux moule politique. Y compris le plus vieil axe de la politique québécoise : souverainistes-fédéralistes. On jugera l'affaire comme on voudra, ça ne manque pas d'audace. Disons que ça change.
Celui, au fond, qui remet le plus en question le «modèle québécois», auquel, malgré bien des éclats de voix, le PQ et le PLQ adhèrent en pratique, à quelques virgules près. Où est donc le conservatisme ? Dans le maintien pépère des institutions et dans la répétition des débats cent fois entendus ?
Impossible de parler des jeunes à Québec sans parler du phénomène des radios, dont certains animateurs populaires appuient ouvertement l'ADQ.
On se souvient combien Mario Dumont a pris fait et cause pour CHOI FM, quand le CRTC a décidé de fermer la station à cause de Jeff Fillion.
Dumont avait aussi soutenu la campagne de CHOI au moment de l'enquête Scorpion. Il était allé déposer à l'Assemblée nationale une pétition réclamant la réouverture de l'enquête sur la prostitution juvénile. Ces prises de position populistes le démarquaient nettement des deux autres partis.
Mais si ces animateurs ont du succès, c'est qu'ils sont l'écho de bien des gens.
Un des échanges intéressants du débat de la semaine dernière fut quand André Boisclair a traité Mario Dumont de «vieux politiciens» qui propose des politiques «en noir et blanc».
Manifestement, l'argument ne prend pas partout. Mario Dumont reste le plus jeune, comme son parti. Et qu'il le veuille ou non, malgré ses discours, André Boisclair dirige un parti dominé par la génération précédente. L'idée d'indépendance, «révolutionnaire» par définition, comme dit Bernard Landry, n'a pas le lustre de la nouveauté pour tout le monde.
Qui donc est vieux ? Où donc se situe le discours en noir en blanc ? À Québec, bien des jeunes trouvent que c'est au PLQ et même au PQ.


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