Les vraies affaires, ça presse!

Souveraineté et générations


Ouf! Enfin! L'écologiste de renom Daniel Breton saute dans l'arène et se portera candidat pour le Parti québécois. Le réputé Dr Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine de Sherbrooke jusqu'à tout récemment, en fait autant. D'autres attendent leur tour. Maintenant, les choses sérieuses! Il est temps!
Le Québec est à la dérive. La crise le rattrape, entre autres au chapitre de l'emploi. Sa gouvernance n'a jamais été aussi corrompue. Sa cohésion n'a jamais été aussi fragilisée. Montréal lui appartient de moins en moins. Des enjeux colossaux le tenaillent de toutes parts, notamment quant à l'exploitation de ses ressources naturelles. Et des indépendantistes, membres d'une organisation politique majeure, s'attardent indéfiniment à débattre longuement et à manoeuvrer parallèlement pour délégitimer celle qui tient son mandat démocratique de direction de sa propre organisation? Se rendent-ils compte qu'à ne pas vouloir s'arrêter, ils entament la crédibilité du mouvement souverainiste? Le temps presse de passer aux vraies affaires!
Quelles sont-elles? D'abord nombreuses. Et au centre de chacune d'elles, la souveraineté.
Par exemple, le développement. Quel développement? Du marché sans doute, mais aussi du développement social et environnemental. Donc, du développement durable qui projetterait le Québec dans le XXIe siècle? Mais comment? Par qui? Le Plan Nord? Ou sa parfaite contradiction? Avec ou sans Kyoto? Avec ou sans le Canada? Avec Kyoto, c'est certain. Et pour y être, il faut prendre congé de la pétromonarchie canadienne. Maîtres chez nous, deuxième phase, c'est au Québec que ça doit, et va se faire. Daniel Breton a décidé de s'y mettre. Bravo!
Autre exemple, les services publics. Notamment en santé et en services sociaux. Quitter l'hospitalocentrisme pour se recentrer sur la première ligne et les services à domicile? En réorganisant et pérennisant les financements publics? Avec ou sans détour par le Canada? Le docteur Hébert s'est fait une tête là-dessus. Son apport sera inspirant dans la conception du redéploiement du dispositif et dans sa gestion. Bravo!
En éducation, maintenant. De la garderie à l'université. Le dispositif fiscal fédéral privilégie la garde privée au détriment du réseau québécois des CPE. D'autre part, les dispositifs supérieurs de recherche sont largement dépendants des structures temporaires de financement du fédéral. En faire une priorité nationale intégrée? C'est une question fondamentale pour l'avenir du Québec. Avec ou sans le Canada?
Autre exemple, le transport grande vitesse. Un TGV pour relier Québec et Montréal à Toronto et Windsor? Ou un TRENS Québec pour relier nos capitales régionales telles Gatineau, Trois-Rivières ou Rimouski à leur capitale nationale, Québec, et à leur métropole, Montréal, et tout le réseau au principal marché du Québec qu'est l'est du continent nord-américain? Avec ou sans le Canada?
Qu'en est-il de l'avenir du français au Québec? La culture? L'intégration des personnes issues de l'immigration? Réalisable avec ou sans la concurrence linguistique et identitaire du Canada?
Et l'autonomie des Premières Nations? Comment y arriver? Avec ou sans la loi d'apartheid des Indiens du Canada?
Dernier exemple, les alliances avec des nations plus prospères parce que plus égalitaires, plus solidaires et moins militaires et qui ressemblent beaucoup au Québec, à cette différence près que ces nations sont des pays? C'est impossible avec le Canada.
Qui prend les décisions?
Tous ces enjeux sont pressants. Leur actualité pose des questions très lourdes: qui prend les décisions? Pour qui et au nom de qui? Le Québec sera-t-il le dernier à les prendre et pourra-t-il les mettre en oeuvre? L'actualité de ces enjeux pose la question de la pleine liberté, de la totale autorité et de l'absolue responsabilité du peuple québécois de se gouverner comme il l'entend. Cet attribut a pour nom la souveraineté politique ou l'indépendance nationale.
Manoeuvrer plus longuement autour du leadership de Pauline Marois fait écran à l'importance et à l'urgence de porter et d'animer sur la place publique le débat sur les enjeux on ne peut plus cruciaux, immédiats et modernes du Québec. Surtout, il risque de décourager un certain nombre de personnes compétentes élues de poursuivre leur engagement et d'autres aux capacités exceptionnelles reconnues de se mettre au service des leurs.
Poursuivre cette guérilla c'est accréditer la thèse «antidémocratique» selon laquelle en démocratie, seul le ou la chef compte. Il est vrai que la nature britannique de nos institutions nous y invite. Cependant, dans le cas du projet de l'indépendance du Québec, cette thèse s'est révélée fausse. Ce ne sont pas les dirigeants charismatiques qui ont manqué, mais plutôt un mouvement social soudé à un processus politique qu'une organisation ou des organisations en alliance peuvent conduire. Les chefs servant le processus. Peut-être est-ce aussi cela, «faire de la politique autrement!»
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Gérald Larose - Président du Conseil de la souveraineté du Québec


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