Les Québécois ont «peur du succès», dit André Boisclair

Crise de leadership au PQ


Les Québécois ont «peur du succès», estime le chef du Parti québécois, André Boisclair. C'est ce qu'il a fait valoir dans un épisode de l'émission L'autre midi à la table d'à côté, à la Première Chaîne de Radio-Canada. Tous les samedis, cette émission réunit deux personnalités qui «échangent sur des sujets qui les passionnent, les inquiètent, les agacent ou les rassemblent», explique un communiqué de la société d'État.
Au cours de cette conversation, enregistrée le 28 août au restaurant Le Petit Toscan et diffusée aujourd'hui à 11h, le chef du Parti québécois discute librement avec son ami et ancien candidat péquiste (en 1994), le médecin Réjean Thomas, président de la clinique L'Actuel, spécialisée dans le traitement du sida. C'est un «vieux fond judéo-chrétien» qui conduit les Québécois à avoir peur du succès, soutient M. Boisclair. Il en veut pour preuve, entre autres, le traitement réservé sur la place publique au couple Snyder-Péladeau à la suite du succès de Star Académie. Le chef du PQ considère que ces derniers ont été attaqués personnellement de façon injuste. Il déplore qu'on ait traité de la même manière le président du Cirque du Soleil (CS), Guy Laliberté. M. Boisclair laisse entendre que le rejet du projet de Loto-Québec et du CS de déménager le Casino de Montréal au centre-ville a été une erreur.
Se référant au chroniqueur Alain Dubuc -- avec qui il dit «partager plusieurs idées» --, le chef péquiste s'en prend à «une certaine gauche», nommément Québec solidaire. Cette gauche, dit-il, est utopiste et se trompe lorsqu'elle affirme : «faisons payer les riches et taxons les entreprises». M. Boisclair affirme ceci : «La réalité, elle est triste à dire, mais c'est qu'il n'y a pas assez de riches au Québec pour assumer nos vrais problèmes. Ils paient déjà 50 % de leurs impôts.» Ainsi, croit-il, «il faut soulager le capital, il faut que le Québec devienne l'endroit au monde où le capital est le mieux accueilli possible, créant de l'emploi et donnant de la richesse aux gens». Un peu plus tard, M. Boisclair, arguant en faveur de la souveraineté, déclare : «Je vais bien plus entretenir ma maison si je suis propriétaire que locataire.» La question de l'environnement n'est abordée à aucun moment pendant l'émission.
Lorsque Réjean Thomas demande à M. Boisclair s'il est «de gauche», ce dernier répond : «Ça veut dire quoi, être de gauche ?» et note alors que le PQ, par le passé, a commis des «excès» en ce sens. Évoquant la querelle entre les philosophes Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, M. Boisclair conclut que «c'est ce dernier qui a gagné».

«Maudits journalistes»
Par ailleurs, le chef péquiste s'estime non «charismatique» et revient à plusieurs reprises sur ce qu'il appelle à un certain moment «les maudits journalistes», lesquels cherchent toujours à le pousser dans ses «derniers retranchements» et le forcent donc à dire des «mots creux». Sa difficulté avec la presse tient selon lui à un «conflit de générations» : «Parce que je suis plus jeune qu'eux [les chroniqueurs et les éditorialistes], ils s'imaginent qu'ils pourraient faire bien mieux que moi.»
M. Boisclair tente à plusieurs reprises de convaincre M. Thomas de se joindre à son équipe. Ce dernier ne refuse pas mais se dit notamment «trop sensible» pour certains aspects de la vie publique.


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