Le retard de productivité plombe le niveau de vie des Québécois

Ce bilan sur la productivité au Québec depuis 1981 a été publié à l'occasion de l'inauguration du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

Un peuple de paresseux ?

Hugo Fontaine - (Montréal) Le retard de productivité du Québec l'empêche d'améliorer son sort en le maintenant en queue de peloton des économies industrialisées quant au niveau de vie de ses habitants.
Une nouvelle étude de HEC Montréal, publiée ce matin, montre que la faiblesse récurrente de la productivité québécoise plombe son économie et son niveau de vie, qu'on compare le Québec à l'Ontario, le Canada, les États-Unis, ou les autres pays industrialisés.
«Les Québécois, en choisissant de moins participer au marché du travail ou d'y participer avec moins d'intensité, acceptent implicitement un niveau de vie plus faible», peut-on lire dans l'étude.
De 1981 à 2008, le produit intérieur brut (PIB) du Québec a grimpé de 73 %, soit beaucoup moins que le Canada dans son ensemble (105%) ou que les États-Unis (120%).
En 1981, chaque Ontarien pouvait compter annuellement sur près de 5000 $ de plus qu'un Québécois (PIB par habitant). Aujourd'hui, il dispose de 6500 $ de plus que son voisin.
Ce dernier écart s'explique à plus de 60 % par la productivité (PIB/heures travaillées) et l'intensité (heures travaillées par emploi) du travail des Québécois. En 1981, pourtant, l'écart s'expliquait presque entièrement par le taux d'emploi, la productivité du travail étant même légèrement supérieure au Québec.
Aujourd'hui, la productivité est responsable de 35 % de l'écart Québec-Ontario. Ce changement majeur, sur une période de 30 ans, trouve surtout sa source dans le secteur des services, et particulièrement dans commerce de gros et le transport.
L'intensité du travail explique quant à elle 27 % de l'écart entre les deux plus grandes provinces du pays. Actuellement, le travailleur québécois travaille 73 heures de moins par année que le travailleur ontarien. C'est l'équivalent d'environ deux semaines de travail.
Peu importe la comparaison
La productivité et l'intensité jouent un rôle encore plus important dans l'écart entre le niveau de vie du Québec et du Canada dans son ensemble. Elles expliquent respectivement 58 % et 18 % de l'écart.
Quant à la disparité entre le niveau de vie québécois et le niveau de vie américain, elle s'effacerait complètement si la productivité et l'intensité étaient semblables dans les deux économies.
«Ces résultats démontrent que le Québec devra inévitablement redresser sa performance en matière de productivité du travail s'il veut combler son retard économique par rapport à ses voisins immédiats», écrivent les auteurs de l'étude.
Le Québec ne peut pas se consoler en se comparant avec les autres pays industrialisés. Face à la performance de 20 pays membres de l'OCDE, le Québec occupe l'avant-dernier rang quant à la croissance annuelle de la productivité (1981-2008). Seule la Suisse lui permet d'éviter la cave.
Pour la productivité dans la seule année 2008, le Québec occupe le 20e rang sur 32 économies comparées. Pour chaque heure travaillée, le travailleur québécois apporte 47,23 $ au PIB national, contre 50,22 $ pour la moyenne de l'OCDE et 57,85 $ pour la moyenne du G7.
Nouveau centre de recherche
Ce bilan sur la productivité au Québec depuis 1981 a été publié à l'occasion de l'inauguration du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.
L'étude est un diagnostic de la situation de la productivité au Québec, mais le directeur du nouveau centre, Robert Gagné, dit espérer que des prochaines recherches permettront d'élaborer des solutions ou des recommandations.
Plus tôt cette semaine, la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a insisté sur l'urgence d'hausser la productivité québécoise afin de maintenir potentiel de croissance économique.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé