Le sommet de la francophonie se déroule cette fin de semaine en Tunisie. Le président Emmanuel Macron, et les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault seront présents.
Le président français n’a pas le choix d’y être. La France assume 75 % des dépenses de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le Canada y contribue pour 20 % et le Québec, pour 2 %.
Le premier ministre Legault parlera essentiellement d’économie plutôt que d’éducation et de la place du français dans le monde. Justin Trudeau restera muet sur le refus du Canada d’octroyer des permis d’étude à un très grand nombre d’étudiants africains francophones acceptés dans nos cégeps et nos universités alors que les étudiants africains de la langue anglaise sont acceptés par le Canada chaque année à hauteur de 75 %.
Entre 2015 et 2019, c’est Michaëlle Jean qui dirigeait l’OIF. Elle n’avait aucun complexe à dépenser de façon somptuaire et elle a entaché en quelque sorte l’image de l’organisation. Elle avait succédé à Abdou Diouf, l’ex-président du Sénégal, qui, lui, a su imposer à l’OIF rigueur et prestige avec l’aide de Clément Duhaime, son numéro deux, ex-délégué du Québec en France et un des plus grands diplomates que le Québec ait comptés.
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Anglicisation
L’OIF, créée au départ pour réunir des pays francophones, a accepté en son sein des pays africains où l’anglais domine. Notre confrère Christian Rioux du Devoir, présent à ce sommet de Tunis, a constaté le recul du français en Tunisie au profit de l’anglais. D’ailleurs, le Rwanda, pays d’origine de la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, et le Gabon ont adhéré au Commonwealth britannique dans les dernières années.
Ne faudrait-il pas que l’OIF retrouve sa mission première qui est de promouvoir la langue française et sa culture désormais diversifiée ? L’anglicisation à laquelle on assiste dans les pays africains ou au Liban, par exemple, où les jeunes générations ont abandonné le français pour l’anglais, annonce un avenir plus qu’incertain. C’est pourquoi les plus optimistes parlent de la nécessité de refonder la francophonie.
Le Canada est loin d’être un pays bilingue malgré ses deux langues officielles. Et la situation au Québec n’est guère plus reluisante. La diminution constante de locuteurs francophones est due à sa réalité démographique.
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Fin du bilinguisme
Le premier ministre Legault persiste et signe par son refus d’obliger les francophones à poursuivre en français leurs études collégiales. Et que dire du Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue au pays ? Son premier ministre anglophone ne parle pas le français. De même que le lieutenant gouverneur, nommé par Justin Trudeau. Les Acadiens, ce peuple fier et vibrant, continuent de parler français, mais pour combien de temps encore ?
Certains diront que l’on n’arrête pas le progrès. Mais ne sommes-nous pas conscients que ce recul masque notre propre dépossession linguistique ?
Les Québécois, qui continuent de se battre pour cette francophonie qui se délite, regardent avec un quasi-effroi l’anglicisation de la France, qui souhaite tout bêtement être à la pointe du courant actuel pour éviter d’être « ringarde ». Cette France complexée, dépossédée de son âme et détestée par des communautés diverses qui refusent de s’intégrer sur son territoire risque de nous abandonner à nos combats d’arrière-garde. Nous restons ainsi les derniers résistants encore actifs contre l’assimilation à la novlangue in English, qui nous laisse sans voix.