Mission terminée!

Vous avez dit: "Naïf"?



Les soldats canadiens ne sont pas au bout de leur peine. D'autres parmi eux perdront la vie, c'est presque certain. Néanmoins, on peut d'ores et déjà dire que la mission des Forces armées dans le sud de l'Afghanistan est terminée. Pas accomplie. Terminée. C'est-à-dire que le sort en est jeté.



Le gouvernement Harper a abandonné toute idée de la prolonger au-delà de février 2009. Son seul souci maintenant, c'est de réduire les dégâts - humains et politiques - d'ici l'échéance. C'était patent dimanche, lors de l'entrevue accordée à CTV (Question Period) par le ministre de la Défense. Gordon O'Connor a prédit que dans six mois, le gros des opérations militaires dans la région de Kandahar sera sous la responsabilité de l'armée afghane, tandis que les soldats canadiens seront «en réserve».
Il y a un an et demi, participant à la même émission, M. O'Connor avait été interrogé à propos d'un sondage révélant l'opposition d'une majorité des Canadiens à la mission afghane. Le ministre, qui venait tout juste d'être nommé à ce poste, avait alors déclaré: «Ce sondage me démontre que j'ai beaucoup de travail à faire. Je dois commencer à expliquer aux Canadiens pourquoi nous sommes en Afghanistan et à faire connaître le bon travail que nous accomplissons.» De toute évidence, les explications de M. O'Connor n'ont pas suffi. Il a lui-même admis son échec dimanche: «Beaucoup de Canadiens ne comprennent pas ce qui se passe en Afghanistan, quels sont les besoins là-bas et les succès que nous remportons à la fois militairement et en matière de développement.»
Méconnaissance, vraiment? Incrédulité, plutôt. Les Canadiens ne croient tout simplement pas ce que leur dit le gouvernement à ce sujet. Ils ont l'impression que les Forces armées canadiennes se battent en vain, qu'Ottawa fait le jeu de George Bush, que trop peu de ressources sont consacrées à la reconstruction. Les faits vont à l'encontre de cette perception, mais le gouvernement Harper n'a pas su en convaincre la population.
Il y a, dans l'effondrement du soutien populaire à la mission afghane, matière à une profonde réflexion. Si les Canadiens refusent que leurs soldats combattent aux côtés des Américains, à quelle opération militaire accepteront-ils de participer dans l'avenir? Rares, en effet, sont les interventions internationales où les Américains ne jouent pas un rôle de premier plan.
Si la caution de l'ONU ne nous suffit pas, de qui exigerons-nous la bénédiction pour être rassurés sur le bien-fondé d'une intervention armée?
Si nous rejetons toute mission militaire où la victoire n'est pas à la fois instantanée et sans victimes, quel rôle voyons-nous pour nos soldats? Et pour le Canada dans le monde?
En plus d'être pacifistes, attitude noble bien entendu, les citoyens canadiens semblent être devenus extraordinairement naïfs. Selon un sondage récent, six Canadiens sur 10 souhaitent que l'OTAN entame des négociations avec les talibans pour mettre un terme aux affrontements. Négocier avec les talibans! M. Harper pourrait aussi inviter ben Laden à prendre le thé au 24 Sussex...
Les militaires canadiens sont en quelque sorte victimes d'un mythe qu'ils ont eux-mêmes contribué à édifier, celui du rôle pacificateur du Canada dans le monde. Pendant des années, on nous a vanté la participation de nos soldats aux missions de maintien de la paix de l'ONU, à l'exclusion de toutes autres opérations. Depuis, le monde a changé et avec lui les missions dites de paix. Mais la plupart des Canadiens en sont restés à une vision réductrice de la philosophie de Pearson.
Il a fallu des décennies à la communauté internationale pour accepter que la souveraineté des États ne puisse servir d'abri aux massacres de populations, qu'il existait une telle chose que la «responsabilité de protéger». Cette avancée s'est produite, notamment, grâce aux efforts du gouvernement du Canada (sous Jean Chrétien et Lloyd Axworthy). Si les Canadiens s'en tiennent à leur vision fleur bleue de la sécurité mondiale, ils choisiront de rester les bras croisés devant les génocides, les guerres civiles et les complots terroristes, tout en multipliant les voeux pieux, une tradition bien canadienne.
Telle sera donc la nouvelle mission internationale du Canada: gérant d'estrade.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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