Parti conservateur - Des engagements minimalistes

Élections fédérales du 14 octobre 2008

Le premier ministre Stephen Harper a changé de discours depuis le début de la campagne électorale. Lui qui qualifiait d'improbable l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire reconnaît maintenant la chose possible et il souhaite ouvertement obtenir une majorité. Devant cela, il faut se demander ce que ferait son gouvernement pendant quatre ans.
La façon dont Stephen Harper mène cette campagne contraste fortement avec celle employée à l'élection de 2006. Il martelait alors le slogan «Changeons pour vrai» décliné en six thèmes: la responsabilisation, les possibilités, la sécurité, la famille, les communautés et le Canada. Son programme publié rapidement dans la première partie de la campagne se voulait la feuille de route de son éventuel gouvernement laquelle, on l'aura vu par la suite, fut suivie presque à la lettre et plutôt prestement.
Cette année, le chef conservateur agit à l'inverse. Son slogan, «Harper leadership 08», en fait le centre de la campagne, comme si sa personne tenait lieu de programme. Car de programme véritable, il n'y en a pas pour l'instant, sinon une vingtaine de communiqués de presse résumant autant des promesses faites au fil des jours.
Que trouve-t-on dans ces promesses? De tout pour tous! D'abord «un vrai plan pour l'économie», lequel se résume à une approche non interventionniste de l'État. Puis un petit ceci et un petit cela pour les personnes âgées (augmentation de 1000 $ de la déduction d'impôt en raison de l'âge), pour les familles (un crédit d'impôt pour les activités artistiques et des prestations de maternité pour les travailleuses indépendantes), pour la «nation québécoise» (la garantie de trois commissaires québécois au CRTC) et ainsi de suite. Suite dans laquelle se trouve entre autres choses le renforcement de la Loi sur les jeunes contrevenants.
Tous ces engagements visent à gagner l'appui de segments de l'électorat minutieusement ciblés. Leurs votes, ajoutés à la base traditionnelle de droite du Parti conservateur, rendront possible une majorité. Observons aussi que ces mesures sont toutes peu coûteuses et faciles à mettre en oeuvre. La très grande majorité pourraient être inscrites au budget de l'hiver prochain. Quant aux mesures législatives, elles pourraient être adoptées sans coup férir en quelques mois par des conservateurs majoritaires. En un an tout au plus, tous leurs engagements auraient été remplis.
Cela étant, il faut se demander à quoi un gouvernement conservateur majoritaire se consacrerait durant les trois autres années de son mandat. Voudra-t-il s'engager dans de grands bouleversements inspirés du Reform Party? Il y a des sujets que le premier ministre assure ne pas vouloir toucher, comme l'avortement. Mais il y a bien des choses qu'il pourra être tenté de faire. Aurait-il la légitimité d'entreprendre des réformes majeures, comme ouvrir le secteur névralgique des communications à la propriété étrangère ou encore privatiser une partie de Radio-Canada s'il n'a pas au préalable déclaré ses intentions? Beaucoup de Canadiens se lèveraient pour lui dire «je n'ai pas voté pour ça!».
Notre système parlementaire donne toute liberté à un gouvernement légitimement élu d'adopter les lois qui lui semblent bonnes. Stephen Harper donnerait-il libre cours à l'aile ultra du Parti conservateur ou voudrait-il donner plutôt une orientation modérément conservatrice à son gouvernement? Dans l'état actuel du débat électoral, on ne sait pas. Pressé par les partis d'opposition, il nous promet la publication demain d'un programme et d'engagements plus précis en économie. Si le tout doit être une synthèse des engagements minimalistes pris ces quatre dernières semaines, cela ne nous en dira pas plus sur la véritable feuille de route d'un gouvernement conservateur majoritaire. Il ne reste plus que quelques jours à M. Harper pour ouvrir son jeu. Il se doit d'être transparent.


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