Mario «Le Pen»

L'affaire Arcand



Mario Dumont ne se laissera pas diaboliser démagogiquement comme il le fut en 2003, ce qui l'avait fait dégringoler en campagne électorale.
Et il fait très bien de faire ravaler leurs paroles aux adversaires qui triturent des réalités ou l'histoire et qui l'associent à de répugnants courants idéologiques radicaux.
Un candidat-vedette du Parti libéral, Pierre Arcand, l'a comparé cette semaine au chef du Front national en France, Jean-Marie Le Pen, un raciste qui nie même l'holocauste. Jean Charest n'a ensuite pas désavoué son candidat. Il a au contraire poursuivi l'attaque contre M. Dumont.
Le chef de l'Action démocratique a tout simplement réclamé de Jean Charest qu'il mette ses culottes dans le dossier des accommodements raisonnables, que le premier ministre laissait dériver. Il visait certainement juste puisque M. Charest s'est finalement décidé, jeudi dernier, à créer une commission d'enquête sur le sujet et à faire une déclaration solennelle dans laquelle il a réitéré que les Québécois formaient une nation et il a relevé que des arrangements déraisonnables avaient été consentis avec des communautés religieuses ou culturelles. M. Charest est allé plus loin sur le fond de la question que M. Dumont ne l'avait fait.
Le chef de l'ADQ n'a jamais incité à la haine ni à la xénophobie; il n'a jamais discrédité les immigrants. L'associer à Le Pen est injuste et profondément malhonnête. Pierre Arcand commence très mal sa carrière politique et Jean Charest, qui s'empresse de poursuivre chaque fois ceux qu'il estime qu'ils ont porté atteinte à sa réputation, n'exige pas que M. Arcand présente des excuses formelles. M. Charest s'était grandi, la semaine dernière, lors de cette déclaration sur les droits fondamentaux; il a vite retrouvé sa taille normale.
En avril 2003, Mario Dumont a été la cible d'une petite intelligentsia et des groupes de gauche, parce qu'il préconisait entre autres une réingénierie de la fonction publique, un taux de taxation unique (flat rate) comme en Alberta, un resserrement de l'aide sociale pour les personnes aptes au travail et la liberté pour les parents d'utiliser une allocation de garde d'enfants selon leur propre choix de service.
Les leaders politiques qui défendent des orientations dites de droite (il s'agit en réalité de centre-droit) sont toujours victimes des mêmes caricatures de la part des adversaires politiques, d'une majorité de journalistes et de commentateurs, des porte-parole des syndicats et des groupes populaires. Stephen Harper, et avant lui Stockwell Day, se sont fait servir la même médecine, à plus forte dose encore. C'est la dictature intellectuelle «d'une go-gauche en pantoufles de phentex».
Des têtes d'affiche du Parti libéral du Québec, comme Monique Jérôme-Forget, ont également été stigmatisées de la même façon en début de mandat. Ce qui était tout aussi injuste. Raison de plus pour que Jean Charest et les siens ne versent pas dans les mêmes travers démagogiques.
Nous assistons trop souvent par ailleurs à de dangereuses comparaisons, par ignorance de l'histoire ou de la portée des mots. Combien de fois avons-nous entendu parler par exemple de génocide, d'apartheid, de traîtres, de vendus, dans le cadre du débat sur la souveraineté du Québec? De très nombreux courriers qui nous sont adressés pour la rubrique de l'Opinion des lecteurs sont aussi jetés, chaque jour, parce qu'ils propagent la haine, le racisme ou parce qu'ils contiennent des attaques personnelles déchaînées. Les politiciens sont en grande partie responsables de cette surenchère partisane par le ton qu'ils donnent à nos débats publics. Les militants sentent ensuite le besoin d'en rajouter.
Le manque de mesure par une tête d'affiche d'un parti dans l'attaque des adversaires politiques est pourtant symptomatique d'un fort risque de manque de jugement, une fois porté au pouvoir. Pierre Arcand sera à surveiller.


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