Quel réconfort et quelle émotion que ces nombreuses réactions à ma chronique de samedi « Maudite langue française » !
Je crois bien que c’est la première fois que je reviens sur la publication d’une de mes chroniques. En fait, je me rends compte de l’isolement dans lequel je me croyais dans ce combat pour la langue, que je mène depuis que, grâce à ma mère, j’ai fréquenté à quatre ans l’école de diction de madame Audet à qui le Québec devrait enfin rendre une reconnaissance nationale.
Vous avez été si nombreux à témoigner de votre propre attachement à la langue. Pourquoi donc nous sentons-nous aussi isolés dans ce combat ? J’ai même reçu des témoignages de jeunes qui ont aussi le sentiment de ne pouvoir partager cette passion de s’exprimer oralement ou par écrit dans une langue belle, souple et nuancée.
Corvée
On fait de l’apprentissage du français une corvée alors que sa maîtrise est une des grandes sources de bonheur dans une vie. Pourquoi les défenseurs de la qualité de la langue sont-ils perçus en quelque sorte comme des ennemis du « peuple » ou comme des nostalgiques qui rêvent de retourner au temps des élites, qui nous auraient trahis en nous instruisant ?
J’ai aussi trouvé beaucoup d’agressivité dans une proportion non négligeable de commentaires. Des lecteurs réfèrent au français comme d’un ennemi à combattre. « J’parle comme j’parle. J’écri (sic) comme j’écri (sic), pis je gagne dans les six chiffre (sic) », a commenté un énergumène fier de sa réussite financière.
Les amants de la langue vieillissent, ne nous le cachons pas. Sont-ils responsables d’avoir si peu de disciples ? Et si les défenseurs du français n’étaient pas plus nombreux proportionnellement qu’ils l’étaient avant la démocratisation scolaire ? Quel sera notre avenir si nous ne sommes pas capables de le nommer en bon français ?