On commence à comprendre

Shell qu'on n'aime pas

Chronique de Richard Le Hir



La série d'avis d'infraction qui lui ont été signifiés au cours des dernières années de même que les témoignages d'hier en commission parlementaire à Ottawa nous permettent de comprendre que Shell a négligé sciemment de faire les réinvestissements nécessaires pour maintenir sa raffinerie à niveau. Mais quand on sait que cette raffinerie compte 77 ans d'âge, on doit aussi comprendre qu'elle n'est pas loin d'être rendue au terme de sa vie utile et que la poursuite de son exploitation, même en admettant qu'on y investisse les 600 millions requis, fait courir à son personnel et à l'environnement des risques qu'une société moderne ne peut accepter.
Ayant travaillé tant chez Esso que chez Texaco, j'ai participé aux décisions qui ont mené à la fermeture et au démantèlement de deux raffineries à Montréal-Est. Ce ne sont pas des décisions faciles et elles ne sont pas prises à la légère, car les incidences financières sont colossales. Pour les entreprises concernées, la fermeture d'une raffinerie signifie la perte d'un très important flux de revenus auxquelles elles tiennent comme à la prunelle de leurs yeux… tant que les profits demeurent au rendez-vous. Quand aucun scénario envisageable ne permet plus de voir comment la poursuite de l'exploitation pourrait être profitable, elles se résignent à leur corps défendant à la cessation des opérations.
Shell se trouve donc dans cette situation et il est très important de savoir que la fermeture d'une raffinerie et son démantèlement entraînent des coûts très importants, notamment pour la remise en état du site pour qu'il puisse être affecté à d'autres usages. À titre d'exemple, la seule décontamination du site de la raffinerie de Texaco a coûté quelques 65 millions en dollars de 1986. La décontamination du site de Shell, d'âge et de taille comparables, va entraîner des dépenses d'au moins 150 millions en dollars de 2010, et il s'agit d'une estimation conservatrice.
C'est pourquoi il faut accueillir l'intérêt manifesté par Delek avec beaucoup de réserves. Elle a fait une offre de 150 millions pour la raffinerie ET le réseau de distribution au détail. Bâtir une raffinerie rentable aujourd'hui suppose un investissement qui avoisine les 2 milliards $.
Même en admettant qu'il y ait des investissements de 600 millions à faire pour en poursuivre l'exploitation et qu'il y ait des obligations environnementales à assumer, le prix proposé par Delek apparaît bas et, à ce niveau, il n'est pas très loin du prix de revente de toute la ferraille qui se trouve sur le site (des kilomètres de tuyaux, des tonnes de robinetterie, du filage, du cablage, etc., etc, qui prendront le chemin du Japon, de la Corée et de la Chine pour nous revenir sous forme de voitures, de mobilier de jardin, de lampes, etc.)
Qui plus est, le réseau de distribution à lui seul vaut certainement pas loin du montant de l'offre. On sait ce qu'est une négociation, mais il faut tout de même l'aborder avec un minimum de crédibilité et de bonne foi, et ce n'est pas ce qu'a fait Delek jusqu'ici. En fait, tout se passe comme si Delek comptait sur les réactions que suscitent la fermeture et l'intervention des gouvernements (y compris d'éventuelles subventions) pour acquérir la raffinerie à très bas prix.
Une fois aux commandes, elle fera le strict minimum nécessaire pour maintenir la raffinerie en opération le plus longtemps possible tout en nous refilant la plus grosse facture possible, encaissera de juteux profits pour récupérer sa petite mise de fonds et s'évanouira dans la nature, ni vue ni connue, quand il ne restera plus un sou à en tirer, et nous resterons pris avec la facture de la décontamination du site en plus des impôts impayés et tout ce qui s'ensuit dans ce genre de scénario.
Procès d'intention, me direz-vous. Hélas, ce ne serait pas la première fois qu'une telle situation se produirait. Avant d'accepter de mettre un sou de nos taxes dans cette affaire, nos gouvernements feraient bien de s'assurer de la solvabilité de l'entreprise et exiger des garanties sérieuses. N'oublions pas que de grosses entreprises telles que GM, (pourtant autrement plus crédibles que Delek) nous ont déjà extorqué des centaines de millions en subventions pour fermer leurs usines (dont celle de Ste-Thérèse) quelques années plus tard.
Un des arguments avancés pour maintenir la raffinerie de Shell en opération est celui de la sécurité de nos approvisionnements. Cet argument ne tient pas. Aucune menace ne pèse présentement sur la sécurité de nos approvisionnements. L'offre de pétrole excède largement la demande, et il est à prévoir que ce sera le cas pour un bon moment car l'économie mondiale va tourner au ralenti pendant encore quelques années. De plus, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre va entraîner une modification des parts de chaque source d'énergie dans le bilan énergétique mondial, nécessairement au détriment du pétrole.
Même si l'industrie du pétrole a encore de beaux jours devant elle, même s'il demeure possible que le pétrole connaisse encore des flambées de prix épisodiques, nous ne manquons pas de pétrole, et sur un horizon de 25 ans, nous en consommerons moins. Dans une industrie qui opère sur des cycles d'investissement de 25 ans et plus et qui exige des capitaux énormes, c'est une réalité qu'il faut constamment garder à l'esprit.
En attendant, dans le cas de la raffinerie de Montréal-Est, et aussi pénible cela puisse-t-il être pour les travailleurs qui perdent leur emploi, vaut mieux laisser Shell régler seule son problème. Là où le gouvernement du Québec pourrait jouer un rôle très utile qui aurait des effets bénéfiques sur l'emploi, ce serait dans l'imposition à Shell d'un cahier des charges très sévère pour la décontamination et la revalorisation du site de sa raffinerie. Tôt ou tard, les négligences doivent se payer, et jusqu'ici Shell a eu la vie facile. Elle veut fermer, très bien. Mais elle ne peut continuer à faire des profits sur notre dos en exploitant son réseau de distribution sans remettre dans notre milieu une partie de ce qu'elle y a pris, et le moment est venu de passer à la caisse. Le gros prix, vous dis-je. Shell, comme BP, a des poches profondes. C'est le moment d'en profiter.
Auteur : Richard Le Hir


