Crise au Parti québécois

Pauline Marois veut retrouver ses brebis égarées

Aussant et Lapointe participeront à un colloque sur la souveraineté en compagnie de Jacques Parizeau

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Pauline Marois — qu’on voit ici sur une affiche réalisée pour le congrès du Parti québécois tenu au mois d’avril — s’est dite ouverte au retour de ses députés démissionnaires.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Québec — Pauline Marois et son caucus ont réclamé hier le retour au bercail des brebis égarées, mais deux d'entre elles, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant, participeront samedi à Montréal à un colloque d'indépendantistes partageant la volonté de Jacques Parizeau d'accélérer la préparation de la souveraineté. Ces critiques de l'approche de «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois écouteront même l'ancien premier ministre faire la synthèse des débats du colloque, lequel se terminera d'ailleurs par la première remise d'un prix Jacques-Parizeau accordé annuellement à un intellectuel souverainiste. Le sociologue Guy Rocher en sera le récipiendaire, selon l'information disponible sur le site Web de l'organisme organisateur, les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
Ancien ministre péquiste, le président des IPSO, Gilbert Paquette avait démissionné du Parti québécois aux côtés de M. Parizeau en 1984. En 2005, il s'était présenté à la chefferie du parti, se ralliant à Pauline Marois dans les derniers jours de la course. Pour M. Paquette (qui coordonne aussi le réseau «citoyen» Cap sur l'indépendance), le psychodrame autour de la loi 204 sur l'entente Labeaume-Quebecor est une aberration et une preuve que les souverainistes ont trop tendance à «se perdre dans des questions accessoires» de gestion provinciale.
Quant au colloque de samedi (qui se tiendra à la Chapelle historique du Bon-Pasteur), son but est d'actualiser «l'argumentaire de la souveraineté», a expliqué M. Paquette. Une quinzaine d'intellectuels se consacreront chacun à un aspect de la souveraineté (territoire, économie, langue, etc.) et offriront des textes qui donneront lieu à un ouvrage collectif. Le statisticien Charles Castonguay, la militante indépendantiste Andrée Ferreti, le candidat à la chefferie bloquiste Pierre Paquette ainsi que le candidat défait à la présidence du Parti québécois Daniel Turp, notamment, participeront à la journée de débats. Rappelons qu'en mars, M. Turp, alors président de la commission politique du PQ, avait défendu le droit de Lisette Lapointe de déposer une résolution réclamant la création d'une Commission de préparation à la souveraineté. Il avait qualifié d'«inconcevable» la décision de la direction du parti de tenter d'empêcher que cette résolution soit mise aux voix et avait lancé: «Je crois que les gens ont le droit de débattre dans ce parti!»
Des regrets
Par ailleurs, Pauline Marois s'est dite ouverte à réintégrer un jour dans son caucus les quatre démissionnaires; le cas le plus difficile étant celui de Lisette Lapointe, puisque cette dernière est allée très loin, lundi, dans sa critique de la chef et son refus d'accepter les décisions du congrès.
À l'entrée de la réunion du caucus, la députée de Matapédia, Danielle Doyer, rappelait que Mme Lapointe avait dit lundi que l'air «était devenu irrespirable» au PQ: «Elle aussi était [une cause du fait] qu'on avait de la misère à respirer!», a rétorqué Mme Doyer. Elle a ajouté que de 85 à 90 % des collègues de Mme Lapointe avaient rejeté la «stratégie ouverte» qu'elle proposait, sans compter «la plupart des comtés très fortement, les régions très fortement et le Congrès national très fortement. Elle ne l'a pas admis. Mais à un moment donné, c'est aussi ça, la démocratie!»
Quant au nouveau président du PQ, Raymond Archambault, il a prétendu que certains des démissionnaires regrettaient déjà leur geste: «Il y en a qui songeraient, si c'était possible, à reculer l'horloge», a-t-il lancé sans pouvoir avancer ni nom ni preuve de son affirmation, au sortir du caucus.
Pour le député de Gouin, Nicolas Girard, le PQ ne pouvait proposer la même démarche vers la souveraineté qu'en 1995, comme Mme Lapointe le souhaitait. À ses yeux, une nouvelle génération a investi le PQ et celle-ci n'est pas souverainiste pour les mêmes raisons que ses aînés. À ses yeux, «ce qui s'est passé dans les derniers jours permettra aux Québécois de connaître davantage ces jeunes-là».


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