Old Harry - Pressons-nous... lentement

Pétro-Québec



Il y a plus d'une décennie maintenant que des négociations ont lieu entre Ottawa et Québec pour en arriver à une entente semblable à celle signée, il y a 25 ans, avec Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse sur l'exploitation pétrolière au large des côtes. La semaine dernière, le ministre conservateur Christian Paradis a admis que ces négociations avançaient. Encore faut-il qu'elles aboutissent!
À la défense d'Ottawa, il faut se rappeler que, même si les discussions étaient amorcées avant l'arrivée du gouvernement Charest, en 2003, celui-ci ne s'intéresse à la question que depuis deux petites années. Or, pendant ce temps, Terre-Neuve profitait de sa propre entente avec Ottawa pour délivrer des permis d'exploration de l'important gisement Old Harry qui chevauche la frontière du Québec, à 80 km des îles de la Madeleine.
Selon les estimations actuelles, Old Harry pourrait contenir quelque 2 milliards de barils de pétrole dont les deux tiers seraient situés dans la partie québécoise, soit davantage que le 1,2 milliard de barils du gisement Hibernia. Son exploitation pourrait rapporter des milliards au gouvernement du Québec si Ottawa renonce aux redevances — ce qui est le cas pour Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse — et si notre gouvernement fait ce qu'on attend de lui.
Cela dit, ce n'est pas parce que le pétrole est là et que Terre-Neuve a pris de l'avance qu'il faut se précipiter à notre tour. Au contraire, c'est Terre-Neuve qui doit patienter, le temps qu'on ait terminé les études d'impact sur l'environnement. D'ailleurs, Québec a décrété un moratoire jusqu'en 2012, ce que Terre-Neuve refuse de faire par insouciance ou parce que le gisement est situé loin de ses côtes. Comme l'Assemblée nationale du Québec vient de l'exiger à l'unanimité de ses membres, Ottawa doit intervenir pour forcer le bouillant Danny Williams à entendre raison.
Par ailleurs, il n'est absolument pas question de prendre le risque de nuire à l'industrie de la pêche au crabe et au homard, qui constitue un mode de vie en plus d'une activité économique de 800 millions par année pour les habitants des Îles. Même si les études du BAPE concluaient à la possibilité d'exploiter le gisement Old Harry sans mettre la faune marine et le gagne-pain des Madelinots en péril, il faudrait resserrer les normes techniques d'exploitation à la lumière des changements apportés aux États-Unis dans la foulée de la catastrophe du golfe du Mexique, et faire en sorte que les élus continuent d'exercer leur entière responsabilité sur ce secteur, ce qui n'est pas le cas à Terre-Neuve.
L'expérience des gaz de schiste le montre bien: ce n'est pas suffisant de savoir que la ressource existe, encore faut-il apprendre à gérer des dossiers aussi controversés avec prévoyance et intelligence pour en tirer le meilleur parti au moindre risque pour les populations et l'environnement. Avouons que nous n'en sommes pas là chez nous!


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