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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juillet 2010

    Plusieurs pays occidentaux importent leur essence car ils manquent de capacités de raffinage pour satisfaire leur demande intérieure.Leur économie s’en porte pas plus mal à cause de cette situation.
    Ultramar peut satisfaire le demande intérieur du Québec.
    Le Brésil et le Vénézuela peuvent aussi raffiner pour le Québec au lieu de Shell et Suncor à Montréal-Est.
    Le Québec aurait un meilleur bilan de GES.
    À part le BQ,il n'y a pas beaucoup de monde qui ont pleuré sur les milliers d'emplois perdus en foresterie,dans les régions éloignées de Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juillet 2010

    Le Québec consomme actuellement environ 400 000 barils de pétrole par jour en provenance essentiellement de la Norvège et de l'Algérie.
    Pétrolia, une société junior basée à Rimouski et à Québec veut en produire 5 % (20 000 barils) d'ici quatre ans en Gaspésie .Il serait raffiné par Ultramar.
    Pétro-Québec pourrait produire des milliers de barils d’éthanol cellulosique par jour,à Montréal-Est ou à Trois- Rivières pour faire rouler nos véhicules, comme le Brésil fait avec son éthanol de canne à sucre.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    Monsieur Bergeron,
    vous qui vous demandiez inopportunément, après avoir écrit 75 textes publiés, il n'y a pas si longtemps, si Vigile était toujours utile, à défaut d'avoir du jugement vous pourriez avoir un peu de logique.
    En effet, c'est à la suite de mes interventions sur la fermeture de Shell que M. Richard Le Hir, en commentaires, a apporté les informations que vous jugez si précieuses. Si je n'avais pas remis en question (ce que vous appelez avec mépris "piailler" ou que Le Hir appelle lui aussi avec mépris "pinailler") "l'expertise" de l'ex-ministre péquiste, elle n'aurait pas eu l'occasion de s'exprimer.
    Votre mépris dont je me fous comme de ma dernière chemise, il me fait penser à ces oiseaux au becs pointus qui picossent sur le dos des hippopotames à la recherche d'insectes parasites. C'est un phénomène étrange que la nature nous donne d'observer et qui existe aussi sur le plan intellectuel.
    Quant aux prévisions totalement négatives de M. Le Hir sur l'échec des négociations entre Shell et Delek, il est possible malheureusement qu'elles se réalisent.
    Mais quand je vois Messieurs Bergeron et Le Hir se préoccuper de la santé des travailleurs de la raffinerie, je sors ma boite de Kleenex et je me dis que sur ce sujet, je préfère l'opinion du syndicat des employés de Shell-Montréal-Est qui veut que la raffinerie reste ouverte pour assurer l'emploi de 500 à 800 travailleurs et qui tient aux retombées économiques annuelles de 400 millions pour l'Est de Montréal.
    Et je condamne le paternalisme de ceux qui savent mieux que les travailleurs eux-mêmes ce qui est bon pour les travailleurs.
    Robert Barberis-Gervais, 23 juillet 2010

  • Jacques Bergeron Répondre

    23 juillet 2010

    Des piailleurs il y en a beaucoup comme vous, en réponse à M. Barberis. Dire que vous avez raison serait un euphémisme. Mais il n'est pas le seul à agir de cette façon. Quant à l'auteur de cet texte, il croit comme vous que l'offre de la société Delek n'est pas intéressante surtout si nous l'analysons à la suite des articles écrits sur cette société du Texas qui a reçu plus de 75 avis concernant sa gestion/risques de sa raffinerie. On ne doit pas courir de risques avec la santé et la vie des gens même si la disparition de la raffinerie Shell peut faire perdre de nombreux emplois,directs et indirects. Merci de nous tenir informés comme vous le faites par vos articles.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    23 juillet 2010

    Réponse à M. Barberis-Gervais
    Oui, vraiment pitoyable votre réponse.
    On m’a effectivement enseigné la rigueur au Collège Stanislas, comme aux universités de Paris, Barcelone et Montréal où j’ai étudié en linguistique et en droit, comme dans l’industrie pétrolière où j’ai fait mes classes, et comme dans tous les milieux d’affaires où j’ai œuvrés par la suite. Vous tombez mal, je suis justement réputé pour ma rigueur et la justesse de mes analyses. J’en ai dérangé bien d’autres avant vous.
    Pour ce qui est de la suite des choses chez Shell, ne vous réjouissez pas trop vite. Voici ce qui va se passer.
    Shell invite aujourd’hui Delek à reprendre les négociations sur la vente de la raffinerie. Aucune mention du réseau de distribution. Shell indique que son prix oscille entre 150 et 200 millions auxquels il faut rajouter les 600 millions de remise à niveau et un 400 millions en fonds de roulement que l’acheteur va devoir s’engager à maintenir, plus l’assumation des responsabilités environnementales associées à l’exploitation de la raffinerie et à la décontamination du site lorsque l’exploitation cessera.
    Pourquoi Shell va-t-elle demander de telles garanties ? Pour éviter de se retrouver confrontée à des poursuites advenant un incident majeur ou l’interruption de l’exploitation par Delek pour cause d’insolvabilité.
    Quant au réseau d’exploitation, Shell refusera de s’en départir parce que c’est son droit le plus strict et qu’elle tient à conserver une importante source de profits. Elle a invité Delek à reprendre les discussions sur la vente de la raffinerie, pas sur autre chose.
    Quant à Delek, et quelques puissent être mes soupçons sur l’intégrité de ses méthodes, je lui donnerai raison sur un point : il serait insensé pour elle de d’acheter une raffinerie sans pouvoir compter sur l’assurance de pouvoir écouler sa production par l’entremise de son propre réseau de distribution. Elle risquerait trop de se faire « squeezer » par ses concurrents qui la forceraient à brader sa production à l’exportation, sans qu’elle puisse faire le moindre profit.
    Ça, M. Barberis-Gervais, c’est les affaires.
    Shell sait fort bien que Delek ne lui fera pas d’offre qu’elle pourrait juger acceptable selon les critères qu’elle a fixés.
    Je vous l’ai dit et je le répète, la seule chose que nous puissions faire c’est d’amener Shell à procéder à la décontamination de sa raffinerie et à la revalorisation des terrains que la taille réduite de ses activités ne justifiera plus selon l’échéancier le plus court et le cahier des charges le plus lourd.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    Dans un communiqué officiel, Shell nous apprend qu'elle est prête à négocier avec Delek. Certains souhaitent que ça échoue. Pas moi.
    Il y a donc une lueur d'espoir pour éviter la fermeture de la raffinerie et le maintien des retombées de 400 millions par année que cela implique pour l'Est de Montréal.
    Voilà ce qui est important.
    Quant à vous M. Le Hir, un mot. Au collège Stanislas, ne vous a-t-on pas appris la rigueur?
    Robert Barberis-Gervais, 23 juillet 2010

