Nous sommes des résistants, veut veut pas

Le Bloc Québécois a 20 ans!



MONTRÉAL - Gros émoi cette semaine à Ottawa. Gilles Duceppe, le chef du Bloc Québécois, élu depuis 20 ans à Ottawa par ses électeurs du comté de Laurier-Sainte-Marie, a osé quelques « gros mots » : il a affirmé que les militants indépendantistes étaient des résistants.
Harper a aussitôt sonné la charge en demandant à ses porte-parole québécois de faire le sale boulot et de dénoncer le leader du Bloc québécois. Ça passe mieux venant de francophones, on est tellement habitués à se déchirer entre nous sur la place publique. Comme dit le vieil adage, avec de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis. D’autres, comme le prince Ignatieff ou le transfuge Mulcair, ont tenté, eux aussi, de le ridiculiser. Spectacle archiconnu et triste.
Et pourtant, il en existe des tonnes de raisons qui font que nous sommes des résistants et que notre survivance en cette terre d’Amérique est le résultat d’une résistance héroïque, qu’on veuille ou non l’admettre. Sinon, il y a belle lurette que nous serions comme des Louisianais folklorisés sans véritable patrie.
Résistance à l’envahissement de notre territoire. Il faut se rappeler qu’après la défaite de 1760, l’Angleterre a invité les loyalistes qui fuyaient l’indépendance américaine à venir s’installer ici. Il y aura plusieurs vagues successives d’immigrants anglais et irlandais par la suite. Alors que les familles canadiennes-françaises appauvries étaient forcées de morceler leurs terres, plusieurs milliers de nouveaux colons britanniques s’établiront dans cette région, avec l’aide du gouverneur Craig qui leur donnera les plus belles terres et des primes pour leur installation. Ainsi commença la division de la « province de Québec » en Haut-Canada et Bas-Canada, dans le but d’accélérer notre assimilation. Craig envahira les bureaux du journal Le Canadien, le fermera, saisira les presses, emprisonnera son imprimeur de même que des députés qui seront réélus malgré leur emprisonnement et il soudoiera le clergé.
En 1836, le gouverneur Gosford refusera de reconduire la loi sur l’Éducation, privant ainsi d’écoles 50 000 enfants du Québec. Gosford dissoudra l’Assemblée nationale en 1837 et demandera à Londres de proclamer la loi martiale devant l’insurrection populaire, tandis que Durham enverra en exil des patriotes et Colborne fera pendre 12 autres patriotes. Onze ans plus tard, 1500 orangistes anglais saccageront et incendieront le Parlement de Montréal pour protester contre une loi sur l’indemnisation des victimes des représailles à la suite des insurrections de 1837-1838. Si ce n’est pas de la résistance face à l’ennemi, je me demande bien ce que c’est.
Ce n’est que près de cent ans après la défaite de 1760, soit en 1855, que le premier navire français, La capricieuse, sera autorisé à naviguer dans les eaux du Saint-Laurent et que l’immigration française pourra reprendre. Soixante-cinq ans plus tard, la population canadienne se lira ainsi : au Canada, 8 787 940 habitants, contre 2 360 510 pour le Québec, et cet écart ira en s’accentuant. La bataille de la démographie était bel et bien perdue. Le gouvernement fédéral pouvait dormir en paix.
Résistance à l’assimilation, donc. En 1840, l’anglais devient la langue officielle et le français est proscrit comme langue d’État. Ce n’est que 8 ans plus tard que cette loi sera abolie. En 1867, le British North America Act, une loi britannique qui n’a jamais reçu l’approbation de la population du Québec, crée le Dominion du Canada, une monarchie constitutionnelle. Il place le Québec au même niveau que les trois autres colonies anglaises : l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.
En novembre 1885, 50 000 personnes manifestent à Montréal pour protester contre la pendaison de Louis Riel, à la suite du soulèvement des Métis en Saskatchewan.
Sans parler des crises lors des conscriptions, les arrestations massives avec la loi des mesures de guerre en 1970, le scandale des commandites lors du deuxième référendum et toutes les autres vacheries visant à contrer nos efforts de développement.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé