Productivité

Legault veut revoir les valeurs au Québec

Un peuple de paresseux ?



Lévis – François Legault « persiste et signe » dans sa critique des valeurs des jeunes et leur méfiance face à la notion de productivité. Le chef caquiste, qui leur a reproché lundi de trop aimer « la belle vie », va plus loin : « Ce n’est pas un blâme à l’égard des jeunes. C’est un blâme à l’égard des valeurs que nous, comme parents, on transmet à nos jeunes. Faut davantage transmettre à nos jeunes des valeurs d’effort et de dépassement de soi. » C’est ce qu’il a déclaré ce matin à Lévis, en marge de l’annonce d’un crédit d’impôt pour favoriser l’accès à la propriété de la classe moyenne.
M. Legault a confié son admiration pour les immigrants qui « font des efforts pour que leurs enfants aillent dans les meilleures écoles, étudient, réussissent à l’école ». Il dit envier les faibles taux de décrochage dans le système finlandais (environ 1 %, selon lui), mais aussi dans le réseau des écoles juives au Québec (où le taux est même inférieur à 1 %, selon ses dires). Sur les Québécois d’origine asiatique, il a eu ce commentaire : « Si vous avez des enfants, ils vont vous le dire, [les Asiatiques sont] toujours les premiers de classe. J’ai un de mes fils qui m’a dit : “Oui, mais ils n’ont pas de vie.” Il y a peut-être un extrême d’un côté, mais nous, on est peut-être un peu, dans certains cas, à l’autre extrême. »
Préjugés
Jean Charest et Pauline Marois ont tous deux pourfendu François Legault pour ses propos. Le chef libéral Jean Charest l’a accusé de faire preuve de préjugés, notamment lorsque le chef caquiste affirme que les jeunes Québécois ne pensent qu’à faire la « belle vie », mais aussi lorsqu’il soutient que les jeunes Asiatiques devraient être cités en exemple.
Se disant « étonné » des propos de François Legault, le chef libéral a plutôt vanté l’ardeur des Québécois et la qualité de leur travail : « Les Québécois, c’est un peuple travaillant, nous sommes travaillants. On fait de très belles choses. Et les jeunes le sont également. »
Tout en évitant d’accuser le chef caquiste de faire preuve de préjugés, Jean Charest a soutenu que ce n’est pas la première fois que François Legault tient de tels propos. L’automne dernier, a rappelé le chef libéral, M. Legault déclarait que les cégeps étaient « une maudite belle place pour apprendre à fumer de la drogue ».
Jean Charest soutient qu’il rencontre chaque année, à Davos, des dirigeants de grandes entreprises étrangères implantées au Québec qui vantent les mérites de la main-d’oeuvre québécoise.
En octobre 2005, Jean Charest avait été enchanté par le Manifeste des lucides, défendu entre autres par Lucien Bouchard : « Ils font des constats que nous, on répète depuis plusieurs, plusieurs années », avait-il déclaré. Aujourd’hui, il se dit en désaccord avec l’ancien premier ministre péquiste, lequel avait affirmé en 2006 que les Québécois ne travaillaient pas assez.
De son côté, Pauline Marois a indiqué être en total désaccord avec les propos de M. Legault. « Je suis en contact avec la jeunesse, et je n’ai pas ce point de vue là, au contraire. J’ai profondément confiance dans la jeunesse québécoise, qui a montré ce printemps qu’elle est capable d’exprimer son point de vue et de défendre des orientations auxquelles elle croit. Quand je vois des jeunes, dans toutes les sphères d’activité, qui réussissent par leur talent et leur intelligence, ça ne m’inquiète pas pour la suite des choses. »
Sur son blogue dans le site de L’actualité, le candidat péquiste dans Rosemont, Jean-François Lisée, a répliqué au chef caquiste en citant des données sur le travail et l’éducation. M. Lisée souligne que le taux d’emploi des 15-24 ans au Québec est « nettement plus élevé au Canada (donc au Québec) que dans tous les pays asiatiques ». Il souligne qu’aux tests PISA de l’OCDE, qui comparent les compétences des jeunes de l’école secondaire, notamment en sciences et en mathématiques, le Québec talonne les pays asiatiques.

Les vrais débats
En fin de journée, mardi, M. Legault a reproché à ses adversaires d’avoir peur de faire les « vrais débats ». « On a un problème. […] Ça ne donne rien de prendre le problème et le mettre en dessous du tapis ! »
Le chef caquiste a soutenu qu’il était primordial de rappeler qu’actuellement, il y a 20 % de décrochage au Québec et 30 % chez les garçons. Inculquer aux enfants des valeurs de « dépassement de soi, d’effort, […] valoriser l’éducation […], c’est la responsabilité de tout le monde », a-t-il insisté. « C’est la responsabilité d’abord des politiciens. Là-dessus, je trouve que M. Charest et Mme Marois ne sont pas responsables ».
Cette valorisation de l’éducation, a affirmé M. Legault, était « une des raisons principales » pour lesquelles il était revenu en politique. Lui-même, a-t-il déclaré, est un produit d’un foyer où l’éducation était « sacrée ». « C’est grâce à l’éducation que, [issu] d’un milieu populaire, […] j’ai pu faire ma place dans le monde des affaires et ensuite en politique. Donc, pour moi, ça restera toujours sacré et ça me fait de la peine de voir par exemple dans certains milieux moins favorisés, comme dans le comté de Rousseau, des taux [avoisinant] 50 % de décrochage chez les garçons. C’est inacceptable aujourd’hui. Et ça, c’est la responsabilité de toute la société. Et c’est une question de valeurs. »

Dividende de l’intégrité
En soirée à Lévis, François Legault a repris son discours sur la revalorisation de « l’éducation et de l’effort » lors d’un rare rassemblement de la CAQ auquel 300 militants ont participé. Il a soutenu qu’un gouvernement caquiste offrirait aux Québécois « le dividende de l’intégrité » ; 1000 $ à chaque famille de la classe moyenne, laquelle allait être le « vrai patron » de son gouvernement. Enfin, il a lancé un « appel spécial » aux libéraux et aux péquistes, les invitant à se joindre à la CAQ. « C’est pas gênant ! On vient tous de différents partis. Ça n’existait pas, la Coalition avenir Québec. […] On est tous unis ensemble avec un objectif : avoir la meilleure équipe et faire un virage qui va marquer l’histoire et qui va permettre de retrouver notre confiance et notre fierté. » Vantant la région de Québec, il a soutenu que c’était là que l’envie de faire le ménage, devenue un « raz-de-marée », était née.


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