  • @ Richard Le Hir Répondre

    23 juillet 2010

    Réponse à M. Barberis-Gervais,
    M. Barberis-Gervais,
    Des pinailleurs comme vous, il n’en existe pas beaucoup. Dans la réponse que j’ai donné à M. Champagne hier, j’ai indiqué que le montant de l’offre, qu’il ait été de 150 millions ou de 420 millions n’avait pas beaucoup d’importance parce qu’il était encore loin du compte. Je vous ai indiqué à vous dans un message antérieur que le chiffre d’une telle vente devrait tourner autour de 750 millions si le réseau de distribution devait être inclus.
    Quant aux chiffres qui circulent, vous prétendez mordicus que le chiffre avancé par Le Devoir est le bon. Pourquoi accordez-vous tant de foi à celui-là alors qu’hier The Gazette, dans un éditorial affiché sur Vigile parle de 110 millions http://www.vigile.net/Shell-doesn-t-deserve-to-be . Allez-vous me dire que les sources du Devoir sont meilleures et que celles de la Gazette sont moins bonnes ?
    S’agissant d’affaires, je serais pour ma part porté à croire que celles de la Gazette ne sont pas mauvaises du tout, d’autant plus que la Gazette est détenue par des intérêts qui peuvent facilement avoir accès à Delek.
    Pour votre gouverne, M. Barberis-Gervais, sachez que les entreprises ne négocient pas sur la place publique. Elles gardent pour elles leur stratégie de négociation et elles n’en révèlent que les bribes les plus ténues lorsqu’elles sont absolument obligées de le faire. Et même lorsque la transaction est conclue, elles ne disent pas tout, car il y a des informations qu’elles ont intérêt à garder confidentielles.
    Votre intervention me permet de rajouter un point dans ce débat. J’ai déjà souligné que cette raffinerie avait atteint l’âge vénérable de 77 ans, soit le terme de sa vie utile. Il est vrai qu’on peut encore la maintenir en activité en réinvestissant 600 (selon Shell) à 800 millions(selon Delek, voir The Gazette), mais en fin de compte on aura encore une vieille raffinerie qui ne sera pas à la fine pointe de la technologie, ce qui fait courir aux travailleurs, aux populations avoisinantes, et à l’environnement un risque additionnel dû à la vétusté des installations.
    Ce risque est à mettre dans la balance avec le maintien de l’emploi des travailleurs. Vous choisissez de maintenir l’emploi des travailleurs, moi je trouve épouvantable que les travailleurs soient placés devant le choix de maintenir leur emploi au détriment possible de leur sécurité. Pour ce qui est du risque général posé à la collectivité et à l’environnement, je préfère pour ma part m’en remettre au principe de précaution.
    Chacun sa philosophie !
    Par ailleurs, vous trouvez que ma réponse à M. Champagne est faible. Sachez que, pour ma part, ce sont vos interventions que je trouve faibles dans ce dossier parce que vous vous êtes lancé sur votre Rossinante à la poursuite des moulins à vent sans être suffisamment bien informé. Pour louables et généreuses qu’elles soient, les bonnes intentions ne suffisent pas et peuvent même contribuer à la prise de mauvaises décisions comme nous l’avons trop souvent vu dans le passé. Souvenez-vous de Tricofil, de Québecair, de la Société nationale de l’amiante, de Gaspésia...
    Si vous vous donnez la peine de relire le commentaire de M. Champagne, vous verrez qu’il soulevait trois points. J’ai répondu précisément aux trois points et, relecture faite, cette réponse répond adéquatement et complètement aux points qu’il soulève.
    La vérité, M. Barberis-Gervais, c’est que vous auriez été bien heureux de le voir me river mon clou. Ce sera pour une autre fois.
    Quant à votre retour sur mon article sur le nouveau gouverneur-général, le fond du problème, c’est que vous n’avez pas supporté me voir recevoir les compliments de Mme Feretti en raison de votre contentieux avec elle. C’est de l’enfantillage. Sur le fond de l’affaire, je maintiens ce que j’ai dit et écrit en deux temps. Si M. Johnston n’est pâs docteur en droit constitutionnel, il est docteur en droit et possède nécessairement en droit constitutionnel un niveau de connaissance bien supérieur à celui de la très grande majorité des gens, et notamment de Mme Jean qu’il remplace. Et surtout, comme je le soulignais dans ce texte il s’agit de ce genre de personne que les anglais qualifient de « safe hands », une expression que j’ai traduite par une « main sûre ».
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juillet 2010

