Numéro spécial de Paris Match sur le 400e: tout sur Montréal, rien sur Québec

Le numéro spécial portant sur le 400e de Québec présente les qualités de la province, de la métropole, mais pas celles de la capitale.

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Québec 400e - vu de l'étranger



Julie Lemieux - À lire la trentaine de pages consacrée au Québec dans le dernier Paris Match, on pourrait croire que c’est Montréal qui fête cette année ses 400 ans. La direction du célèbre magazine en convient : elle est passée à côté du sujet et a occulté la capitale de ce numéro spécial parce qu’elle croyait que les célébrations de 2008 soulignaient les 400 ans du Québec.


Le rédacteur en chef du magazine, Gilles Martin-Chauffier, se dit tout de même fier de ce numéro qui sera en kiosque vendredi. Mais il concède qu’il a eu un petit choc en constatant que ce 400e anniversaire était d’abord et avant tout celui de la fondation de la ville de Québec.
«Dans l’esprit des gens à Paris, et je m’en suis rendu compte en arrivant, c’est quelque chose qu’on ne savait pas du tout en partant. Dans notre esprit, ce n’était pas les 400 ans de Québec. La fondation de Québec, c’est la naissance du Québec. Sans doute qu’en France, on n’a pas assez bien compris que c’était la fête de la ville. Mais c’est quand même un jeu de mots. C’est la création de Québec, mais c’est l’occasion pour les Français de dire qu’ils aiment non seulement la ville de Québec, mais le pays, les gens», a-t-il expliqué au Soleil, jeudi, quelques minutes après son arrivée dans la capitale.
Le rédacteur en chef a réalisé l’erreur de la direction en arrivant à Montréal, où plusieurs personnes lui ont exprimé leur surprise de constater que le magazine ne parlait pratiquement pas de la capitale et des festivités du 400e dans ses pages. Des questions qui l’ont étonné, relate-t-il.
Jusque-là, le Paris Match n’avait pas mesuré l’ampleur et le sens de cette fête pour la capitale. Aucun journaliste n’avait donc été dépêché à Québec en prévision de ce numéro spécial.
«On se rend compte aujourd’hui qu’on est passés à côté de ce qui était un des éléments importants : Québec même. On va donc renvoyer des gens cet été pour voir les festivités. On s’est dit hier : oh là là! Il faut vraiment faire quelque chose», a-t-il lancé.
Au cours des derniers mois, le magazine avait pourtant travaillé en étroite collaboration avec la Délégation générale du Québec à Paris, qui l’avait aidé à trouver des sujets pertinents pour cette édition spéciale. Est-ce que la délégation aurait guidé la journaliste vers Montréal et négligé de mentionner que la ville de Québec était la vedette du 400e? Le rédacteur en chef ne veut pas trop s’avancer. «Peut-être que la délégation l’a mentionné, mais que la journaliste n’a pas cliqué», a-t-il soumis.
Le résultat laisse tout de même pantois: Paris Match consacre ses pages sur le «400e du Québec» à HEC, à l’Université McGill, aux restos branchés de Montréal suggérés par des vedettes montréalaises, à une entrevue avec le premier ministre Jean Charest, à une exposition du Musée des beaux-arts de Montréal, à un portrait de la gouverneure générale Michaëlle Jean et à des gens connus comme Garou ou Gilbert Rozon qui font carrière en France. On peut même y voir une photo de Stéphane Rousseau et de Corneille devant la statue de Paul de Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de... Montréal. Et on parle de Pascale Picard en disant qu’elle est née AU Québec.
Ce spécial Québec n’est pas distribué en supplément, mais est disséminé un peu partout dans les pages du magazine, qui compte quatre millions de lecteurs dans le monde et est tiré à 950 000 exemplaires. «Nous avons voulu présenter à nos lecteurs l’avenir du Québec et de ceux dont tout le monde va parler», a soutenu M. Martin-Chauffier.
En mai, le maire de Québec, Régis Labeaume, avait donné une entrevue d’au moins une demi-heure à la journaliste de Paris Match sur le Belem, à La Rochelle. Et il avait alors tenté de la convaincre de venir dans la capitale pour alimenter ce numéro spécial. Puis après, plus de nouvelles.
«Je l’ai relancée, mais elle m’a dit qu’elle avait tout le matériel dont elle avait besoin», a soutenu l’attaché de presse du maire, Paul-Christian Nolin.
La journaliste lui a aussi fait savoir qu’elle avait tenté de joindre le bureau du maire par téléphone, mais que le numéro donné ne fonctionnait pas (même avec le code 514 pour le Québec...).
M. Martin-Chauffier n’était pas au courant de cette entrevue avec le maire, mais a indiqué au Soleil qu’elle sera sans doute publiée dans un prochain numéro de Paris Match.


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