Du calme, M. Dumont

L'affaire Arcand



Mario Dumont est monté sur ses grands chevaux pour dénoncer les propos du candidat libéral Pierre Arcand, qui l'a traité de «Jean-Marie Le Pen du Québec». La comparaison était certainement excessive. La réaction du chef de l'Action démocratique l'est tout autant. Surtout qu'elle vient d'un politicien qui en 2004 s'était fait le grand défenseur de la station de radio CHOI, réprimandée par la CRTC en raison du langage ordurier employé par son animateur Jeff Fillion.
«La liberté d'expression est attaquée au Québec», avait soutenu M. Dumont à l'époque, réclamant même le rappel d'urgence de l'Assemblée nationale. On ne l'avait pourtant pas entendu déplorer que Jeff Fillion insulte quotidiennement tout le monde et son père. Par exemple: «Est-ce que Marie-Chantal Toupin serait assez hard pour se mettre dans les culottes et se retourner la bille? Elle a pas de beaux seins, elle pue.» Au sujet d'un citoyen ordinaire, Fillion avait soutenu qu'il était le plus «crotté» en ville. D'un concurrent, il avait dit qu'«il n'est plus capable de bander avec une femme adulte». Etc.
Rien de tout cela ne semblait offusquer M. Dumont. Cependant quand un adversaire politique échappe un bout de phrase malheureux, le voilà tout indigné!
Placé dans le contexte québécois, le parallèle tracé par Pierre Arcand n'est pas absurde. Comme le chef du Front national, celui de l'ADQ cherche à capitaliser sur les inquiétudes de ses concitoyens à l'égard de certaines communautés immigrantes. Comme Le Pen, Dumont a osé - et c'est à son mérite - aborder ce sujet délicat que les grands partis auraient voulu éviter. En somme, un tribunal conclurait probablement qu'il n'y a pas diffamation parce que le propos de M. Arcand peut être raisonnablement soutenu.
Cela dit, Mario Dumont est à des années-lumière de Jean-Marie Le Pen, c'est clair. Il n'a jamais tenu de propos antisémites, n'a jamais qualifié les fours crématoires de «point de détail de l'histoire», n'a jamais agressé physiquement qui que ce soit. Pierre Arcand avait donc tort de faire cette comparaison, comme il l'a rapidement reconnu en disant que l'analogie utilisée était «très forte». «Trop forte», a précisé le premier ministre.
Le débat en serait resté là si M. Dumont n'avait lui-même décidé de gonfler l'affaire, exigeant rétractation par voie de mise en demeure. La lecture de celle-ci fait sourire. Selon l'avocat du chef de l'ADQ, Pierre Arcand a aggravé les choses en soutenant que M. Dumont «divise les Québécois», expression qui serait «également méprisante». Curieuse affirmation venant d'un politicien qui lui-même ne cesse d'accuser les souverainistes et les fédéralistes de «diviser» les Québécois depuis 30 ans (voir notamment son programme électoral, page 5).
Mario Dumont a eu le mérite de forcer le gouvernement Charest à réagir au malaise de la population. Maintenant, plutôt que de jouer les vierges offensées, il devrait expliquer aux Québécois comment la «constitution québécoise» qu'il propose réglerait le problème.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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