    
M. Le Hir, 
vous avez écrit : 
"C’est pourquoi il faut accueillir l’intérêt manifesté par Delek avec beaucoup de réserves. Elle a fait une offre de 150 millions pour la raffinerie ET le réseau de distribution au détail." C’est ce que vous avez écrit. 

    Cette phrase contient une grosse erreur. Tout ce que j’ai pu lire dans ce dossier confirme que le 150 millions, c’est pour la raffinerie de Montréal-Est. Quand Delek dit qu’il veut s’assurer d’avoir les clients (cf Branchez-vous), ça ne veut pas dire que Delek veut payer 150 millions pour la raffinerie ET le réseau de distribution au détail c’est-à-dire, entre autres, toutes les stations d’essence Shell au Québec et dans les Maritimes.
    
Pas besoin d’être docteur en économie ou en arithmétique pour voir que la raffinerie de Montréal-Est plus toutes les stations d’essence de Shell au Québec et dans les Maritimes et peut-être aussi des camions citernes pouvant faire partie du réseau de distribution, tout cela ne peut pas être acheté pour 150 millions surtout quand Le Devoir, dès juin, a mentionné le chiffre de 420 millions.
    
Si vous voulez critiquer Delek, M. Le Hir, c’est votre droit. Mais pas avec des chiffres erronés. 
Quand vous faites une erreur M. Le Hir comme c'est présentement le cas, ça serait plus facile de discuter avec vous si vous aviez l’humilité de l’admettre tout simplement. Si la même chose m'arrive, j'espère avoir suffisamment de modestie
    pour admettre mon erreur.
    J’approuve donc jusque dans ses détails la réplique que vous a faite M.Louis Champagne. 
De plus, je trouve votre réplique à vous bien faible. 

    Dans un autre ordre d’idées,vous me rappelez votre savante analyse de la signification politique de la nomination de Johnston comme gouverneur général du Canada fondée en partie sur votre affirmation que ce monsieur était docteur en droit constitutionnel. Andrée Ferretti vous a félicité de votre perspicacité. 

    Or, un lecteur vous a fait remarquer que Johnston n’était pas docteur en droit constitutionnel. 
Vous avez répliqué par une pirouette en disant que pour s’être rendu si loin, Johnston devait s’y connaître en droit constitutionnel.
    
Dans ces circonstances, je considère qu’il est très difficile d’avoir un vrai débat sur quelque sujet que ce soit avec vous. Sachez que je le déplore.
    
