Les hôtels de ville deviendront-ils des Parlements ?

Les municipalités seraient-elles des États ?

La grande mode de la dispersion des pouvoirs de l'État québécois

Le gouvernement doit mettre sur pied un ministère de l'Aménagement et de l'urbanisme

Il n’y a pas grand monde qui le sait : la constitution canadienne, donne le pouvoir municipal (la souveraineté) aux provinces – à l’Assemblée nationale pour ce qui concerne le Québec. En ces temps de débats municipaux, on en voit - on en lit - de toutes les couleurs différentes à ce sujet. La mode a fait son œuvre ; il faut être Québécois jusqu’au bout et ne penser à l’affranchissement qu’en termes sociaux et individuels ; l’affranchissement politique n’est pas à la mode ; et on ne semble pas savoir qu’il n’y a pas de liberté possible sans un investissement et une détermination politique commune au niveau de l’État. C’est un principe politique de base.
C’est ce que les auteurs du livre «Ce peuple qui ne fut jamais souverain», ouvrage écrit par les deux Payette (Roger et Jean-François) et qui établissent clairement en le regrettant amèrement. Les Québécois seraient donc réfugiés dans le familial et le social. La politique c’est pour les grandes personnes... Je ne suis pas loin de penser comme eux.
Tout le monde, par les temps qui courent, donc, , veut faire la grande charité aux individus en donnant plus de pouvoirs aux municipalités ; parce que celles-ci seraient plus proches du commun des mortels et, par conséquent, diffuseraient le bonheur à profusion selon les préférences de chacun.
Le Devoir de cette semaine, justement, un journal qui est présumé réunir des savants en affaires politiques, ne disait-il pas, le 29 octobre dernier : «Si les grandes villes veulent récupérer une partie de l’autonomie perdue au fil du temps (?) … ils doivent unir leurs forces pour réclamer les outils dont ils ont besoin de ce gouvernement beaucoup trop proche de l’establishment syndical». J’ai relu car je n’en croyais pas mes yeux. Depuis quand Montréal est-elle un «gouvernement? C’est une administration un point c’est tout.
Les quatre candidats à la mairie de Montréal, dans le même ordre d’idées, interrogés à la télévision il y a deux jours pour faire part de leurs «visions» n’ont jamais même mentionné la nécessité pour la ville de Montréal de coordonner ses objectifs avec les objectifs communs de la Nation entière, l’État en somme, soit celui dont le siège est à Québec. Que la Nation se débrouille! Ils ont tous voulu – sauf une nuance apportée par M. Bergeron – se conduire comme s’ils étaient des États auxquels il est normal de donner les pleins pouvoirs fiscaux. Est-ce bien ce que nous voulons, nous les contribuables, laisser tomber l’organisme central, le cœur même de notre contrée
Mais réveillons nous! La saga des malversations dont les Québécois sont les témoins depuis plus d’un semestre ne montre-t-elle pas, justement, que la collusion des élus et des employés des municipalités, la spéculation sur les sols dans l’île même et en périphérie lointaine, aussi, ne sont-elles pas le résultat d’une absence de réglementation et d’intérêt pour LA POLITIQUE au niveau de l’État?
Et nous voudrions, comme bien des journalistes, comme bien des maires et leurs conseillers, démanteler l’État? Que se serait-il passé si l’État souverain avait été complètement disparu? Resterait-il des fonds dans les caisses municipales? Les édiles ne se sont-elles pas assez graissé la patte à votre goût?
Ce qu’il nous faut c’est un État central fort ; un État qui gouverne. Cela veut dire un État qui a assez d’intelligence et de volonté pour créer un ministère de l’aménagement, de l’architecture et de l’urbanisme ; lequel serait capable, avec l’appui du conseil des ministres, de mettre les meubles municipaux à la bonne place, de stopper la prévarication en faisant valoir l’importance du sol et des immeubles faisant partie du patrimoine commun.
Ces derniers temps Radio Canada invite parfois des urbanistes à discuter de l’aménagement territorial. Or ces experts prennent le parti de ne rien contester. Ils constatent beaucoup, par contre ; ils constatent que les banlieues ont leur avantage. Et on entend la simpiternelle rengaine selon laquelle la banlieue est un lieu où il fait bon élever des enfants. Et c’est vrai à certains égards… mais il est encore plus vrai qu’il est encore plus avantageux d’élever des enfants – et de vivre heureux – dans la ville de Montréal proprement dite. Il suffit de municipaliser les sols, comme M. René Lévesque l’a déjà proposé, et de construire des maisons imaginatives pour les familles.
Le gouvernement, à mon avis, gouverne très peu en ces matières. Et c’est selon moi à cause de cela que «les édiles» sont allés jouer avec la tirelire. C’est à cause de cela que le développement urbain se fait par des promoteurs, pour les promoteurs.
Le ministre de Montréal, lui, M. Jean-François Lisée, a promis de ramener en ville quelques familles. Il aura fort à faire car le ministère des Transports (des autoroutes en réalité), est puissant et que les députés de sa formation politique ne sont pas tous urbains. Nous verrons. Quoi qu’il en soit, le gouvernement actuel, s’il a un peu de détermination, maintenant que les symboles ostentatoires sont en dormance, pourrait s’attaquer, sans risquer de périr à combattre la laideur et le désordre ostentatoires de nos municipaités qui se prennent bien souvent pour l’État.


Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2013

    Je suis d'avis que si le gouvernement du Québec renonce à sa prérogative sur les municipalités qui sont des administrations et non des gouvernements, cela marquera clairement le début de la partition de l'État québécois.
    Pour moi c'est limpide, clair comme de l'eau de roche.

  • Jean-Claude Michaud Répondre

    2 novembre 2013

    Dans le cas des grandes villes, je pense que dans l'avenir, elles deviendront dans le cas de Montréal, Laval et Québec des quasis cités-États. Il y de plus en plus de monde qui vit en milieu urbain et donc les grands gouvernements devraient leur donner plus de pouvoirs surtout au niveau administratif. Montréal pourrait gérer l'entretien de ses écoles sur son territoire, le tourisme et certains programmes sociaux. C'est pour cela qu'il faut une ville transparente et éradiquer la corruption. Vivement Mélanie Joly ou M. Bergeron !!!

  • Marcel Haché Répondre

    2 novembre 2013

    « Les Québécois seraient donc réfugiés dans le familial et le social. La politique c’est pour les grandes personnes... Je ne suis pas loin de penser comme eux. »
    J. P. Bonhomme.
    Le peuple québécois n’est pas un peuple-enfant, Jean-Pierre Bonhomme. C’est un vieux peuple contrarié. Toujours contrarié par le vote monolithique du West Island. C’est ce vote anti-Québec qui est à la source de bien des blocages et qui font que notre société est une société bloquée.
    Le problème des indépendantistes n’est pas de surmonter ces blocages. Cela serait relativement facile au P.Q. de le faire s’il était aussi décidé qu’il prétend l’être. Mais en parler comme nous le faisons souvent accentue l’impression d’impuissance que Nous avons devant le phénomène.
    Le véritable problème des indépendantistes et même de ceux qui ne le sont pas, comme Le Devoir, c’est de ne jamais parler des vraies affaires qui Nous concernent. À toujours parler comme si le peuple québécois n’avait jamais subi ni ne subissait pas maintenant un vote anti-Québec, cela permet à tous nos deux de pique à gages et à micro de souhaiter toutes sortes de choses les plus ésotériques les unes que les autres, et jusqu’à agrandir la tarte des revenus des municipalités, en particulier Montréal au détriment de l’état québécois, alors pourtant que Montréal est depuis très longtemps particulièrement mal administré. C’est aussi sous-estimer la très rude concurrence menée et gagnée par Laval à l’encontre de Montréal, non pas seulement une victoire dans le déplacement des populations devenues banlieusardes, mais dans le déplacement des entreprises, qui contribuent maintenant et depuis longtemps à la bonne santé financière de cette ville.
    S’il y a une chose que le succès de la candidature de Mélanie Joly montre clairement actuellement¹, c’est que Montréal- et tout le grand Montréal- s’est effondré (durablement) sous les coups de boutoir de Toronto et Ottawa d’abord, de Laval et Québec ensuite, et qu’il est devenu politiquement ce qu’en langage militaire on appelle une ville ouverte, ville ici offerte à tous les aventuriers et aventurières politiques. On sera à même de mesurer bientôt, et ô combien cruellement, l’immense gâchis des fusions et défusions, derrière lesquelles se profile encore l’immense et impardonnable ratage de 1995. Que les acteurs de ces tristes événements viennent encore prendre la pose et donner conseil est carrément indécent.
    ¹ Justin Trudeau nous en avait déjà donné un avant-goût en défaisant le Bloc chez lui.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    1 novembre 2013

