Multiculturalisme ou identité nationale ?

Pour approfondir la question des minarets autrement

Des élites déconnectées des populations enracinées

Chronique de Gilles Verrier

Bien que Français, plusieurs paragraphes du texte suivant auraient pu être écrits ici tellement les élites mondialisées se ressemblent, tellement les menaces à l'identité nationale sont ressenties elles aussi en Occident au-delà des frontières des uns et des autres. Une opinion se répand : seuls des États nationaux forts pourront faire barrage aux déliquescences du mondialisme.
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Les leçons du référendum suisse
Dimanche dernier, les citoyens helvètes étaient appelés à se prononcer sur l’interdiction d’ériger de nouveaux minarets en Suisse.
Les derniers sondages publiés avant la votation donnaient un “oui” à 37%. Le gouvernement ainsi que la plupart des partis avaient milité en faveur du “non”, donc en faveur de la poursuite de la construction de minarets.
En général, les taux de participation aux référendums suisses ne dépassent pas 40%.
Voici quels ont été les résultat du référendum de ce dimanche :
Taux de participation : 55%
Réponse : “oui” à 57,5%, donc majorité favorable à l’interdiction.
Quelles leçons tirer de ce référendum ?
1. Les instituts de sondage se sont lourdement trompés, à moins que les sondages n’aient été truqués pour influencer le vote des citoyens. Si tel est le cas, nous ne le saurons vraisemblablement jamais. Mais une autre explication pourrait être tout à fait plausible : c’est la dictature de la pensée unique qui aura poussé les citoyens helvètes à s’autocensurer et à mentir aux sondeurs sur leurs intentions de vote.

2. En Suisse aussi, les « élites » sont, comme partout en Europe, totalement déconnectées de leur peuple, et se trouvent ainsi dans l’incapacité d’en percevoir les sentiments et d’en prévoir les réactions. Souvenons-nous de la réplique de Jacques Chirac à un groupe d’étudiants, lors de la campagne sur le référendum européen : « Je ne vous comprends pas ! »

3. La Suisse est l’une des très rares démocraties encore vivantes en Europe. Il n’y a, de ce fait, guère de risque que le choix du peuple, donc l’expression de la démocratie, y soit contrarié. Seuls les « verts » suisses ont l’intention de s’engager dans la voie d’une remise en cause.

4. Les Suisses n’ont pas voté contre la pratique de la prière ni contre la liberté de conscience ou de culte, mais contre un signe religieux qu’ils considèrent comme ostentatoire.

5. Le peuple helvète aura choisi de ne pas faire confiance à la parole de son Président, qui avait pourtant donné la garantie, avant même la tenue du scrutin, que jamais l’appel à la prière « Allah ô Akbar » ne retentirait sur le sol suisse. En effet, derrière la question du minaret se profilait également celle de l’appel à la prière qui aurait un jour pu retentir plusieurs fois par jour à travers la Suisse, donnant ainsi le sentiment que la Suisse était devenue terre d’Islam.

6. Au-delà de la question posée, les Suisses ont vraisemblablement aussi utilisé ce vote pour exprimer leur peur d’une religion dont certains pratiquants leur semblent rencontrer de sérieuses difficultés à respecter les codes du bien-vivre ensemble de la société d’accueil. Dans une telle situation, il est stérile de tancer les Suisses et les autres Européens qui se sont rués sur les sondages en ligne pour exprimer le même sentiment. Il serait nettement plus constructif de saisir cette occasion pour travailler sur le fond du problème et rappeler la nécessité du respect par tous, y compris par les autochtones, des principes et valeurs de la société : « Avoir occulté aux migrants et à leurs descendants la réalité du contrat social et moral qui lie l’ensemble des membres de la société française ne pouvait aboutir qu’à leur exclusion. » (extrait d’un entretien que j’avais accordé à l’Observatoire du communautarisme)

7. En France, les réactions de Noël Mamère et de Daniel Cohn-Bendit démontrent une fois de plus que les Français devraient se méfier de ceux qui se présentent comme portant la question verte : ces derniers apportent bien d’autres idéologies dans leur besace.

Conclusion : quand la peur s’empare de la foule, il devient extrêmement difficile d’en appeler à la raison. Extrait du Puzzle de l’intégration : « Nous pouvons (mais pour combien de temps encore ?) débroussailler le chemin qui permettra aux immigrés animés par une réelle et sincère volonté de s’intégrer, de rejoindre la communauté nationale. Nous avons la fortune de vivre dans un pays ouvert qui permet le débat d’idées. Alors, place au débat sur l’un des sujets qui engagent véritablement l’avenir de la France. »
Une seul ligne de conduite doit désormais prévaloir. Pour venir en aide à ceux qui sont animés d’une réelle et sincère volonté de s’intégrer, l’État doit de nouveau assumer ses responsabilités et réaffirmer la réalité des principes républicains. Que signifient-ils concrètement ? Par quels types de comportements et de règles de savoir-vivre se traduisent-ils au quotidien ?
Il est urgent que l’État tourne le dos à la politique d’« accommodements déraisonnables » et aux politiques qui heurtent l’égalité républicaine. L’affaiblissement par l’État de nos codes et valeurs ne signifie nullement que le peuple français y renonce de son côté. C’est cette ligne de fracture entre le peuple et l’État qui nourrit un malaise de plus en plus palpable dans notre société, et qui pourrait conduire à une bataille de tranchées entre d’une part, les Français qui défendent les principes et valeurs qui structurent l’identité française, et d’autre part les multiculturalistes qui somment le peuple français d’admettre qu’il serait désormais porteur de plusieurs identités. On ne bouscule pas impunément un peuple sur son territoire. Bien sûr, dans la catégorie « Français qui défendent les principes et valeurs qui structurent l’identité française », nous retrouvons également des Français issus des dernières vagues d’immigration.
Je tiens à rappeler qu’en matière d’intégration, nous sommes en présence d’un contrat entre deux parties : le nouvel entrant et la communauté française. La classe politique pourra bien raconter ce qu’elle veut, si le nouvel entrant n’apparaît pas porteur des valeurs de la République, il ne sera pas adopté, pas reconnu par les Français comme membre de la communauté française. Et n’oublions jamais que ce n’est pas avec la classe politique que les nouveaux entrants sont appelés à vivre, mais avec le peuple français.

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Gilles Verrier139 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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5 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    6 décembre 2009

    Merci Monsieur Verrier pour votre texte, qui nous démontre une fois encore, que les peuples ont les deux pieds sur terre, profondément ancrés dans le bons sens, et cela contrairement à nos politiques, qui veulent nous emmener là où nous ne voulons pas aller !
    Nous venons de recevoir une bonne leçon de nos voisins Helvètes sur qui beaucoup ont tiré plus vite que leur ombre, les traitant bien entendu de ..racistes ! Facile ! Merci de leur rendre justice en expliquant qu'ils ne veulent pas empêcher les musulmans de prier ..
    Si les états réaffirmaient enfin les principes républicains, et le nôtre en France en particulier, cela permettrait que la peur ne soit pas mauvaise conseillère et n'entraîne pas ce repli sur soi, et cette crainte de tout ce qui est étranger.C'est tout à fait cela qui permettrait une bonne entente, et une vraie acceptation de personnes vraiment différentes de nos propres modes de vie. Ces nouveaux arrivants, s'ils savent qu'ils doivent respecter les lois de la république, pourraient vivre tranquilles et seraient enfin bien accueillis..
    Est-ce que les médias, toute la politique actuelle, ne nous montent pas en épingle quelques simples faits divers " un voile par-ci, un minaret par-là, un iman extrémiste à Roubaix ... etc.. ce qui fait que nous nous sentons ainsi agressés de toutes part, et peut-être pour pas grand chose ?.. N'est-ce pas une question à creuser?
    Au sujet de Noël Mamère et Dany Cohn Bendit leur question verte peut bien, en effet, être l'arbre qui cache la forêt.. de bien d'autres idéologies ..
    Madame Marie Mance Vallée ce que vous nous racontez pour l'Abitibi nous l'avons vécu en France où un grand nombre d'étrangers, des Italiens, des Espagnols, des Portugais des Polonais et j'en oublie .. se sont installés en France aprés la guerre, sans aucun problème et sont devenus plus Français que nous, si je peux dire cela ! .. Ils se sont intégrés tranquillement et aujourd'hui si ce n'était leur nom qui sonne différemment, nous ne nous apercevrions même pas que leurs parents sont venus d'ailleurs, en un autre temps .. Alors pourquoi cela ne peut pas se passer de la même manière pour les personnes arrivant des pays musulmans? pourquoi ce charivari ? Est-ce seulement à cause de leur religion si différente de la nôtre ? Pourtant si nous avons des amis musulmans modérés, nous nous rendons vite compte qu'il n'y a aucun problème.. Pourquoi ces musulmans-là, qui sont pourtant les plus nombreux, ne se font-ils pas plus entendre, pourquoi ne s'opposent-ils pas aux extémistes, cela remettrait en effet les choses à leur juste place en empêchant de confondre tout et n'importe quoi .

