Né d’une mère blanche du Kansas et d’un père noir du Kenya, le sénateur de l’Illinois a dépassé le «chiffre magique» de délégués – 2118 – nécessaire pour obtenir la nomination de son parti pour l’élection présidentielle du 4 novembre.
Doté d’un nom exotique, le candidat de 46 ans tentera de succéder à la Maison-Blanche aux Clinton et aux Bush, qui dominent Washington depuis 20 ans.
Se présentant comme le candidat du changement, il affrontera le sénateur républicain John McCain aux côtés d’un colistier qui pourrait bien être Hillary Clinton. Celle-ci s’est dite «ouverte» hier à l’idée de devenir candidate à la vice-présidence, lors d’une téléconférence avec des parlementaires new-yorkais.
Ébruitée par l’Associated Press, cette nouvelle a suscité un vif intérêt dans les médias et un certain mécontentement au sein du camp Obama, qui voulait monopoliser l’attention du public américain.
Barack Obama a ainsi écrit une page de l’histoire de son pays en devenant le premier candidat noir à revendiquer l’investiture présidentielle d’un des deux grands partis américains.
«Ce soir, je peux me tenir devant vous et dire que je serai le candidat démocrate pour la présidence des États-Unis», a déclaré Barack Obama lors d’un discours à Saint Paul, dans le Minnesota.
Grâce à l’appui de l’ancien président Jimmy Carter et de plusieurs autres superdélégués, qui se sont déclarés en sa faveur dans la journée, le sénateur de l’Illinois a atteint le chiffre magique avant même la fermeture des bureaux de vote du Dakota-du-Sud et du Montana, les deux derniers États à tenir des primaires.
Barack Obama a remporté la victoire au Montana, alors qu’Hillary Clinton a triomphé au Dakota-du-Sud. S’adressant à 17 000 partisans survoltés, il a tendu la main à Hillary Clinton et rendu hommage à «sa force, son courage et son engagement pour les causes qui nous rassemblent ici ce soir».
«Notre parti et notre pays sont en meilleure position à cause d’elle, et je suis un meilleur candidat du fait d’avoir eu l’honneur de concourir avec Hillary Rodham Clinton», a-t-il déclaré dans l’amphithéâtre où les républicains tiendront leur convention nationale en septembre.
De son côté, la sénatrice de New York a refusé de concéder la victoire, se contentant de féliciter son rival pour sa campagne.
« Les gens demandent : "Que veut Hillary?" a-t-elle dit devant ses partisans réunis sur un campus universitaire de New York. Je veux que les quelque 18 millions d’Américains qui ont voté pour moi soient respectés, soient entendus et ne soient plus invisibles.»
La sénatrice a indiqué qu’elle prendrait une décision au cours des prochains jours concernant son avenir. Plusieurs commentateurs ont laissé entendre qu’elle était intéressée par la deuxième place au sein du «ticket» démocrate.
Le triomphe de Barack Obama constitue une des plus grandes surprises de l’histoire politique des États-Unis. Il y a six mois, Hillary Clinton semblait destinée à une victoire inévitable, forte de son nom, de son expérience et de la plus puissante machine électorale du Parti démocrate.
Or un vent de changement a commencé à souffler dès les premiers jours de janvier dans l’Iowa, où Barack Obama a entrepris sa lancée inattendue et ébranlé la confiance de sa principale rivale. Élu au Sénat des États-Unis en 2004, le sénateur aura été porté par une vague qui lui aura permis de remporter 11 victoires d’affilée en février et de prendre une avance insurmontable dans la course aux délégués.
Mais la réalité mathématique n’aura pas découragé Hillary Clinton, qui a continué à se battre avec une farouche détermination. En mars, en avril et en mai, la sénatrice de New York aura remporté des victoires convaincantes dans des États clés – Ohio, Pennsylvanie et Virginie-Occidentale, entre autres –, démontrant sa popularité auprès d’électorats clés comme les femmes, les personnes âgées et les Blancs de la classe ouvrière.
Barack Obama devra sa victoire en grande partie aux Noirs, aux jeunes et aux diplômés universitaires.
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