Michael Ignatieff et le Québec - Les bonnes intentions

Ignatieff - le PLC et le Québec

Le Parti libéral va mieux depuis qu'il est dirigé par Michael Ignatieff. Les trois points d'avance qu'il détient sur le Parti conservateur selon un récent sondage nous le confirment. Bien sûr, avec 36 % des intentions de vote, rien ne lui garantirait la victoire si des élections avaient lieu maintenant. Tout au plus, formerait-il un gouvernement minoritaire. Néanmoins, la tendance est là, y compris au Québec où il s'approche du Bloc québécois.

Plusieurs raisons expliquent ce succès. La disparition de Stéphane Dion du paysage médiatique est l'une d'elles. Il était perçu depuis sa défaite à la dernière élection comme un perdant. D'emblée, Michael Ignatieff a su tirer parti de l'idée de renouveau. Inspirées par ce changement, les brebis qui, ces deux dernières années, s'étaient égarées du côté du NPD reviennent peu à peu au Parti libéral, ce qui l'a propulsé en tête du peloton.
Pas plus qu'une hirondelle un sondage ne fait le printemps. Il en faudra d'autres avant que les électeurs ne soient convaincus que les libéraux sont prêts à revenir au pouvoir. Le plus important reste à faire. Or, ce que nous expose Michael Ignatieff depuis qu'il est chef n'est que des intentions, et non un programme concret. C'est ce qu'a bien montré d'ailleurs le discours qu'il a livré à ses partisans dimanche à Laval, au cours duquel il a demandé aux nationalistes québécois de lui donner «la chance de prouver ce que nous pouvons faire pour le Québec», sans leur dire toutefois ce qu'il fera pour le Québec.
La personnalité de Michael Ignatieff, comme son discours, éveille de l'intérêt au Québec. Contrairement à Stéphane Dion, il ne porte pas le poids du plan B et de la Loi sur la clarté référendaire. Il peut même prétendre être le premier fédéraliste à avoir prôné la reconnaissance du Québec comme nation, ce
qui n'assure pas que son parti le suivrait s'il voulait aller plus loin. Doutons-en d'ailleurs puisque son discours sur la reconnaissance du Québec comme nation lui a coûté la victoire aux mains de Stéphane Dion lors du congrès au leadership de décembre 2006.
Le Parti libéral est encore loin d'avoir retrouvé la position dominante qu'il a eue au Québec pendant plus d'un siècle. La rupture survenue avec le rapatriement unilatéral de la Constitution par le gouvernement Trudeau, puis confirmée par le rejet de l'accord du lac Meech dont le Parti libéral a été un des grands artisans, est toujours là. C'est ce qui a poussé les Québécois dans les bras du Bloc québécois. Pour les ramener à lui, Michael Ignatieff devra faire plus que simplement leur tendre la main, il lui faudra faire la paix avec eux. Il devra pour cela changer le Parti libéral. Est-ce possible? Lui-même semble en douter puisque, déjà, il met des bémols en rejetant l'idée de rouvrir la «boîte de Pandore» constitutionnelle, pourtant seule façon de ramener le Québec au sein de la Constitution de 1982 qu'il n'a toujours pas signée.


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