Les nouveaux visages en politique manquent d’imagination en se livrant à une surenchère autoroutière.
En quelques jours, de nombreux nouveaux élus ont émergé dans l’arène politique : la caquiste Geneviève Guilbault assermentée hier ; la semaine dernière, André Fortin et Véronyque Tremblay avaient entre autres été promus ministres.
Les visages sont nouveaux, mais les discours ont quelque chose d’ancien, de dépassé.
Principalement au sujet de ce problème qu’en chœur ils dénoncent : la congestion routière.
Pour eux, il semble n’y avoir qu’une seule catégorie de solutions : plus de routes, plus larges, plus de kilomètres d’autoroute.
Le manque d’imagination vient de haut : dans son discours d’assermentation, Philippe Couillard – qui se targue de présider à une «transformation» du Québec – aborda la question des transports principalement par la voie routière, promettant de «faire avancer des projets [...] tels que l’autoroute 19 sur la Rive-Nord de Montréal, l’autoroute 50 en Outaouais, la 138 sur la Côte-Nord, le pont du Saguenay et le troisième lien entre Québec et la Rive-Sud».
Jamais prioritaires
Je me souviens de l’ancien premier ministre Jean Charest, après l’effondrement du viaduc de la Concorde : nous étions à un moment dans notre histoire, disait-il, où il fallait pratiquement stopper le développement du réseau routier afin de se concentrer sur son entretien.
D’autre part, il fallait développer le transport «collectif». Nos villes étaient en retard.
Ici dans la capitale, tout projet «structurant» de transport collectif est tout de suite laminé sur la place publique, considéré comme toujours trop coûteux ; toujours non prioritaire.
Pourtant, parallèlement, on trouve toujours des centaines et des centaines de millions de dollars pour élargir ou allonger les autoroutes existantes.
À Québec, des travaux sur deux kilomètres sur Henri-IV coûteront au bas mot 500 millions de dollars, sans aucune garantie que la congestion s’en trouvera réduite.
Si on additionne le coût de tous les projets ces dernières années, il y en a pour des milliards. Sans autre résultat qu’une congestion accrue. Et pour un seul type de transport : l’auto reine.
«Guerre à l’auto» ?
Les politiciens sont tétanisés face à ceux qui dénoncent tout investissement dans le transport en commun comme un geste de «guerre à l’auto». Ils disent se montrer «à l’écoute des familles».
Certes, les femmes et les hommes politiques doivent être attentifs, mais on s’attend aussi d’eux qu’ils s’affirment comme des meneurs.
Si tous les électeurs leur disaient que la terre est plate, ils seraient bien contraints de les contredire...
Parfois, les politiciens doivent savoir défendre un projet face à des critiques acerbes, lesquelles s’évanouiront une fois qu’il sera réalisé.
C’est souvent le cas des systèmes de transport en commun, souvent contestés lors de leur construction, mais qui deviennent populaires dès leur inauguration ; on ne peut plus imaginer la ville sans eux.
C’est le cas à Montréal, évidemment, avec son métro ; et de nombreuses autres villes en Europe... Mais aussi en Amérique du Nord : Dallas et Houston par exemple – exemples improbables – où roulent trains de banlieue et tramways.
Nos «nouveaux visages» devraient aller y stimuler leur imagination.