Robert Barberis-Gervais, 22 juillet 2010 



  • @ Richard Le Hir Répondre

    21 juillet 2010

    Réponse @ Louis Champagne
    Pour le prix, ma référence est la suivante, et vous pouvez également la trouver dans d’autres sources sur Internet, en restreignant vos paramètres de recherche à l’information diffusée hier et aujourd’hui :
    http://biz.branchez-vous.com/actuaffaires/2010/07/shell-raffinerie-montreal-delek-comite-parlementaire.html
    Mais que le prix offert par Delek soit 150 millions ou 420 millions comme vous le suggérez ne change pas grand chose car on est encore loin du compte, et la manoeuvre de Delek demeure tout aussi condamnable. Dans le métier, on qualifie un opérateur comme Delek de « fly-by-nighter », et je maintiens qu’il faut s’en méfier.
    Pour ce qui est de la relation que vous établissez entre la sécurité des approvisionnements et le prix à la pompe, elle démontre que vous connaissez bien mal les mécanismes de fixation des prix. Commençons d’abord par préciser qu’au Québec, le prix à la pompe fait l’objet d’un certain contrôle par la Régie de l’énergie, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliciter dans un commentaire sur l’un des textes de M. Barberis-Gervais, et auxquels je vous renvoie.
    Les prix sont fixés d’une part par le plancher fixé par ladite Régie de l’énergie, et d’autre part par l’évaluation que font les pétrolières de ce que le marché peut supporter (what the market can bear), au vu de leur position concurrentielle respective. C’est ce qui explique que nous connaissions des fluctuations aussi fortes d’un jour à l’autre.
    Si les conditions du marché étaient franchement mauvaises, soyez assuré que les prix seraient toujours proches du plancher. Mais comme la situation économique chez nous est moins mauvaise qu’aux États-Unis, et que l’offre et la demande avoisinent le point d’équilibre, les pétrolières ont une certaine marge pour forcer les prix à la hausse, ce qu’elles sont toujours prêtes à faire pour faire plus de profits.
    Ça n’a strictement rien à voir avec la sécurité de nos approvisionnements.
    Vous me reprochez ensuite d’avoir taxé Shell de négligence. Je maintiens mon affirmation. Une entreprise de son envergure et de sa réputation qui se fait signifier onze avis d’infraction sur une période de temps assez courte a certainement fait preuve de négligence, et le fait qu’elle s’apprêtait à cesser ses opérations ne constitue absolument pas une défense admissible en droit, ni sur le plan de l’éthique qu’elle doit respecter en tant que bon citoyen corporatif, ce qu’elle s’est d’ailleurs toujours targuée d’être. Elle est tenue de respecter toutes les lois et tous les règlements tant qu’elle est en opération. Si elle ne le fait pas, c'est de la mauvaise foi ou de la négligence. Soyez assuré qu'elle n'a pas oublié de faire des profits pendant tout ce temps-là, et que la contrepartie du droit de faire des profits chez nous est de respecter nos lois et règlements.
    Je vous signale enfin que vous êtes bien prompt à attaquer ma crédibilité, ce que j’ai moi-même essayé d’éviter, dans votre cas comme dans d’autres. Quand on avance sur une glace aussi mince que vous le faites, on se doit de garder une certaine réserve.
    Richard Le Hir

  • Louis Champagne Répondre

    21 juillet 2010

    M. Le Hir, vous vous trompez !
    Dans le dossier de la fermeture de la raffinerie Shell, vous avancez que la compagnie Delek offre 150 millions pour la raffinerie ET le réseau de distribution au détail de Shell. J’ignore d’où vous tirez ce chiffre. De nombreuses références disent au contraire que le chiffre de 150 millions s'applique uniquement à l'achat de la raffinerie. Je crois que vous avez lu un peu vite l’ensemble du dossier, puisque selon Le Devoir, cité hier dans le journal Les Affaires par Alexandre Paillé, Delek offre 420 millions pour la raffinerie ET pour le réseau de distribution. Cette information circule depuis juin. Dans ces conditions, poursuivre votre commentaire en attaquant la crédibilité et la bonne foi de cette compagnie dans les négociations fait sourire. Je ne doute pas de votre bonne foi, M. Le Hir, mais admettez que votre crédibilité en prend pour son rhume !
    De plus, votre affirmation que l’offre de pétrole excéderait largement la demande a de quoi surprendre. Ce n’est certes pas ce que reflètent les prix à la pompe, à moins que les pétrolières s’en mettent plein les poches en réduisant leur capacité de raffinage, créant ainsi une rareté artificielle.
    Enfin, vous accusez Shell de négligence, tout en cautionnant en grande partie mon hypothèse d’hier pour ce qui est du processus décisionnel aboutissant à la fermeture de la raffinerie. En tout respect, je ne partage pas votre opinion en ce qui concerne la négligence de Shell. Il s’agissait plutôt d’une décision d’affaires découlant de la décision de fermer l’usine. Pourquoi Shell aurait-elle investi un sou dans une installation qu’elle savait qu’elle allait fermer. Elle s’est contentée du minimum d’entretien pour maintenir les opérations. D’un point de vue d’entreprise, ce n’est pas de la négligence, c’est la logique même des plans d’affaires qui ont suivi cette décision.
    Si pour Shell, c’était de la bonne business, on ne peut certes pas aboutir à cette conclusion pour le Québec.

    Louis Champagne ing.