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2009

    J'ai vécu dans les années 60-70, dans une région minière, l'Abitibi pour ne pas la nommer. Dans la décennie précédente, des centaines d'immigrants venus de Yougoslavie, de Tchécoslovaquie, de Pologne, d'Ukraine et autres pays de l'Est s'y étaient établis et beaucoup travaillaient dans les mines. Ils avaient épousé pour la plupart des Canadiennes françaises, disait-on à l'époque. Ils avaient à quelques exceptions près la même culture et surtout la même religion. On y voyait une ou deux églises de rite orthodoxe, mais pas plus et qui se fondaient dans le décor minier. Il n'y avait pas de prosélytisme..., en ce temps-là.
    À ma connaissance, ces immigrants de première génération n'ont posé aucun problème et s'intégraient au milieu qui était francophone. Il y avait bien une poche de résistance anglophone, une école, si je me souviens bien, pour les Anglais, mais vite submerger par les nôtres. Je n'irais pas jusqu'à dire que tout était au beau fixe, mais tout de même, il y avait de l'harmonie et nous ne sentions pas le danger comme ces années-ci. Et cette intégration s'est faite bien avant le mouvement souverainiste.
    Je m'informais récemment de la santé francophone dans cette région et on me disait que beaucoup des immigrants de deuxième génération étaient très indépendantistes. Qu'il n'y avait qu'une chose qui les différenciaient, c'était leur nom de famille. C'est tout.
    Sans doute ceux qui ne s'y sentaient pas à l'aise avait quitté pour l'Ontario dont la frontière était à une trentaine de milles environ.
    Bien sincèrement, je ne crois pas que les communautés juives et arabes, en raison de leur religion, aient le désir de s'intégrer à la société d'accueil ou de ce qui en restera bientôt, puisque la masse critique francophone montréalaise s'amenuise à vue d'oeil. Je crois que nous commettons une erreur qui nous sera fatale éventuellement, parce que nous n'avons plus la volonté politique de survivre. Que nous nous laissons influencer par des demi-instruits (dixit M. Sauvé) qui font la promotion du multiculturalisme tout azimut, de l'ouverture et de la tolérance jusqu'à la bêtise.
    Alors bravo à la Suisse qui nous donne une leçon de vie en société!
    C'est mon opinion.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2009

    Excellent texte M. Verrier
    Les Suisses n'ont pas voté contre leur communauté musulmane.
    Lors de ce référendum, le peuple Suisse, en contradiction avec son élite bien pensante engluée de "rectitude politique" a tout simplement exprimé le sentiment que :
    par son absence de structure,
    par ses signes ostentatoires,
    par ses débordements fondamentalistes
    et
    par sa philosophie de non différenciation entre le politique et le religieux,
    l'Islam, est tout simplement totalement inadaptée aux valeurs et à l'évolution des sociétés occidentales.
    Guy LeVasseur
    Rimouski

  • Réjean Labrie Répondre

    4 décembre 2009

    L'écart entre les élites dominantes aux beaux principes fallacieux déconnectés de la réalité et la population au gros bon sens basé sur le fonctionnement réel des êtres humains continue de se creuser. À nous les citoyens de faire valoir nos choix démocratiquement comme le peuple suisse.
    Il y a deux catégories d'immigrants: les occidentaux qui ont la volonté de s'intégrer et le font sans grande difficulté; les tiers-mondistes dont le système de valeurs diamétralement opposé au nôtre est source de conflits constants et de tension sociale incessante. Au nom de quoi une nation devrait-elle accueillir des immigrants qui ne partagent pas son code de vie? Une société doit-elle mettre tout en oeuvre pour créer des conditions de vie problématiques pour ses propres concitoyens?
    Le bon peuple suisse a choisi lors d'un autre référendum de n'ouvrir ses portes qu'aux occidentaux afin de préserver l'homogénéité de sa société, base du bien-vivre ensemble. On peut s'attendre à un effet d'entraînement salutaire de la part des peuples occidentaux.
    Réjean Labrie de Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 décembre 2009

    Excellent texte qui apporte un éclairage plus en profondeur à cette question
    Comme québecois de souche, je suis interpelé de plus en plus par des accommodements déraisonnables et cherche à comprendre