En avril 2016, le gouvernement Couillard sera déjà à mi-mandat. On sait la réticence de tout premier ministre à remanier son équipe. Après avoir laissé entendre en juin qu’il songeait à rebrasser les cartes, M. Couillard a conclu cet automne que ce n’était pas nécessaire. Début 2016, en revanche, il ne devra plus reculer. Tant pour la popularité de son gouvernement que pour le Québec.
En juin, Philippe Couillard avait laissé entendre que dès l’automne, il pourrait remanier son équipe ministérielle. Les sondages étant plutôt positifs, il a laissé tomber. Puis, fin octobre, il s’avouait de nouveau « en réflexion là-dessus ».
Car la donne a changé. Un facteur inquiète les dirigeants à Québec : le contraste entre leur gouvernement et celui qui vient de s’installer à Ottawa. Finie, l’époque où l’équipe Harper, distante, fatiguée et aigrie, lui permettait à tout coup de se démarquer favorablement. Par rapport à l’équipe Trudeau, avec son image généreuse (au risque de faire de gros déficits) et sa compétence éclatante (sur papier du moins), le gouvernement Couillard a souvent l’air d’un fruit sec ; un groupe de pingres. Déjà, dans les sondages, la « rigueur » budgétaire perçue par d’aucuns comme de l’« austérité » (mot Voldemort du gouvernement) a commencé à saper ses appuis. Un remaniement à Québec donnerait évidemment un signal de renouvellement et permettrait de rétrograder des élus qui ont fait mal paraître l’équipe au pouvoir et n’ont pas servi le Québec comme il le mérite.
Pensons au titulaire de l’Environnement, David Heurtel, qui n’a pas seulement un faux lapsus à son actif au sujet du « grand déversement » de Montréal. L’épisode des permis de TransCanada, le mépris initial pour le sort des bélugas ainsi que ses affrontements avec le mouvement environnemental ont plombé sa gouverne. Dans le cas du projet Énergie Est comme dans celui du « grand déversement », le ministre a eu l’air de naviguer à vue. Le Devoir l’a appuyé lorsqu’il a montré des velléités de consigner les bouteilles de vin, mais M. Heurtel semble incapable de remporter cette bataille. Le premier ministre pourrait concrétiser sa « nouvelle verdeur » COP21 en le remplaçant par un élu plus solide. Une Dominique Anglade, au profil économique, pourrait incarner le sérieux que le premier ministre compte donner au dossier environnemental non seulement au Québec, mais sur le plan international.
En quittant son poste pour épuisement professionnel, Lise Thériault a suscité une sympathie normale et légitime. Cela ne doit pas faire oublier toutefois ses multiples faux pas depuis sa nomination à la tête de la Sécurité publique : confusion après l’évasion héliportée d’Orsainville ; propos contradictoires au sujet de l’enquête « publique » à huis clos sur l’incendie de L’Isle-Verte ; lenteur à réagir au dossier des femmes autochtones de Val-d’Or. Avant son congé, elle semblait avoir perdu l’aisance dont elle avait fait preuve au ministère du Travail dans le gouvernement Charest. M. Couillard a, avec raison, refusé de garantir qu’à son retour — prévu pour mardi mais reporté — elle retrouvera son ministère. Si elle mérite de rester dans l’équipe ministérielle, rien n’oblige à ce que ce soit à la Sécurité publique.
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GOUVERNEMENT COUILLARD
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