Les entreprises sociales, une force réelle pour le Québec

17. Actualité archives 2007


L'entrepreneuriat social est une force réelle dans l'économie globale du Québec et du Canada. Selon un sondage SOM, il y a au Québec 414 100 personnes, et 1,8 million au Canada, qui répondent aux critères de l'entrepreneur social. Il s'agit en somme d'une force vive déterminante pour les collectivités, particulièrement dans les provinces les moins riches que sont le Québec et les Maritimes.
Selon ce sondage mené auprès de 6416 répondants adultes de 18 ans et plus au Canada et 4906 au Québec, 6,3 % font partie des entrepreneurs sociaux au Canada et 7,3 % dans le cas du Québec. Ces entrepreneurs sociaux peuvent se retrouver dans des institutions établies, ou dans des organisations bénévoles ou communautaires qui dans certains cas sont en démarrage. En fait, 50,9 % des entreprises concernées sont des organismes à but non lucratif, 14,6 % sont des organisations de charité, 16 % des entreprises sont à propriété unique ou multiple et seulement 2,7 % sont des coopératives. Les entrepreneurs sociaux eux-mêmes font un travail bénévole dans 64,2 % des cas, 31,5 % sont des salariés et 3,2 % ont un salaire peu élevé. Par ailleurs, 36,4 % d'entre eux consacrent moins de 10 heures à leurs activités d'entrepreneuriat social, souvent comme membre d'un conseil d'administration, mais il y en a 26,2 d'entre eux travaillent de 30 à 50 heures par semaine dans une entreprise sociale. Les personnes âgées de 45 à 64 ans sont celles qui sont le plus impliquées dans les entreprises sociales, soit plus de 16 %. Par ailleurs, 41,3 % des employeurs sociaux ont de 1 à 10 employés, 11,1 % en ont entre 10 et 20 et 16,7 % emploient plus de 20 personnes. Enfin, 33,5 % des organismes sociaux ne reçoivent aucune subvention directe des gouvernements et 17,2 % dépendent presque exclusivement de fonds publics.
Cette masse de statistiques, explique Nathaly Riverin, du Centre de vigie et recherche sur la culture entrepreneuriale, constitue en somme un premier débroussaillage dans un univers sur lequel on s'est somme toute peu penché de façon méthodique, même si l'entrepreneuriat social existe depuis au moins un siècle. Nancy Neamtan, p.-d.g. du Chantier de l'économie sociale et solidaire souligne qu'il y a aujourd'hui au Québec 6500 entreprises collectives, en excluant les grandes coopératives agricoles et financières, qui représentent plus de 4 % du produit intérieur brut et un chiffre d'affaires annuel de 4,3 milliards. Mme Neamtan constate que l'économie sociale fait désormais partie intégrante de diverses stratégies de développement sur le plan local et régional. Selon elle, un nouveau paradigme fait en sorte qu'on ne peut plus trancher au couteau les frontières entre l'entrepreneurship classique et l'entrepreneuriat social.
Au demeurant, ajoute Régis Labeaume, p.-d.g. de la Fondation de l'entrepreneurship, la plupart des entrepreneurs privés sont de nos jours impliqués d'une manière ou de l'autre dans l'entreprenariat social. Il y a notamment 900 entrepreneurs qui font bénévolement du mentorat auprès de jeunes entrepreneurs dans quelques 2000 entreprises. Le taux de survie d'une entreprise n'est normalement que de 32 % après cinq ans, alors qu'avec l'accompagnement d'un mentor, le taux de survie augmente à 70 %.
On parlera beaucoup d'économie sociale la semaine prochaine alors qu'aura lieu à Montréal un Sommet qui réunira 600 personnes de toutes les régions pour faire le point 10 ans après la création du Chantier de l'économie sociale à la suite d'un grand sommet sur l'économie et l'emploi qui avait été convoqué par le premier ministre Lucien Bouchard. Claude Béland avait été chargé de présider un comité sur l'économie sociale, ce qui était une nouveauté dans les grands débats politico-économiques. Aujourd'hui porte-parole de la Saison de l'économie sociale et solidaire, M. Béland constate que toute cette démarche a été reconnue par l'État.
Néanmoins, toujours attentif aux courants qui touchent la société québécoise, M. Béland fait le diagnostic suivant: «Le Québec se cherche actuellement, les gens aussi. Le Québec n'est pas en panne, mais je ne suis pas sûr qu'il sait où il va». M. Béland dit recevoir de nombreuses invitations pour participer à des réunions. Le Sommet de l'économie sociale et solidaire qui aura lieu la semaine prochaine sera sans doute l'occasion de donner une nouvelle impulsion au Chantier présidé par Mme Neamtan et de contribuer ainsi à une réflexion plus large pour l'ensemble de la société.


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