    L’article 18 de la Charte de la ville de Montréal stipule que c’est le gouvernement qui nomme le directeur du Service de police (SPVM), sur la recommandation du ministre de la Sécurité publique, qui consulte préalablement le conseil et la commission de la sécurité publique (1).
    Le sens immédiat qui se dégage de l’article 18 est a l’effet que
    -*1. : malgré toute son influence dans le processus, ce n’est pas le Maire de Montréal qui choisit personnellement le directeur du SPVM.
    -*2. : sur le simple plan minimalement protocolaire, particulièrement devant l’opinion publique, le Maire de Montréal devrait attendre l’annonce par Québec (ou se synchroniser avec Québec) avant de convoquer des conférences de presse pour annoncer « son » choix. (2)
    Le 19 août 2010, TVA titrait : « Le Maire Tremblay choisit Marc Parent » (...) « Marc Parent est le nouveau chef du Service de police de la Ville de Montréal. C’est le maire de Montréal, Gérald Tremblay, qui en a fait l’annonce officielle cet après-midi (...)
    Tout en saluant la nomination de Marc Parent, Réal Ménard, porte-parole de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville en matière de sécurité publique avait alors « critiqué la décision du maire de l'annoncer publiquement, avant qu'elle ne soit confirmée par les hautes instances. »
    En effet, ce n’est qu’à sa séance du 8 septembre 2010, soit 20 jours plus tard, que le Conseil des ministres procédait officiellement à la nomination de Marc Parent « nommé à compter du 13 septembre 2010 » (3)
    Le plus surprenant, dans cette histoire procédurale, fut la subtile prise de position du SPVM pour lequel: « la nomination au poste de directeur du Service de police de la Ville de Montréal sera confirmée après avoir été approuvée par le conseil municipal et ensuite entérinée par le gouvernement du Québec. » (analogie avec les Lois du Québec sanctionnées par le Lieutenant-gouverneur... qui n'a pas grand chose à redire sauf en cas exceptionnels)(4)
    Si on laisse une entité agir comme un État, elle le deviendra. Principe qui s’applique autant à une province qu’à une ville de l’importance de Montréal ou à son corps de police.
    Excès de sensibilité ? - Peut-être... mais apportez alors d'autres exemples!
    --------------
    (1) Charte de la Ville de Montréal : http://canlii.ca/t/68z3v
    (2) Le maire Tremblay choisit Marc Parent http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/archives/2010/08/20100819-113415.html
    (3) Nomination de Marc Parent http://www.premiere-ministre.gouv.qc.ca/actualites/communiques/details.asp?idCommunique=478
    (4) SPVM re Marc Parent (informations complémentaires) http://www1.ville.montreal.qc.ca/banque311/content/service-de-police-de-la-ville-de-montr%C3%A9al

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2013

    Pan dans le mille, Jean-Pierre. Le gouvernement du Québec, depuis 1867, a toujours regardé Montréal comme un danger potentiel, et des politiciens municipaux comme Médéric Martin et Camillien Houde l'ont compris en faisant des incursions vers Québec quand ils réalisaient combien la marge de manoeuvre était limitée rue Notre-Dame. Jean Drapeau s'en est abstenu, ce qui lui a permis de transformer son poste de maire de simple président du conseil municipal en véritable premier ministre municipal. La gabegie actuelle à l'Hôtel-de-ville serait-elle moindre si la Ville était plus souveraine? Qu'il me soit permis d'en douter. Et si par malheur nous devions nous doter d'un autre Camillien dimanche soir, ce serait populisme et tapes dans le dos pendant que les requins continueraient leur oeuvre néfastissime. L'enquête Caron fut nécessaire pour mettre le gros Houde à la retraite. Vivement un rapport Charbonneau!

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2013

    Commencons donc par Québec.
    Dépenses en immobilisations (immeubles, infrastructures, routes, ponts, viaducs, patinoire) par année, par habitant;
    Québec 2688 $
    Montreal 1188 $
    Impots;
    Montréal 3719 $
    Québec 3508 $
    Nabotleon, le maire de Québec, et les habitants de Québec sont mal placés pour donner des conseils, on va leur envoyer une cargaison de pauvres, un chargement de mamans monoparentales, une partie des quartiers de Montréal Nord.
    Ca plaise ou pas, si Montreal ne va pas bien, ainsi va le Québec.
    Et ca va pas changer Dimanche.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2013

    Ramener les familles à Montréal est une utopie, on fait tout pour les faire fuir. On permet la transformation des logements locatifs en condos, bien qu'il y a une loi de la ville centre qui le défend. Mais l'hypocrisie de l'ancien calife Iznogood Tremblay persiste. Le vieux calife a permis aux arrondissements de passer outre la loi avec des dérogations. On donne de l'argent à la mairie, combien (?) et de quelle façon (?) ça, on va l'apprendre sûrement un jour si on s'en occupe, on obtient alors un permis pour passer outre la loi. Même chose pour des stationnements souterrains, le promoteur paye pour se soustraire à la loi de la ville centre.
    Pourquoi Québec n'est jamais intervenu dans ces dérogations? Se pourrait-il que des promoteurs aient récompensés le Parti libéral pour qu'il ne se mêle pas des dérogations? On ne le sait pas. Mais ce que l'on sait, c'est que la transformation des logements locatifs en condos fait augmenter la valeur des immeubles et le montant des taxes. Les arrondisssements agissent comme des hypocrites, on ne peut pas faire fuir les familles et dire qu'on favorise l'établissement des familles dans Montréal.
    Tous les maires et mairesses d'arrondissements mentent et préfèrent le cash aux familles. Tous les partis sans exception aiment cette source de revenus (dérogations) louche.
    P.S. un condo amène aussi une taxe de bienvenue et des taxes scolaires. Une ville comme Montréal, c'est presqu'un État dans l'État par son poids économique.