Noël électoral

Élections fédérales du 14 octobre 2008

Le ton a été donné mercredi. En une seule journée, ministres et députés conservateurs ont semé à tout vent une manne électorale de 4,3 milliards. Par communiqués et conférences de presse, ils continuent de répandre la bonne nouvelle. Nous ne sommes qu'en septembre, mais c'est déjà Noël. Plus de doute, nous serons incessamment en élections.
Cette distribution de bonbons électoraux ne devrait surprendre personne. Aussi certain qu'il y aura de la neige cet hiver, on sait qu'à la veille de chaque élection le parti au pouvoir va puiser dans les fonds publics pour tenter d'amadouer les électeurs. Les partis d'opposition emploieraient le verbe acheter plutôt qu'amadouer, mais en ce domaine, les partis politiques ont tous le même comportement lorsqu'ils forment le gouvernement.
Une rapide revue de presse de la période qui a tout juste précédé le déclenchement des élections en novembre 2005 nous rappelle, par exemple, que le gouvernement de Paul Martin avait déposé le 14 novembre un mini-budget on ne peut plus alléchant. Il comportait 30 milliards de baisses d'impôt conditionnelles... à la réélection des libéraux. Comme si ce n'était pas assez, le premier ministre Paul Martin avait ajouté une douzaine de milliards à cette somme. Il y en avait pour tout le monde, tant pour les militaires que les municipalités, les autochtones, les travailleurs, les agriculteurs et les artistes. On promettait, tiens donc! de doubler en trois ans le budget du Conseil des Arts du Canada.
On dira que les conservateurs n'exagèrent pas: 4,3 milliards comparativement à 42 milliards, c'est tout de même peu. Attention, à ces 4,3 milliards de la seule journée de mercredi, il faudrait ajouter toute une série d'autres promesses, petites et grandes, comme celle de la reconstruction du pont Champlain. Ce qu'il faut retenir, c'est moins l'ampleur des sommes en jeu que l'esprit de la chose. Ce n'est pas parce que les uns le faisaient que les autres sont justifiés de le faire. Transformer ainsi le gouvernement en un guichet automatique réservé à l'usage du parti au pouvoir ne peut que choquer et nourrir le cynisme des électeurs.
Beaucoup d'annonces parmi celles que font députés et ministres en précampagne électorale sont des redites. On annonce des projets qui ont déjà été annoncés, prenant pour acquis que, comme à la petite école, la répétition du message favorise l'apprentissage. Dans d'autres cas, on aura retardé des annonces qui auraient dû être faites il y a déjà un certain temps, question que les électeurs aient frais à l'esprit la bonne nouvelle au moment où ils se rendront voter. C'est le cas du programme conjoint d'infrastructures Chantiers Canada, de
4 milliards, qui mercredi faisait l'objet d'une séance de signatures en grande pompe sous les feux des caméras par le ministre fédéral des Transports, Lawrence Cannon, et la présidente du Conseil du trésor du Québec, Monique Jérôme-Forget. Cette conférence de presse aurait pu avoir lieu il y a déjà plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
De la retenue s'impose. Il est amusant de voir que c'est le conseil qu'a servi Mme Jérôme-Forget à Lawrence Cannon. À titre de grand dispensateur de la manne fédérale au Québec, celui-ci pige dans plusieurs programmes existants. Projets et subventions vont d'ailleurs là où ça compte. Il suffit d'analyser les résultats du sondage Léger Marketing dont nous publions les résultats ce matin pour deviner que la manne conservatrice ira d'abord dans la grande région de Québec. On aimerait penser que les électeurs ne tomberont pas dans le piège, mais il faut croire que certains d'entre eux sont sensibles à ces artifices électoraux puisque d'une élection à l'autre, les partis y recourent avec une désinvolture insolente.


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