«Manifestes en série» d’Hugo Latulippe, des projets pour notre pays

Des projets à notre dimension pour meubler le pays que nous voulons fonder.

Chronique de Louis Lapointe


«Nous voulons vivre dans un pays qui se donne les moyens de rester
petit… nous voulons vivre dans un pays qui n’est la colonie d’aucune
compagnie… un pays qui enseigne à ses enfants que le monde est le territoire
de ce que nous sommes… nous voulons vivre dans un pays qui se souvient que
notre métier d’humain est de cultiver les liens avec ceux d’avant, ceux
d’après.»
***
Ces phrases sont celles d’Hugo Latulippe, le réalisateur de la série
«Manifestes en série», comme dans Manifeste du FLQ. Le même Hugo Latulippe
qui a réalisé «Bacon, le film» où il illustrait l’échec de la stratégie de
conquérir les marchés internationaux grâce à l’établissement de
mégaporcheries, auxquels se sont opposés de nombreux groupes de citoyens
qui, tout en élevant la voix, ont commencé à se réapproprier la démocratie
au Québec. «Manifestes en série» est une série d’émissions qui porte sur la
multitude de projets de société qui se développent présentement au Québec
et qui sont le fruit d’initiatives de citoyens qui ont une vision
différente de la santé, de la culture, du transport, de l’alimentation, de
l’éducation et de l’agriculture. Des projets à notre dimension pour meubler le pays que nous voulons fonder.
Le Québec que présente Hugo Latulippe est très loin de la vision pessimiste
dont fait preuve [Paul Gérin-Lajoie dans le Devoir de ce matin->12981], qui déplore
l’absence d’un grand projet de société québécois. Selon Paul Gérin-Lajoie,
cette «panne de leadership» serait le résultat de la dispersion de
l’opinion publique, le fait de petits leaderships individuels, par
quartier. Il n’y aurait plus de leadership global, comme il y en a eu par
le passé, ce qui expliquerait l’absence d’un grand projet de société.
L’éparpillement de la société québécoise serait causé par la multiplication
des groupes communautaires de toutes sortes qui ont chacun leur objectif.
S’ils se mettaient tous ensemble de façon ordonnée, intégrée, cela ferait
un fichu beau projet de société. On le voit bien, Paul Gérin-Lajoie pense
grand. «Think big», comme dirait Pierre Falardeau.
Une vision diamétralement opposée au flou artistique que nous présente
Hugo Latulippe dans ses Manifestes, pour qui les projets les plus
innovateurs au Québec sont d’abord le fruit de l’imaginaire de gens
créatifs en marge des sentiers battus, plutôt que le résultat de
l’initiative de gens d’affaires, d’avocats et de politiciens qui veulent
s’en mettre plein les poches en pensant grand comme ce fut le cas avec les
mégaporcheries. Comme ce serait également le cas avec les projets comme
Rabaska et Gros-Cacouna.
Pour résoudre cette crise de la démocratie que dénonce Paul Gérin-Lajoie,
Hugo Latulippe proposait, à l’occasion de son récent passage à «Tout le
monde en parle», qu’il fallait remettre la politique entre les mains de
ceux qui ont des projets et l’enlever à ceux qui en ont fait un métier.
Faire confiance à ceux qui occupent de petites parcelles du territoire
plutôt qu'à ceux qui veulent se l'approprier pour de grands projets qui
rapporteront gros. Même s’il préfère réaliser des films, Hugo Latulippe
avoue que lui et son épouse, Laure Waridel, devront un jour où l’autre
s’impliquer en politique, pendant deux ou trois mandats, quand leurs
enfants seront plus vieux, car c‘est le devoir de ceux qui ont des projets
de vouloir les réaliser. Une promesse qui est de bon augure pour le pays
que nous voulons fonder!
On le voit bien, un jour, le pays ne sera plus l’otage de ceux qui pensent
grand, il sera d'abord le fait de ceux qui veulent y vivre harmonieusement.
* Manifestes en série, le lundi à 21 h. et en reprise le jeudi à17h. au
canal D.
Louis Lapointe
Brossard
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 avril 2008

    J'ai beaucoup d'admiration pour Hugo et Laure, car ils interviennent déjà et cela au vu de tous tout en marquant des points qui améliorent notre quotidien. J'ai bien hâte qu'ils soient élus et qu'ils s'immiscent dans la gouverne de l'État. Je souhaite simplement qu'ils ne se fassent pas happer comme Ms Charest, Dumont et Boisclair. Ces pros de la politique qui sont rapidement devenus des marionnettes des lobbys. Mais j'ai bon espoir, car ils attendent le bon moment et ils prennent de l'expérience. Et le plus réjouissant dans leurs cas, ils partagent des valeurs sociales-démocrates. Ce qui me sécurise sur leur capacité de résister à la cupidité ambiante où il n'y en a que pour Gates, Buffett, Desmarais, Jarislowski et consorts qui, devenus riches, sont projetés en saints-hommes parce qu'ils "donnent" leur fortune à des bonnes oeuvres. Pendant qu'ils accumulaient leur trésor, ils ont fait combien de victimes?

  • Jacques Bergeron Répondre

    22 avril 2008

    Remettre la politique entre les mains de ceux qui ont des projets. Bravo à M. Latulipe d'avoir prononcé ces mots très significatifs que, par ailleurs, les politiciens ne comprendront jamais, car dès qu'ils (sans oublier elles)sont élus ils oublient qu'ils sont les représentants de leurs électeurs et de leurs électrices pour n'y repenser qu'à la prochaine élection. ILs oublient rapidement que dans une «vraie» démocratie, le député doit être le représentant de celles et ceux qui les ont élus.Il ne reste qu'à souhaiter que les «Québécois» de toutes les «régions» du Québec prennent leur avenir en main en définissant le pays dans lequel il veulent vivre et prospérer.Ne pourraient-ils pas utiliser leurs différents organismes,sociaux, culturels et économiques
    pour «construire » le pays, (État indépendant ou province) dans lequel ils évoluent? Plusieures Québécois pensent que «oui»!

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2008

    Très belle initiative. Et c'est vrai. Il a raison. Il faut souhaiter la chute de l'impérialisme américain et du système financier américain. Attention ici. Je n'ai pas dit des USA, qui est malgré tout encore une grande démocratie. Il y a une différence très grande. Les impérialistes ont ruiné la Russie. Ils ont ruiné Rome. Ils ont ruiné la France. Ils ont ruiné l'Allemagne. Ils ont ruiné la Grèce Antique. Ils ont ruiné la Perse. Ils ont ruiné l'Angleterre. Ils ont ruiné l'Autriche. Les Empires sont toujours du côté des forces du mal. Monsieur Latulippe met le doigt sur le bobo. Il faut détruire tous les empires. Tous. On parlait de solution pour sortir de la dépression. Voilà une très belle initiative et de très beaux documentaires.