C'était la journée de l'environnement pour Mario Dumont, dont la tournée a commencé par une visite à une ferme innovatrice qui convertit le lisier de porc en biogaz. Mais le chef de l'ADQ s'est vite retrouvé devant ses deux pires ennemis de cette campagne : celui de l'intérieur et le retour de la polarisation référendaire.
L'ennemi de l'intérieur, ce sont surtout les déclarations de ses candidats, que M. Dumont ne peut ni excuser, ni exclure. Ce qui le place dans une situation d'impuissance, bien délicate pour qui sollicite le poste de premier ministre.
C'est ainsi que M. Dumont se retrouve encore embarrassé par les déclarations de Jean-François Plante à l'émission de Jeff Fillion, à l'effet qu'André Boisclair jouait de son orientation sexuelle à des fins politiques et pour inspirer la pitié.
Déjà, que M. Plante ait senti le besoin, après tous les ennuis qu'il a causés à son parti, d'aller se confesser à "l'autre Jeff" est le signe d'un remarquable manque de jugement. Mais il place son chef dans une situation intenable.
M. Dumont ne peut le désavouer à ce moment-ci de la campagne et lui demander de quitter le parti, avec le risque de ne pas avoir le temps de se trouver un autre candidat. Il ne peut, non plus, endosser des propos teintés d'homophobie.
Mais ça tombe d'autant plus mal que c'était justement le matin où M. Dumont voulait accuser Jean Charest d'être indigne de ses fonctions s'il devait persister dans ses propos sur la partition du Québec.
Sauf qu'on ne peut guère dire que Jean Charest doit se tenir loin de la "zone de trouble" que constitue le dossier de la partition et accepter que ses propres candidats aillent flirter avec la "zone de trouble" de l'homophobie.
La porte de sortie de M. Dumont, soit que la réponse appartient maintenant aux électeurs de Deux-Montagnes, n'est rien d'autre qu'un abandon de responsabilité.
Mais le mal est fait et l'incident est venu confirmer les perceptions - pas toujours aussi vraies qu'on le croit - qu'il n'a pas d'équipe et que ses candidats sont nettement moins bons que ceux des autres partis. Comme quoi, la prochaine fois, M. Dumont connaîtra les dangers de recruter comme candidat un gars qui se croit important parce qu'il "dit les vraies affaires" dans une radio Internet diffusée depuis son sous-sol.
L'autre problème est beaucoup plus sérieux pour M. Dumont et il vient des propos de M. Charest sur la partition. Sur le terrain, ses organisateurs l'ont noté : ça fait peur à certaines clientèles. Plus particulièrement auprès des personnes âgées - une clientèle importante parce que son taux de participation est proche de 100 % - qui auraient pu être tentées d'aller du côté de l'ADQ cette fois-ci.
Mais il y a un autre effet des propos de M. Charest qui risque de faire encore plus mal à M. Dumont. Il est bien connu que lorsqu'un leader fédéraliste tient des propos de nature aussi provocatrice, il provoque un ressac bénéfique aux souverainistes.
M. Charest avait d'ailleurs été la victime de cette médecine quand, comme chef conservateur en 1997, il s'était fait couper son élan tout net quand Jean Chrétien avait affirmé qu'il ne reconnaîtrait pas une majorité de 50 % plus un dans un référendum.
Après l'élection, les conservateurs devaient affirmer que cette entrevue de M. Chrétien leur avait coûté plusieurs circonscriptions qui, loin d'aller aux libéraux, étaient retournées au Bloc québécois.
Aujourd'hui, c'est Mario Dumont qui pourrait faire les frais de ce retour à la polarisation référendaire que semble souhaiter Jean Charest, qui, maintenant qu'il a mis le feu, semble vouloir fermer le dossier en disant qu'il a aussi appelé les pompiers.
Reste qu'entre ses ennemis de l'intérieur et ses adversaires politiques, la marge de manoeuvre de Mario Dumont est en train de rétrécir comme peau de chagrin.
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