En raison de la politisation du dossier de SNC-Lavalin, notre fleuron québécois de l’ingénierie et de la construction d’infrastructures risque d’être vendu ou carrément démantelé à la pièce.
Pour tuer une compagnie, rien de pire que de se retrouver au cœur d’une guerre politique.
Dans l’affaire SNC-Lavalin, pour paraphraser Félix Leclerc, le plaisir de l’un (Andrew Scheeer), c’est de voir l’autre (Justin Trudeau) se casser le cou.
À seulement huit mois des élections fédérales, le chef conservateur Andrew Scheer fait tout ce qu’il peut pour réclamer la démission de Justin Trudeau. Il l’accuse d’avoir fait des pressions indues sur l’ex-ministre de la Justice et ex-Procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould, pour qu’elle évite à SNC-Lavalin un procès criminel.
Le problème de cette politisation à outrance du dossier de SNC-Lavalin ?
À moins d’une surprise, la multinationale québécoise de l’ingénierie ne pourra conclure avec le gouvernement fédéral un accord financier de réparation qui lui aurait évité l’énorme risque de se faire condamner dans le cadre du procès criminel que lui a intenté le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) et la GRC.
Il faut savoir que la poursuite du SPPC contre SNC-Lavalin est très solide en raison des accusations de fraude et de corruption portées antérieurement contre d’anciens dirigeants de la multinationale. Le SPPC accuse SNC d’avoir versé 47 millions $ en pots-de-vin entre 2001 et 2011 afin d’obtenir des contrats de la part du gouvernement de la Libye.
Une éventuelle condamnation serait catastrophique pour SNC-Lavalin. Pendant une période de 10 ans, la compagnie ne pourrait décrocher des contrats publics au Canada.
Les conséquences
Le fleuron québécois de l’ingénierie et de la construction d’infrastructures serait ainsi privé d’une immense source de revenus. Et sa réputation mondiale serait entachée à jamais.
Le chiffre d’affaires baissant, les bénéfices reculeraient. Il s’ensuivrait une chute de la valeur boursière de la compagnie. Celle-ci serait forcée évidemment de faire des mises à pied massives un peu partout au Canada. Sur ses 50 000 employés à travers le monde, quelque 3400 travaillent au Québec et 5600 dans les autres provinces canadiennes.
Les options
Juridiquement parlant, SNC-Lavalin pourrait gagner du temps de survie en multipliant les procédures judiciaires. Le problème : non seulement cela coûte extrêmement cher, mais en plus, cela laisse l’entreprise dans la grande incertitude quant à son avenir.
La faible valeur boursière de SNC-Lavalin en fait évidemment une intéressante proie pour les grandes rivales de l’entreprise.
Malgré que la Caisse est actionnaire à 20 %, cela est nettement insuffisant pour contrer une offre publique d’achat (OPA), et ce, même si elle recevait l’aide d’Investissement Québec.
Ce n’est pas le rôle de la Caisse d’acheter des entreprises et les diriger. Et le gouvernement Legault ne va pas se lancer dans l’étatisation de SNC.
Que reste-t-il comme solution ultime advenant la culpabilité de SNC-Lavalin dans le cadre du procès criminel intenté par le SPPC ? Le démantèlement de la multinationale, par l’entremise de la vente de ses divers services et filiales.
Pendant ce temps-là, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Australie permettent à leurs multinationales d’éviter les procès criminels en concluant le même genre d’accord de réparation qu’on refuse à SNC-Lavalin.